Economie verte

Des fuites colossales de méthane d’origine industriel détectées depuis l’espace

En tant que deuxième gaz à effet de serre, le méthane est très surveillé. Récemment, l’instrument de surveillance atmosphérique Tropomi a permis d’observer d’immenses fuites de méthane équivalant à 20 millions de véhicules circulant pendant un an.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), en 2020, les niveaux de gaz à effet de serre dans notre atmosphère ont atteint un nouveau record. Le taux d’augmentation annuel a été supérieur à la moyenne de la période 2011-2020. Et la tendance semble vouloir se poursuivre en 2021. Continuant ainsi d’alimenter un réchauffement climatique à l’origine de plus en plus d’événements météorologiques extrêmes et d’autres graves conséquences pour la vie sur notre Terre. Pour éviter le pire, il faut dès maintenant se fixer des objectifs de neutralité carbone. Et les tenir ! © OMM 

Carte montrant la localisation des principaux gazoducs et les principales sources d’émission de méthane liées à l’industrie pétrolière et gazière. © Kayrros Inc., Esri, HERE, Garmin, FAO, NOAA, USGS, OpenStreetMap contributors, and the GIS User Community 

Lancé en 2018, l’instrument de surveillance troposphérique Tropomi à bord de la mission satellite ESA Sentinel 5-P a permis d’évaluer les émissions avec une résolution spatiale plus élevée. Ce nouvel ensemble de données unique sur le globe a été publié récemment par une équipe de recherche internationale, guidée par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) associé à la société Kayrros. 

Détection d’immenses rejets de CH4 par satellite

Ils ont ainsi observé 1.800 panaches de méthane dans le monde sur deux ans (2019-2020), dont une grande partie d’entre eux se situent majoritairement au-dessus de la Russie, puis du Turkménistan, des États-Unis, du Moyen-Orient et de l’Algérie. Les scientifiques estiment que ces « fuites » ont un impact climatique équivalant à 20 millions de véhicules circulant pendant un an et correspondent à 10 % des émissions dans ce secteur. De plus, ce sont des estimations minimales car le satellite n’est capable de détecter que les panaches les plus gros (plus de 25 tonnes de méthane par heure). 

L’instrument de surveillance troposphérique Tropomi est à bord de la mission satellite ESA Sentinel 5-P. Il est le premier instrument à cartographier quotidiennement la teneur globale en méthane à haute résolution. © ESA, ATG medialab 

Cette étude montre aussi que les deux tiers de ces rejets massifs correspondent aux installations de production pétrolière et gazière alors que les émetteurs du charbon, de l’agriculture et de la gestion des déchets ne participent que faiblement (33 %) au total des détections.

Les réparations feront-elles perdre de l’argent ? Au contraire !

Pour finir, cette étude a évalué les dépenses nécessaires pour colmater ces immenses fuites de méthane sur la base de plusieurs groupes : l’Agence internationale de l’énergie, l’Agence américaine de protection de l’environnement et l’Institut international d’Analyse des systèmes appliqués. Bien qu’on pourrait penser le contraire, il s’avère que limiter ces rejets serait un avantage économique pour les pays concernés. 

Les rejets massifs de méthane sont détectés systématiquement au-dessus de certains sites d’extraction du pétrole et du gaz. © Eric Kounce, Wikipédia, DP 

En comptant les multiples impacts du CH4 sur le climat, notre santé, la productivité du travail, les rendements des cultures…, l’évaluation mondiale du méthane attribue une valeur de 4.400 USD par tonne de CH4 (environ 4.000 euros). En tenant compte de ces impacts, les avantages s’estiment à environ 6 milliards de dollars pour le Turkménistan, 4 milliards de dollars pour la Russie, 1,6 milliard de dollars pour les États-Unis, 1,2 milliard de dollars pour l’Iran et finalement à quelque 400 millions de dollars pour le Kazakhstan et pour l’Algérie.

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