La banque d’affaires indépendante, Africa Bright Sécurities a publié en avril 2025, son rapport d’analyse sectorielle la banque et la microfinance pour le compte de l’année 2023. Le document de 60 pages contient des chiffres révélateurs sur le taux de bancarisation dans la sous-région Cemac.
Selon le rapport consulté en exclusivité par L’Economie, au 31 décembre 2023, le système bancaire de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) comptait 54 banques agréées par le régulateur et en activité, avec plus de 4,7 millions de comptes bancaires ouverts et plus de 730 points de service (agences et GAB/DAB).
Le taux de bancarisation strict de la zone s’est ainsi établi à plus de 14% avec une densité d’environ 1,2 agence pour 100 000 habitants. En comparaison, le secteur bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) affiche une structure plus avancée avec près de 22,67 millions de comptes bancaires domiciliés dans environ 136 banques et plus de 8 400 points de service. Il présente ainsi un taux de bancarisation strict d’environ 26% et une densité de 5,9 agences pour 100 000 habitants.
« Une analyse croisée permet de mettre en avant le fait que la structure du secteur bancaire en zone Cemac reste peu développée par rapport à l’Uemoa, dans la mesure où on trouve plus de banques pour un (01) million de personnes bancarisées en zone Cemac (11,1) par rapport à la zone Uemoa (6,0) ou encore par rapport aux marchés des pays émergents tels que l’Afrique du Sud, le Maroc, et le Brésil (dont le ratio reste inférieur à 5,0). Cette situation qui suggère ainsi, un niveau de pénétration du secteur bancaire pas assez optimal en zone Cemac, est principalement due au faible niveau de développement aussi bien du réseau bancaire que du taux de bancarisation de la zone Cemac », explique Africa Bright Sécurities dans son rapport.
Le Cameroun leader en zone Cemac
En raison de sa position économique et démographique dans la sous-région Cemac, le Cameroun est le marché possédant le plus grand nombre d’établissements bancaires. A fin 2023, il comptait 18 banques agréées et opérant sur l’ensemble du territoire, soit environ le tiers du nombre total de banques de la sous-région. « Cette position du marché camerounais s’explique par une économie diversifiée et une population importante, offrant ainsi un environnement favorable pour le développement des acteurs du marché bancaire », justifie le rapport.
À la suite du Cameroun, on retrouve le Tchad et le Congo avec 10 établissements bancaires chacun, suivi du Gabon avec 7, de la Guinée-Equatoriale (05) et de la République Centrafricaine (04). « Le Gabon et la Guinée-Equatoriale, présentent les taux de bancarisation les plus élevés de la zone (plus de 30%) grâce à un faible niveau (nombre) de leur population. Ils présentent aussi les densités de réseau d’agences les plus élevé avec un ratio supérieur à 3,0 agences pour 100 000 habitants », lit-on.
Les marchés présentant le plus faible niveau aussi bien en termes de taux de bancarisation et de densité du réseau d’agences, sont le Tchad et la République Centrafricaine (RCA). De nombreux éléments peuvent être avancés pour justifier le faible niveau de pénétration des banques dans ces pays, à l’instar des conflits armés (avec notamment boko haram) ou encore l’instabilité de la situation politique.