Que retenir globalement du rapport sur l’état des lieux des systèmes de paiement instantané inclusifs en Afrique 2023 qui a été présenté le 8 novembre 2023 en Ethiopie ?
Merci beaucoup pour l’opportunité que vous nous donnez de parler du rapport sur l’état des lieux des systèmes de paiement instantané en Afrique. Pour ceux qui ne le savent pas, ce rapport est premier en son genre dont l’objectif est vraiment de faire l’état des lieux des systèmes de paiement instantané en Afrique, d’évaluer aussi l’inclusivité de ces systèmes de paiement et de faire des recommandations aux différents acteurs sur les leviers sur lesquels nous pouvons tous travailler pour accélérer l’inclusion financière en Afrique. Le rapport 2023 qui est à sa deuxième édition fait ressortir plusieurs changements. Le premier est que l’écosystème des systèmes de paiement instantané est vraiment dynamique en Afrique.
En 2022, on avait 29 systèmes de paiement instantané qui étaient actifs et en 2023, nous sommes à 32 systèmes actifs. Sur ces 32 systèmes, il y a ceux qui sont nationaux (29) et trois sont régionaux. Notamment EthSwitch en Ethiopie, PayShap en Afrique du Sud et MarocPay au Maroc.
Vous soulignez qu’il y a plus de 400 millions d’adultes africains qui sont exclus financièrement en Afrique. Qu’est ce qui fait problème ?
Les problèmes sont diverses. Premièrement, il faut déjà avoir accès à l’infrastructure. La première barrière c’est l’outil (un téléphone. Le plus basique qu’il soit permet de faire les transactions instantanées), puis la connectivité. Le deuxième niveau de barrière c’est de pouvoir s’enregistrer pour un compte de service financier mobile. Vous savez, il faut une identification pour pouvoir s’enregistrer et il faut pouvoir accéder à un porte-monnaie électronique. Il y a un troisième niveau de barrière qui est vraiment l’utilité. Si vous avez un porte-monnaie mobile et que tout ce que vous pouvez faire c’est de recevoir et d’envoyer de l’argent, c’est limité dans son utilité.
Mais si ce porte-monnaie vous permet de faire toutes les transactions que vous auriez fait avec le cash mais avec l’avantage de pouvoir gagner du temps, de pouvoir dépasser les barrières physiques, des distances et de pouvoir aménager tous vos besoins financiers à travers un outil aussi basique que le téléphone, imaginez-vous ! Votre banque est dans votre poche.
Quelles sont les actions que vous menez pour améliorer l’inclusion financière en Afrique ?
Je pense qu’il faut davantage faire un travail de fond avec tous les différents acteurs. Au niveau d’AfricaNenda, nous sommes une équipe de 18 personnes, experts en inclusion financière, en paiement numérique, en systèmes de paiement. Nous travaillons essentiellement avec les banques centrales, les agences gouvernementales, les associations du secteur privé et les autres acteurs de développement. Parce que comme on le dit chez nous, il faut tout un village pour élever l’enfant.
Nous intervenons à notre niveau en fournissant l’expertise technique pour voir à quel niveau les pays sont dans le développement de leur système de paiement, nous évaluons l’inclusivité du système et nous faisons des recommandations sur les leviers sur lesquels nous pouvons travailler avec les acteurs. Nous faisons aussi beaucoup de renforcement de capacité et nous mettons à disposition l’information, d’où la nécessité de ce rapport sur l’état des lieux des systèmes de paiement instantané en Afrique.
Quel rôle les fintechs doivent jouer dans le processus ?
Pour nous à AfricaNenda, l’inclusivité des systèmes de paiement c’est de pouvoir offrir des systèmes qui sont accessibles à tous quel que soit le type d’outil (téléphone) et qui puissent nous permettre de faire des transactions où que nous soyons, à n’importe quel moment et partout en Afrique. Et les fintechs ont l’opportunité de pouvoir offrir des services additionnels et de pouvoir s’assurer que ses services répondent aux besoins des clients. Notre travail c’est aussi de nous rassurer que le cadre règlementaire permet aux fintechs de pouvoir développer ces services et que les acteurs bancaires et non bancaires peuvent collaborer et mettre le client au centre du développement du numérique pour une transformation digitale qui ne laisse personne de côté.
Propos recueillis par Hervé Fopa Fogang à Addis-Abeba