(leconomie.info)- Après de longues années d’étude dans les universités et autres écoles de formations professionnelles, ils peinent à intégrer la fonction publique et même les entreprises privées.
Le chômage des diplômés de l’enseignement supérieur au Cameroun ne cesse de s’accroître. La situation est même tellement devenue préoccupante que bon nombres de jeunes ne trouvent plus la nécessité d’aller à l’université. Christelle M est médecin dentiste. Depuis qu’elle a obtenu son diplôme à l’Université des Montagnes à Bagangte, elle n’a pas encore pu s’insérer.
« J’ai fini ma formation en 2021. Pour le moment je suis à la maison. Même un stage de perfectionnement je n’ai pas pu avoir. Dans la plupart des cabinets dentaires où je suis passée, on m’a fait savoir qu’il n’y avait pas d’affluence et par conséquent qu’on n’avait pas besoin des dentistes » relate Christelle, la mine triste. Aujourd’hui elle songe déjà à laisser le métier de ses rêves pour faire une autre formation.
« Toute petite, je rêvais d’être dentiste et mes parents se sont sacrifiés pour ma formation. Je n’ai pas de moyens financiers pour me mettre à mon compte. Si d’ici le mois d’avril je n’ai pas toujours trouvé un emploi ou un stage dans mon domaine, je vais me lancer dans une formation en couture. Au moins là je sais qu’après je peux me battre » renchérit Christelle.
Julio F, Ingénieur de génie civil, diplômé de l’Ecole nationale supérieur des Travaux publics depuis bientôt 3 ans affirme qu’il n’a pas pu intégrer une entreprise de Bâtiment et travaux publics (BTP). « J’ai déjà déposé mes dossiers dans plusieurs entreprises à Yaoundé, Douala et Bafoussam mais on ne m’a jamais appelé. Pour le moment je me bats dans les chantiers comme manœuvre ou comme technicien parfois en espérant un jour intégrer une entreprise » souligne Julio F. Pour ne citer que l’exemple de ces derniers, ils sont nombreux les jeunes, qui après avoir fini leurs formations n’arrivent pas à s’insérer.
Recrutement à tête chercheuse
« Le problème de l’insertion des jeunes diplômés n’est pas la compétence. Au pays les recrutements se font à tête chercheuse. C’est ce qu’on appelle recrutement via le réseau. Il y a des entreprises publiques par exemples où les recrutements se font tout le temps sans que le grand public ne soit informé. Dans un tel contexte, le chômage des diplômés va encore croître » souligne Remy Olomo, membre de la société civile.
Le gouvernement au regard des difficultés d’insertion des jeunes diplômés les encourage à entreprendre. Plusieurs programmes ont été mis sur pied à cet effet en vue de les accompagner. Sauf que là aussi, les dirigeants de ces programmes sont la plupart du temps accusés, d’octroyer des financements à leurs proches.
Aussi, de nombreux jeunes initient des projets qui ne prospèrent pas toujours. « L’entrepreneuriat est un long chemin semé d’obstacles. En entrepreneuriat, les problèmes surviennent rapidement et les surmonter peut être difficile. J’ai envie de dire que l’entrepreneuriat n’a jamais été quelque chose de facile, il faut donc posséder un mindset de vainqueur pour s’y lancer et ensuite réussir » souligne Sorel Mouafo, PCA du Réseau pour l’accompagnement des produits et entrepreneurs camerounais (Rapec).
« Il est vrai que la conjoncture actuelle au Cameroun semble être un élément de découragement et les jeunes seraient tentés de voir ailleurs (sectes, grand banditisme, trafic de stupéfiants etc…) mais je pense que cette conjoncture devrait être perçue comme une opportunité de créer de la richesse, de la valeur, une opportunité de trouver des solutions aux problèmes de la société. La nouvelle loi des finances qui donne la part belle au Made In Cameroon et donc à l’entrepreneuriat jeune qui doit être capitalisée » renchérit Sorel Mouafo. Aujourd’hui plus que hier, la question de l’emploi jeune mérite une attention particulière.