(Miche Josée Ekila) – L’un des principaux problèmes auquel est confronté le Cameroun est sa faible capacité à mobiliser des recettes suffisantes afin de répondre aux demandes croissantes de prestation de services et d’investissement dans le capital physique sans avoir recours à l’aide extérieure au développement. De plus, la faible mobilisation des recettes fiscales freine le développement du pays notamment dans l’atteinte des objectifs de développement durable.
En effet, la mauvaise performance en termes de mobilisation des recettes fiscales contraste avec l’abondance des ressources naturelles qui caractérise le Cameroun. Cette incapacité peut s’expliquer par la mauvaise gouvernance notamment la corruption impliquant le phénomène de mal gérance. Plusieurs classements de l’ONG « Transparency International » montrent que les pays riches en ressources naturelles souffrent de graves problèmes institutionnels. Notamment la corruption, les confits associés à la faible efficacité des bureaucraties, l’égalité de traitement devant la loi et l’équité dans le partage des richesses. Aussi le manque de transparence ne favorise pas la traçabilité des recettes, ce qui implique une mauvaise gouvernance.
Cependant, la littérature suggère que les pays dépendants des ressources naturelles ont tendance à avoir des performances économiques inférieures à celles des pays pauvres en ressources naturelles. C’est ce qu’on appelle communément la malédiction des ressources naturelles. Comment expliquer qu’un pays riche en ressources ne dispose pas de ressources budgétaires suffisantes ?
D’où l’adhésion de certains pays comme le Cameroun à l’initiative pour la transparence des industries extractive (ITIE). Cette initiative joue un rôle médiateur dans l’amélioration de la performance de la mobilisation des recettes fiscales à travers la transparence.
L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a été créée en 2002 en tant que norme mondiale destinée à garantir la transparence financière et à améliorer la gouvernance dans les industries extractives. Plus précisément, l’ITIE devrait aider les pays à lutter contre la corruption et à atteindre certains objectifs de développement, notamment une croissance économique durable qui contribue au développement et à la réduction de la pauvreté.
Avant son adhésion à l’ITIE, nous avons constaté la forte existence d’une malédiction des ressources naturelles à travers les résultats non seulement négatifs issus des revenus des ressources naturelles mais également non transparent. Nous avons ensuite constaté que l’adhésion du Cameroun à l’ITIE a fait bouger les lignes dans un sens positif. Les faits montrent que le secteur extractif a généré pour l’État camerounais, des revenus budgétaires de 842,371 milliards FCFA pour l’année 2014, 688,473 milliards FCFA pour l’année 2015 ; 500,12 milliards de FCFA en 2016 ; 441,97 milliards de FCFA en 2017 ; 763,95 milliards de FCFA En 2018 ; 908,28 milliards de FCFA en 2019 ; 663,05 milliards de FCFA 2020 ; 776,09 milliards de FCFA au titre de l’exercice 2021.
Au demeurant, l’adhésion à l’ITIE est associée à une amélioration de la mobilisation des recettes fiscales. Bien que cette amélioration s’avère faible à causes des facteurs comme la survenue de la Covid-19 et bien d’autres ; l’adhésion à l’ITIE ne compense que partiellement les effets négatifs. Il est à noter qu’elle n’est pas une solution miracle pour éliminer le phénomène de la malédiction des ressources naturelles. Cependant, suite à une suspension en 2023, le statut de membre du Cameroun pourrait être remis en question, étant donné son retard dans la présentation de son rapport annuel 2022.
Eviter la radiation
Le Cameroun est déjà suspendu de l’ITIE depuis mars 2024. Si le pays ne présente pas son rapport 2022, il risque une radiation. Une radiation remettrait en question la réputation du Cameroun sur le plan international. Ce qui impliquerait un découragement des investisseurs étrangers et même locaux relatifs à la non transparence, et au non respects des règles entrainant un ralentissement et une stagnation de l’activité économique du pays.
In fine, Cette initiative joue un rôle important dans l’amélioration de la gouvernance du secteur extractif au Cameroun, notamment dans le cadre des efforts pour l’amélioration de la transparence dans le secteur extractif.
Miche Josée Ekila,
Economiste en Histoire, Institution et Développement