En janvier 2025, l’Etat a décidé d’exercer son droit de préemption sur l’opération de vente des actifs de la filiale locale de Société Générale. Quelles étaient les motivations stratégiques derrière cette démarche ?

Société Générale, c’est une très belle aventure. Pour des raisons stratégiques, elle a décidé de se retirer du marché. Deux choses sont possibles. La première c’est qu’on laisse Société Générale vendre ses actions à qui elle veut, ce qui est d’ailleurs son droit le plus absolu, puisque ce sont ses actions (C’est d’ailleurs ce que AES avait fait lorsqu’elle partait du Cameroun, en vendant ses actions à Actis). Et je crois d’ailleurs que Société Générale avait fait des diligences dans ce sens pour retrouver un repreneur et un prix.

La deuxième option, c’était que le gouvernement exerce son droit de préemption. C’est-à-dire que comme le disent les statuts, « si un actionnaire veut se retirer, il revient d’abord aux autres de marquer leur désir ou non d’acheter les actions. C’est bien ce que le gouvernement a fait. Le gouvernement le fait généralement parce qu’il veut contrôler la suite des évènements. Donc, le chef de l’Etat nous a permis d’exercer le droit de préemption. Nous l’avons fait, et Société Générale a accepté. Nous avons conduit le processus jusqu’à la signature du contrat ce jour.

Quels sont les objectifs du gouvernement en montant au capital de Société Générale Cameroun ?  

Nous avons déjà un très bon rapport avec Société Générale, qui a assisté, et qui continue d’ailleurs de nous assister dans beaucoup d’opérations, notamment des levées de fonds pour nos projets de développement. C’est une banque qui est très importante. Et le dernier classement des banques montre qu’elle est à la deuxième place au niveau national. Quand vous avez un acteur aussi important dans votre écosystème financier, vous voulez savoir ce qui s’y passe.

Vous voyez, quelqu’un peut arriver, détenant une majorité des actions, et mène une politique particulière qui peut ne pas être forcément celle qui est voulu par le gouvernement. C’est pourquoi ce dernier voulait maîtriser la suite des événements. L’objectif du gouvernement c’est de continuer à avoir une banque forte, bien gérée, et qui finance nos projets de développement, en allant vers des options qui sont celles du chef de l’Etat, à savoir, financer non seulement les grosses entreprises, mais aussi les Petites et moyennes entreprises.

Avec cette opération, peut-on penser à la souveraineté économique ?

La souveraineté économique, je crois que ça veut dire que vous avez une économie forte. Et une économie forte veut dire avec un acteur important qui est l’Etat, mais également avec des partenaires qui peuvent être privés. Je n’ai jamais pensé que lorsque vous avez des acteurs privés, il n’y a pas de souveraineté économique. La politique du président de la République est que la croissance sera tirée par le secteur privé.  Et l’Etat est là pour créer les conditions de l’émergence d’une société privée forte et dynamique.

Nous nous réservons le droit au niveau du gouvernement, après les instructions du chef de l’Etat, de dire quelle suite sera donnée aux actions qui ont été achetées par l’Etat. Ça veut dire que tout est sur la table et rien n’est exclu. Les décisions qui seront prises, seront celles du chef de l’Etat, qui d’après lui permettront à cette banque de poursuivre sereinement ses activités. Je voudrais une fois de plus souligner que Société Générale Cameroun est une banque extrêmement forte, bien dirigée, avec des règles qui sont appliquées. Nous le voyons lorsque nous voyons les contrôles du régulateur bancaire qui est la Cobac… Société Générale Cameroun a très peu de problèmes. 

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