Le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) s’est renu ce weekend à Malabo, en Guinée Equatoriale, sous la présidence de Ivan Becale Ebe Molina, ministre des Finances, de la planification et du développement économique de la République de Guinée Equatoriale. Au cours de cette rencontre, le Comité ministériel de l’UMAC s’est penché sur le recrutement des Agents d’encadrement supérieur (AES) de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) lancé en 2022. En effet, suite aux nombreuses réclamations en raison de divers manquements relevés, en matière d’organisation, d’infrastructures et de logistique le Comité ministériel de l’Umac) avait instruit l’arrêt du processus de recrutement. Objectif, examiner les conditions d’organisation du concours et la crédibilité des résultats.
« Après avoir pris connaissance des conclusions du rapport d’audit établi par le Cabinet RSM France, le Comité ministériel a décidé de l’annulation du concours de recrutement des Agents d’encadrement supérieur de la Beac lancé en 2022 afin de préserver la crédibilité et l’image de l’institut d’émission » souligne le communiqué ayant sanctionné les assises. Le Comité ministériel de l’UMAC a invité le gouvernement de la Beac à organiser un nouveau concours dans les meilleurs délais et « dans le respect des exigences de transparences requises ». L’annulation de ce recrutement est un coup dur pour les 66 lauréats. Beaucoup d’entre eux ont démissionné de leurs postes antérieurs.
Quelques irrégularités constatées
Le Cabinet RSM France a remis son rapport à la Beac il y a peu. Le document consulté par l’Economie confirme de nombreuses irrégularités déjà exprimées dans le processus de recrutement des Agents d’encadrement supérieur. « Plusieurs anomalies ont été relevées dès la phase de présélection des candidatures : « Des candidats inéligibles, notamment en raison de leur âge ou de leur expérience insuffisante, ont été admis en dépit des critères strictement définis par l’avis du concours, de nombreuses non-conformités ont été constatées concernant la validité et l’adéquation avec l’exigence des postes, certains candidats ont bénéficié d’une validation de leurs documents d’identités ou des diplômes non conformes. Ces constats révèlent des failles dans le filtrage initial des candidatures, compromettant ainsi la rigueur du processus » souligne le Cabinet RSM France.
Il souligne qu’à Yaoundé par exemple, les retards dans le lancement des épreuves ont été extrêmes, allant jusqu’à 2h du matin pour la finalisation des travaux, compromettant l’équité entre les candidats. « Des erreurs graves ont été constatés dans la distribution des sujets, notamment en langue espagnol au lieu du français ou de l’anglais pour certaines spécialités. Un problème d’électricité a affecté plusieurs salles, obligeant les candidats à être déplacés, ce qui a perturbé leur concentration et rallongé les délais. L’absence des représentants d’AfricSearch, (cabinet retenu pour organiser le concours Ndlr) dans plusieurs salles a entraîné un déséquilibre dans la supervision et le respect des protocoles. Des erreurs de correction et de totalisation des notes ont été relevées » renchérit le Cabinet pour ce qui est du centre d’examen de Yaoundé. Des irrégularités constatées dans les autres centres sont aussi énumérés dans le rapport d’audit.
RSM France relève aussi que le cabinet AfricSearch a été choisie à l’issue d’un processus de sélection peu rigoureux. Contrairement aux règles du « Code des marchés de la BEAC », il n’y a pas eu d’appel à candidatures ouvert, et seules deux offres ont été examinées. L’analyse montre que la procédure a clairement favorisé AfricSearch, sans justification objective par rapport à son concurrent APAVE. Le rapport d’audit rendu, l’on attend la suite qui sera réservé à ce concours par le Comité Ministériel de l’UMAC.