Malgré une augmentation de 75% des flux d’investissements directs étrangers (IDE) dans le continent en 2024, atteignant un niveau record de 97,03 milliards de dollars, le pays de Paul Biya ne figure pas parmi les 20 pays africains ayant attiré le plus d’IDE, selon le « World Investment Report 2025 », publié le 19 juin le par Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), organe permanent de l’Assemblée générale des Nations Unies.

En parcourant le document, l’on constate qu’en Afrique Centrale (Cemac), seuls le Gabon et Tchad figurent dans le classement avec respectivement 1,14 milliards de dollars d’IDE et 1,01 milliards de dollars, d’investissements directs étrangers enregistrés sur la période étudiée. Les deux pays occupent d’ailleurs les dernières places de ce classement, notamment la 19e et la 20e. Le Cameroun en 2024, n’a pu capter que 529 milliards de FCFA, contre 457 milliards de FCFA en 2023. Cette enveloppe, bien qu’en progression, reste tout même dérisoire au regard du potentiel que regorge le pays.

De l’avis de certains experts approchés par L’Economie, l’absence du Cameroun dans ce top 20 est, une évidence. « Je ne suis pas surpris que le Cameroun soit à la traîne », déclare de sang-froid, l’économiste et statisticien camerounais, Yannick Nkembe. Pour justifier son propos, il explique que le Cameroun est déficient sur certains facteurs majeurs qui impactent le niveau d’IDE, comme la taille de l’économie, la croissance économique, le climat des affaires et l’intégration régionale. Il souligne que les investisseurs recherchent un climat des affaires favorable pour récupérer leur investissement et réaliser des bénéfices.

« Si vous devez investir quelque part, vous voudrez vous rassurer que l’investissement que vous faites va vous permettre de reprendre votre argent et en collecter les bénéfices. Maintenant, si le climat des affaires est mauvais à cause de la corruption, les difficultés administratives et autres, vous serez un peu réticent à venir investir », explique-t-il.

L’économiste Louis Marie Kakdeu abonde dans le même sens, affirmant qu’investir au Cameroun aujourd’hui n’est « pas rentable en raison de l’insécurité juridique et foncière, des difficultés administratives et de la corruption ». Il cite notamment le manque de garantie du droit à la propriété foncière, les nombreux contrôles administratifs et l’incertitude juridique comme des freins à l’investissement. « Un pays où le droit à la propriété foncière n’est pas garanti, ne peut pas encourager les investisseurs étrangers d’injecter leur argent. Quand dans un pays on vous dit qu’une entreprise a droit 335 contrôles par an, c’est-à-dire, qu’on vous contrôle pratiquement tous les jours, vous n’êtes même plus libre de vos mouvements, comment allez-vous venir investir ? Un pays où le conseil de la magistrature n’a pas siégé depuis 5 ans, ou si vous allez en justice, vous n’êtes pas sûr que votre cas soit traité et que vous aurez gain de cause, vous allez venir investir qu’en cas de problèmes, qui va vous défendre ? », s’interroge-t-il.

Il faut également ajouter à cela, les facteurs les données infrastructurelles et énergétiques qui entretiennent l’insécurité dans l’environnement des affaires au Cameroun et qui constituent un frein tant pour les investisseurs étrangers.

En gros, sur les 6 pays qui composent la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon Guinée équatoriale, Tchad et RCA), le Cameroun est la 3ᵉ destination des IDE derrière le Gabon (654,6 milliards de FCFA) et le Tchad (582,6 milliards de FCFA) selon le classement de la Cnuced.

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