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Charles M’BA : « Nous avons besoin des fonds pour développer notre pays »

(Leconomie.info) - Depuis 2011, le Gabon a fait du marché des Valeurs du Trésor, la principale source de financements de son économie avec près de 6 462 milliards de FCFA déjà levés à date. En 2024, ce pays d’Afrique Centrale ambitionne de lever 854 milliards de FCFA, soit 424 milliards en BTA, et 430 milliards en OTA. Pour y parvenir, le pays a lancé une opération de charme auprès des investisseurs de la sous-région. Le ministre des Comptes Publics qui porte ce projet était face aux investisseurs le 28 mars dernier à Douala. L’Économie est allé à sa rencontre…

Quelle stratégie l’État gabonais a mis en place pour intéresser les potentiels investisseurs ?

La stratégie pour séduire les investisseurs est simple. Elle repose en partie sur l’antériorité. C’est-à-dire que vous observerez que sur les 10 années passées au cours desquelles le Gabon a levé plus de 6500 milliards de FCFA, nous n’avons jamais été en défaut. Donc nous sommes crédibles. L’autre stratégie est de dire que nous avons engagé une politique qui repose sur la transparence. Cela veut dire que nous voulons établir, ou rétablir encore plus de confiance que par le passé. La stratégie est véritablement celle-là, c’est de dire que pour lever les fonds massivement à des conditions qui soient satisfaisantes, il faut que les investisseurs aient confiance. Et ils auront confiance quand ils sauront que nous payons nos dettes. C’est ce que nous faisons depuis le 30 août 2023. Nous veillons qu’elles soient payées, nous agissons en toute transparence pour que chacun voit bien que les fonds que nous levons, vont bien aux objets que nous avons indiqués.

Quels sont les avantages économiques que le Gabon a en levant les fonds dans le marché sous-régional ?

Je dois préciser que nous nous sommes plutôt orientés vers ce marché, parce que quand vous faites la comparaison avec l’eurobond, vous vous rendez compte que nos engagements ici sont d’un rapport de 1 à 15. Ça veut dire que nous avons confiance ici. Nous levons plus ici, puisqu’en eurobond, nous sommes dans l’ordre de 400 milliards de FCFA, quand nous sommes à 6500 milliards de FCFA pour les marchés qui sont concernés ici. Un des intérêts est simple. Nous voulons plutôt participer à l’animation de l’activité dans notre région. La deuxième chose est que nous avons une monnaie commune. Vous comprenez bien que la question de change est écartée. Voilà quelques intérêts simples et basiques qui font que nous voulons développer la levée de fonds sur nos marchés régionaux.

Vous voulez lever 850 milliards FCFA. Est-ce que la conjoncture économique actuelle vous rassure ?

Je pourrais vous répondre un peu par l’absurde. Est-ce que vous voudriez nous dire que vous comprenez le choix entre faire et ne pas faire ? Naturellement, il nous faut faire, quelles que soient les conditions. Ce sur quoi je voudrais particulièrement insister est : la confiance et le crédit. Malgré le contexte difficile, quand on a confiance en vous, et que vous avez du crédit, les investisseurs trouvent les meilleures conditions à offrir. Et d’ailleurs, quand vous regardez sur les 10 dernières années, le Gabon a repoussé quelquefois, des offres qui lui paraissaient particulièrement couteuses. Donc nous n’avons pas le choix entre faire et ne pas faire. Nous avons besoin de faire pour construire, pour rattraper. Nous le ferons dans les conditions les plus satisfaisantes possibles. C’est pour cela que nous nous attelons à présenter nous-mêmes aux investisseurs des conditions de loyauté, de transparence… Par ailleurs, le fait d’intervenir ici (en zone Cemac, Ndlr), ne devrait pas nous empêcher d’envisager de faire autrement. Nous avons besoin d’argent pour développer notre pays. Nous privilégions la région (Cemac, Ndlr.) pour les raisons que j’ai indiquées plus haut, mais le plus important pour nous est de trouver les moyens pour construire les équipements, pour la croissance et l’amélioration des conditions de vie de nos populations.

Une fois les fonds collectés, quels seront les secteurs d’investissement prioritaires ?  

Les priorités sont simples. Si vous regardez l’annexe de notre loi des finances, vous verrez que nous avons indiqué ce que nous voulons faire avec cet argent. Il s’agit essentiellement de faire un rattrapage d’investissement et d’équipements parce que nous considérons que notre pays manque de routes, de ponts, d’écoles, d’universités… C’est la destination des fonds que nous voulons lever auprès des investisseurs. Autrement dit, mettre en œuvre, les projets que nous avons retenus et pour lesquels, comme je l’ai rappelé tout à l’heure, nous nous sommes assurés que les études existaient, et par conséquent, que les conditions étaient réunies pour que ces projets soient réalisés.

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