Le Cameroun maintient une présence active sur le marché financier régional. A fin 2024, l’enveloppe de sa dette émise sur le marché des titres publics de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) s’élève à 1 572,45 milliards de FCFA, selon les données du Rapport annuel 2024, de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).
Ce montant place le Cameroun au troisième rang des pays les plus endettés de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale sur le marché des titres publiques, derrière le Gabon (2 623,41 milliards de FCFA) et la Guinée équatoriale (1 702,85 milliards FCFA). Ils sont suivis par le Tchad (947,83 milliards de FCFA), la République Centrafricaine (310,26 milliards de FCFA), le Congo (280,47 milliards de FCFA).
Cette dette résulte principalement des émissions régulières de Bons du Trésor assimilables (BTA) et d’Obligations du Trésor assimilables (OTA), qui permettent au gouvernement de mobiliser des financements à court et moyen termes auprès des investisseurs de la sous-région. Cette stratégie d’endettement s’inscrit dans un contexte marqué par la pression sur les recettes publiques, le déficit budgétaire persistant et la nécessité de financer les projets d’investissements publics.
La dette du Cameroun sur le marché des titres publics de la Cemac reflète à la fois une stratégie de financement pragmatique et les défis d’un équilibre budgétaire encore fragile. La prudence dans la gestion de cet endettement reste cruciale pour préserver la confiance des marchés et garantir la stabilité à moyen terme.
Quelles implications ?
Même si ce marché reste une source importante et moins risquée de financement, le niveau atteint pourrait illustrer une stratégie de financement pragmatique, mais soulève également des enjeux majeurs. Il s’agit premièrement de la soutenabilité car, un endettement excessif peut à terme compromettre la stabilité macroéconomique. Deuxièmement des charges d’intérêts qui pèsent sur les dépenses courantes. Troisièmement la discipline budgétaire qui devient essentielle pour limiter les tensions futures.
Il convient de souligner qu’à l’échelle communautaire, l’encours total de la dette sur le marché des valeurs du Trésor a atteint 7 437,3 milliards de FCFA au cours de la période sous-revue, traduisant une dépendance croissante des États à ce mécanisme pour financer leurs déficits.
Rappelons que le marché des titres publics désigne un espace financier où les États émettent et vendent des titres de dette pour emprunter de l’argent auprès des investisseurs.
Zoom sur les remboursements
En 2024, les Trésors publics des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont honoré un volume important de remboursements sur le marché des titres publics. Selon l’institution financière sous régionale, les titres émis par les Trésors publics et arrivés à échéance en 2024 ont régulièrement été remboursés par les Etats.
Les titres les plus remboursés ont été les Bons du Trésor Assimilables (BTA), généralement à court terme, tandis que les Obligations du Trésor Assimilables (OTA), à plus long terme, ont connu une progression continue, illustrant un glissement vers un profil d’endettement plus étalé.
Dans le détail, le montant global des remboursements par les Trésors publics au cours de l’année 2024 s’élève à 3 579,2 milliards de FCFA, répartis à hauteur de 2 470,8 milliards de FCFA pour les BTA et 1 108,3 milliards de FCFA pour les OTA. Ces remboursements se sont globalement situés en hausse par rapport au montant enregistré l’année dernière, chiffré à 2 795,9 milliards de FCFA, dont 1 973,3 milliards de FCFA pour les BTA et 822 milliards de FCFA d’OTA.
Cette performance traduit la volonté des États de la sous-région de respecter leurs engagements vis-à-vis des investisseurs, dans un contexte marqué par la montée de l’endettement public et la hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers. Le Cameroun, le Gabon et le Tchad figurent parmi les principaux contributeurs, en raison de leur recours soutenu aux émissions de titres publics pour financer leurs besoins budgétaires.