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Minresi :
 Les chercheurs se plaignent du non-paiement de la prime trimestrielle

  Selon le  syndicat national des chercheurs du secteur public (Synac), 80% d’entre eux  utilisent leur salaire pour financer leurs innovations .  Ils viennent  d’envoyer une lettre ouverte à Paul Biya, président de la République.

Les chercheurs du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi) comptent  manifester pacifiquement leur mécontentement à partir du 30 juin 2022. Et pour cause, ces derniers constatent le non-respect d’un certain nombre de résolutions de la part du gouvernement suite à la suspension de leur préavis de grève du 5 novembre 2021. « Nous sommes convenus d’un délai de six mois pour que des solutions durables soient apportés à nos revendications. Notamment la non-discrimination  entre les chercheurs  des instituts de recherche et ceux des instituts universitaires  par l’octroi des primes trimestrielles de modernisation de la recherche. Nous sommes convenus également pour la même période, de la révision du décret n°80/275 du 18 juillet 1980 portant statut des chercheurs (statut vieux de 42 ans et contenant de nombreux vides juridiques » relate le communiqué  du Synac qui annonce la grève si rien n’est fait.

Le document renseigne aussi qu’il était prévu des réunions mensuelles de suivi-évaluation tripartite  (Mintss-Minresi-Synac). Mais jusqu’ici, aucune réunion mensuelle n’a été convoquée par le gouvernement déplore le Synac.

Lettre au président de la République

Face aux multiples difficultés,  le syndicat national des chercheurs du secteur public (Synac) a décidé d’adressé une lettre ouverte à Paul Biya, président de la République. Dans le document que  l’Economie a eu l’occasion de consulté, il plaide pour le paiement de la prime de modernisation de la recherche aux chercheurs du Minresi. « Le non-paiement de la prime de modernisation de la recherche aux chercheurs du Minresi, est une discrimination légalement interdite. Bien plus, cette situation fragilise la confiance légitime que le chercheur devrait avoir envers l’État. Cette discrimination est d’autant plus criarde que le chercheur du Minresi exerce ses missions de recherche dans une précarité déconcertante » peut-on lire dans la lettre adressée par le Synac au président de la République.

L’on apprend qu’au lieu que le chercheur du Minresi bénéficie de la prime trimestrielle pour la modernisation de la recherche, attribuée actuellement aux Enseignants du Minesup, il est contraint de financer, avec son salaire  «  déjà insuffisant pour prendre en charge sa famille , les activités de recherche qui entrent pourtant dans le patrimoine de l’État » « Comment, dans ces conditions de précarité, le chercheur camerounais pourrait-il livrer une compétition, avec des chances égales, sur le même terrain d’innovation/développement avec ses collègues du Minesup ou encore, avec les chercheurs des pays du Nord qui allouent des budgets conséquents à leurs Chercheurs ? Comment remporter des compétions internationales qui sont, par ailleurs, des plateformes de captation des financements de la recherche ? » s’interroge le Synac.

Financer la recherche à la hauteur des enjeux de développement 

« Le Minresi doit se rendre nettement plus attrayant pour les Chercheurs et favoriser la mise en place des conditions nécessaires pour des carrières plus durables et pour une recherche scientifique plus compétitive. La recherche camerounaise et surtout la politique de financement de la recherche ne doit plus être la risée du monde entier : Nous voulons qu’on nous mette dans les conditions à même de nous permettre de libérer tout notre potentiel d’innovation.

Notre politique de financement de la recherche doit être plus responsable et à la hauteur des enjeux de développement afin de lui permettre de réaliser la plénitude de sa fonction économique. Il serait juste d’apporter des solutions durables à cette absence de financement de la recherche et surtout à cette discrimination entre chercheurs du Minesup et ceux du Minresi, en octroyant, à partir de cette année 2022, les primes de modernisation de la recherche aux chercheurs des Instituts de recherche du Minresi.

D’ailleurs dans sa correspondance n° 20-07320/L-MINESUP/CAB/IGS/IS1 du 08 septembre 2020, le Ministre d’État, Ministre de l’Enseignement Supérieur (Jacques Fame Ndongo Ndlr), a marqué son soutien pour « un double Statut d’Enseignant-Chercheur et de Chercheur-Enseignant » dans le but d’harmoniser le statut des Chercheurs des Instituts Universitaires et ceux des Instituts de recherche.

Une étude faite et publiée dans notre mémorandum du 25 novembre 2020, démontre que nous pouvons déjà atteindre une croissance à deux chiffres juste grâce au financement de la recherche, comme le prévoient les normes internationales.

La dépense estimative que pourrait engendrer l’octroi de cette prime de modernisation de la recherche au personnel Chercheur du MINRESI (effectif de 1 150 Chercheurs environ) est de 2,5 milliards de Fcfa par an.

Ce montant montre que cette prime ne peut nullement constituer une source de déséquilibre budgétaire mais, au contraire, un appui à la création de biens et services pour alimenter notre écosystème des affaires et renforcer véritablement la politique d’industrialisation du Cameroun. On ne peut s’industrialiser qu’à travers la détention des titres de propriété industrielle (encore appelés brevets).

Excellence Monsieur le Président de la République,

Nous pensons que les industriels ne s’inventent pas, ils existent à travers l’exploitation des innovations et inventions commercialisables. Dans ce sens, c’est la recherche qui crée et développe les industries. Le brevet, qui est un actif scientifique, constitue, à l’image de ce qu’est la levure pour le pain, un stimulant du développement économique. Il a un effet d’entraînement capital sur la croissance économique car, permettant de donner du tonus au tissu industriel d’un pays. Le brevet représente d’abord un titre de propriété industrielle et de ce fait, constitue le socle même de la politique d’industrialisation de tout pays. Le Chercheur est, par conséquent, la pierre angulaire de toute politique de développement industriel.

Dans sa fonction d’ouvrier des politiques de recherche, le Chercheur détient, dans la Stratégie nationale de développement (SND30), les secteurs clés identifiés comme chantiers industriels. Sa fonction d’entrepreneur scientifique lui impose d’orienter la qualité de ses travaux scientifiques dans le sens de l’obtention des brevets d’invention dans les domaines industriels déjà identifiés par l’État.

Une simple simulation nous démontre qu’avec une moyenne d’âge de service comprise entre 15 et 20 ans, si nous capitalisons un brevet par Chercheur, l’État pourrait avoir au moins 400 brevets pendant cette période. En fait, on pourrait donc avoir une moyenne de 20 à 25 brevets par an en capitalisant uniquement le 1/3 de l’effectif actuel du personnel Chercheur du Minresi »

Extrait de la lettre ouverte des chercheurs du Minresi  au Président de la République

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