L’ANTIC veut positionner le Cameroun comme leader continental en matière de cybersécurité. le 8 décembre dernier, le Directeur Général de l’ANTIC, Ebot Ebot Enaw, n’a pas seulement célébré la sécurisation du domaine national ; il a dévoilé une feuille de route rigoureuse basée sur les standards DNSSEC et RPKI, visant à positionner la nation comme un modèle de résilience numérique.

L’événement, qui a réuni des partenaires internationaux de l’ICANN et d’AFRINIC, ainsi que les principaux acteurs de l’écosystème numérique national, a mis en lumière l’importance du DNS (Domain Name System), l’annuaire universel de l’Internet, dans un contexte où plus de 8 millions de Camerounais sont connectés.

Le 8 avril 2025, le Cameroun a acté la signature cryptographique de sa zone nationale «.cm» grâce à l’implémentation de l’extension de sécurité Domain Name System Security Extensions (DNSSEC). « Cette signature DNSSEC de la zone « .cm » n’est pas qu’un accomplissement technique, elle constitue un acte de souveraineté numérique qui garantit à tous les utilisateurs camerounais et internationaux que lorsqu’ils accèdent à un site web en « .cm », ils peuvent avoir confiance dans l’authenticité de cette destination numérique », affirme le DG de l’ANTIC.

Cette avancée technique vise à contrer les attaques de détournement de DNS. Cependant, le DG a tenu à tempérer l’enthousiasme, soulignant que ce n’est qu’une première étape : « signer la zone « .cm » n’est qu’une étape. La sécurité DNS ne peut être effective que si l’ensemble de la chaîne de confiance fonctionne. »

L’urgence de la validation et l’intégration du RPKI

Le principal défi réside désormais dans la validation DNSSEC côté résolveurs, principalement gérés par les opérateurs et fournisseurs d’accès Internet (FAI). Le DG a partagé des statistiques révélant une réalité nationale contrastée. Alors que la moyenne de validation DNSSEC au Cameroun est de 56,60 %, ce chiffre cache d’importantes disparités.

Il a notamment cité le cas d’Orange Cameroun avec « seulement 02,75% de taux de validation DNSSEC » et la majorité des autres acteurs à « pour l’instant à 0% », insistant : « C’est là que réside le défi majeur pour nos opérateurs aujourd’hui. »

Pour consolider cette stratégie, les discussions du Forum ont été élargies à la sécurité du routage Internet via la RPKI (Resource Public Key Infrastructure). Le RPKI est un cadre essentiel pour valider les annonces de routage BGP et prévenir le détournement de routes, un problème global où seulement 27 % des réseaux mondiaux valident activement les annonces BGP.

Face à ces enjeux, l’ANTIC a défini deux objectifs quantifiables et ambitieux pour le premier semestre 2026, visant à positionner le Cameroun au-dessus des moyennes mondiales et continentales. Comme objectifs, « atteindre 98% de validation DNSSEC pour tous les opérateurs de télécommunications et FAI, et réaliser 100% d’implémentation RPKI pour tous les opérateurs camerounais ».

Ces objectifs s’appuient sur trois piliers fondamentaux : la souveraineté numérique nationale, la conformité aux standards internationaux, et la protection effective des citoyens contre les menaces.

Le Directeur Général a conclu son propos en lançant un appel solennel aux participants, les exhortant à transformer cette ambition en réalité opérationnelle : « faites du Cameroun le leader africain de la sécurité DNS et BGP. Nous en avons les capacités techniques, nous en avons la volonté politique, nous en avons maintenant l’infrastructure de base avec notre zone «.cm» sécurisée. »

L’issue de ces trois jours d’échanges techniques doit permettre d’établir une feuille de route concrète et détaillée pour que le Cameroun devienne, d’ici à 2026, une référence incontournable en matière de sécurité et de confiance numérique sur le continent.

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