Entre 2019 et 2023, le nombre d’Etablissements de Microfinances (EMF) en activité dans la sous-région Afrique centrale a considérablement diminué. Il est passé de 627 en 2019 à 521 établissements au 31 décembre 2023, soit une baisse globale de 106 établissements, qui représente environ 17% du nombre total d’EMF en 2019. Ces données ont été révélées dans un récent rapport de la banque d’affaires indépendante, Africa Bright Sécurities, qui fait une analyse sectorielle la banque et la microfinance en zone Cemac.
La situation est attribuée à la récession économique enregistrée au niveau mondial en 2020, conséquence de la crise sanitaire de la Covid-19, et à la baisse des activités économiques enregistrée en 2021 au niveau mondial. Ces deux années ont particulièrement eu un impact néfaste sur la situation bilancielle de nombreux agents économiques, dont les microfinances, dans la sous-région Cemac.
Selon Africa Bright Sécurities, le Cameroun et le Tchad sont les pays ayant été le plus impactés au cours de la période étudiée, avec une baisse respectivement de 71 et 53 établissements. Cependant, les deux années suivantes, on a observé une légère augmentation du nombre d’établissements de microfinance (+33).
Au 31 décembre 2023, le secteur de la microfinance de la Cemac comptait 521 établissements agréés et en activité, avec plus de 3,5 millions de comptes clients et plus de 2 500 points de services (agences, succursales…). Comparé à l’UEMOA, le nombre d’établissements de microfinance est sensiblement le même (environ 540 établissements à fin 2023), mais le nombre de clients gérés (comptes) est plus élevé en Uemoa par rapport à la zone Cemac, avec plus de 18 millions de comptes clients et plus de 4 700 points de services. « Rapporté à la population, le nombre d’établissements de microfinance en zone CEMAC serait plus élevé qu’en zone UEMOA avec respectivement environ 8,2 et 3,7 établissements pour un million d’habitants », peut-on lire dans le rapport.
Le Cameroun leader de la microfinance en zone Cemac
Le Cameroun, première économie de la sous-région en termes de richesse créée (PIB) et de population, concentre la majorité des établissements de microfinance de la Cemac avec 384 entités, représentant environ 74% du nombre total d’établissements.
Le Tchad constitue le second marché du secteur de la microfinance en termes de nombre, avec 59 établissements en 2023. Le Congo, le Gabon et la Centrafrique suivent avec respectivement 46, 18 et 12 établissements de microfinance. La Guinée-Equatoriale ne présente que deux (02) établissements de microfinance « à cause du développement tardif des initiatives d’inclusion financière. Le développement limité de l’inclusion financière en Guinée Équatoriale se reflète dans le petit nombre d’établissements de microfinance, qui ne s’élève qu’à deux (02) », indique la banque d’affaires.
« Comme dans d’autres pays de la sous-région, notamment le Cameroun, le nombre d’établissements de microfinance a considérablement diminué depuis le début des années 2000. Cette contraction résulte principalement du renforcement du cadre réglementaire, de déficiences en matière de gouvernance et d’organisation interne, ainsi que du contexte macroéconomique et politique marqué par des chocs exogènes, tels que l’instabilité sécuritaire et la volatilité des cours des matières premières, notamment le pétrole », souligne Africa Bright Sécurities.