Dans son adresse à la nation le 31 décembre 2024, le président Paul Biya a annoncé un programme ambitieux concernant la contractualisation de 9 944 personnels de santé sur les 5 prochaines années. Cette décision s’inscrit dans un contexte où les défis de la santé publique sont à la fois pressants et complexes.
« Dans la perspective d’améliorer les performances du secteur, j’ai décidé de la contractualisation de 9 mille 944 personnels de santé, sur une période de cinq ans. Ce recrutement spécial contribuera sans doute à la réduction du chômage des jeunes diplômés dans le secteur de la santé, en même temps qu’il facilitera substantiellement la prise en charge des malades », a déclaré Paul Biya.
Cette contractualisation, qui se traduira par le recrutement d’environ 1 988 professionnels par an, selon les autorités, vise à réduire le taux de chômage parmi les jeunes diplômés du secteur de la santé. Elle permettra non seulement d’améliorer les opportunités d’emploi, mais également à renforcer la prise en charge médicale dans le pays.
« Nous allons poursuivre les efforts visant à améliorer l’offre des soins, en renforçant le plateau technique des hôpitaux et en densifiant la carte sanitaire. C’est le sens de la récente mise en service des Centres Hospitaliers Régionaux de Ngaoundéré et de Bertoua », a indiqué le président de la République.
Une santé publique en souffrance
La décision du chef de l’État survient à un moment où le système de santé camerounais est en proie à de graves difficultés. Les hôpitaux publics ne sont pas seulement malades sur le plan structurel, mais souffrent également d’un déséquilibre économique exacerbé par la crise des salaires. Depuis plusieurs mois, le personnel de santé exprime son mécontentement par des grèves régulières, plaidant pour un traitement juste et des conditions de travail améliorées..
Depuis mars 2023, plus de 27.000 employés des hôpitaux publics sont mobilisés, autour de l’Organisation syndicale des travailleurs de la santé pour dénoncer « l’exploitation de plus de 27 000 temporaires travaillent sans salaire ni protection sociale ; le non-paiement des avancements et autre avantages au salaire du personnel ; le non reversement des personnels de santé relevant du Code du travail à la Fonction publique, ceci après plus de 10 ans de service », indiquent-ils. Les retards de salaire et l’absence de paiements réguliers ont particulièrement fragilisé la confiance des professionnels de santé envers leurs employeurs, qu’est l’Etat.
Des promesses sans résultats ?
Face à cette crise, le gouvernement a initié la mise en place d’un comité interministériel adhoc. Ce dernier est chargé « d’examiner les revendications formulées par les personnels de santé et de faire les propositions de mesures concrètes à prendre pour leur prise en charge ». Plus d’un an après, c’est silence radio. Ce qui fait croire à certain que l’annonce faite par le chef de l’Etat le 31 décembre 2024 relative à de nouveaux recrutements dans ce secteur d’activité est « une simple mesure de communication ».