AfricaNenda Foundation, en partenariat avec la Banque mondiale et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (« CEA ») a présenté le 13 novembre 2025 en Eswatini, la 4ème édition de son rapport sur l’état des lieux des systèmes de paiement instantané inclusifs en Afrique. Le document consulté par l’Economie souligne que 36 systèmes de paiement instantané (SPI) sont désormais opérationnels dans 31 pays africains, dont cinq ont été lancés entre juillet 2024 et juin 2025.

Il s’agit notamment du Switch mobile (Algérie), de l’Eswatini Payment Switch (EPS), du LyPay (Lybie), du Salon Pement Swich (Sierra Leone), et de Somalia Instant Payment System (SIPS). L’adoption des SPI en Afrique enregistre une croissance solide qui s’illustre par la hausse continue des volumes et des valeurs de transactions. 

AfricaNenda Foundation souligne qu’entre 2020 et 2024 par exemple, le volume total des transactions a progressé à un taux de croissance annuel moyen de 35% culminant à plus de 64 milliards d’opérations en 2024, représentant près de 2 000 milliards d’USD, confirmant ainsi la transition accélérée du Continent vers la finance numérique.

 Selon les statistiques, les SPI d’argent mobile continuent de traiter la plus grande part des volumes de transactions, tandis que les SPI Bancaires sont ceux qui ont enregistré la croissance la plus rapide entre 2023 et 2024 (50%). Au cours de ces dernières années, la valeur totale des transactions a continué de croître, avec un taux de croissance annuel moyen de 26%, passant de 775,5 milliards de dollars en 2020 à 1 980,62 milliards de dollars en 2024. « Les SPI Bancaires ont tiré cette croissance avec une hausse de de 28% de la valeur des transactions entre 2023 et 2024, suivi des SPI multisectoriels (+9%) et des SPI d’argent mobile (+7%). Les paiements instantanés inclusifs transforment la manière dont les Africains interagissent sur le plan économique. Les conclusions du Rapport SIIPS 2025 font état de progrès tangibles : davantage de pays adoptent des systèmes de paiement instantané, et un nombre croissant de personnes ont désormais accès à des services financiers numériques qui soutiennent les moyens de subsistance, le commerce et la croissance sur tout le Continent » a déclaré Robert Ochola, Président directeur général d’AfricaNenda Foundation.  

Pour sa part, Sabine F. Mensah, Directrice générale adjointe d’AfricaNenda Foundation affirme que le rapport SIIPS 2025 démontre que la dynamique africaine en faveur des paiements instantanés inclusifs est réelle et s’accélère. « Chaque nouveau système, chaque amélioration nous rapproche d’un continent où des paiements abordables et fluides sont accessibles à tous, indépendamment de sa situation géographique ou de ses revenus. Le rapport de cette année n’est pas seulement le reflet des progrès accomplis, mais aussi un appel à l’action pour combler les écarts d’inclusion qui subsistent encore » précise Sabine F. Mensah.

Des freins entretiennent la préférence pour les paiements en espèce

Selon AfricaNenda Foundation, les paiements numériques redessinent le paysage économique Africain en ouvrant la voie à une inclusion financière plus large et à une participation accrue à la vie économique.  Cependant, malgré les avancées enregistrées jusqu’ici, « l’adoption des paiements numériques par les utilisateurs finaux demeure inégale ».

Plusieurs raisons expliquent cette situation : l’insuffisance d’infrastructures de paiement instantané modernes, inclusives et interopérables, capables non seulement de garantir un accès aux paiement numériques, mais aussi d’inciter les acteurs du marché à simplifier la procédure d’intégration, à fluidifier l’expérience client et à renforcer la sécurité face aux risques de fraude.    

En effet, entre 50 % et 75 % des utilisateurs privilégiant encore les paiements en argent liquide invoquent le risque de fraude comme principal frein à l’adoption des paiements numériques. Le rapport d’AfricaNenda souligne que la réponse à ces préoccupations sera cruciale pour garantir des paiements numériques sûrs et accessibles à tous.

« Pour que les paiements numériques profitent à tous, l’inclusion doit être une démarche délibérée. Les données du Rapport SIIPS 2025 apportent aux décideurs publics et régulateurs les éléments factuels nécessaires pour concevoir des écosystèmes au service des segments de population marginalisés en Afrique : les femmes, les jeunes, le secteur informel et les communautés rurales dans leur ensemble » souligne Mactar Seck, Responsable de la section Innovation et technologie de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Le rapport sur les SIIPS a pour objectifs d’informer les acteurs publics et privés, en Afrique comme à l’international, sur les évolutions des systèmes de paiements instantanés sur le Continent.

Hervé Fopa Fogang, envoyé spécial en Ezulwini, Eswatini

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