Le Baromètre Doing Good in Africa (DGIA), outil d’évaluation conçu par Afrique RSE pour mesurer les pratiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), des Objectifs de Développement Durable (ODD) et de la durabilité en Afrique, dresse un constat encourageant au Congo. L’étude révèle que « 80 % des entreprises congolaises interrogées (28 sur 35) déclarent s’engager dans des démarches RSE ou de durabilité ». Un réel enthousiasme pour le pays. Pourtant, des failles structurelles et une méconnaissance des réglementations entravent ce dynamisme.

Selon le Baromètre (DGIA), 80 % d’entre elles (12 sur 15) n’ont pas de direction, département ou cellule dédiée à la RSE. Plus frappant encore, 100 % (15 sur 15) n’ont jamais réalisé de diagnostic RSE, et seulement 6,67 % (1 sur 15) ont publié un rapport RSE ou de durabilité. Ce faible taux de reporting traduit un manque de transparence et de formalisation, limitant l’impact de leurs actions. L’un des obstacles majeurs réside dans la méconnaissance des cadres réglementaires. En effet, malgré l’existence de la loi n° 74-2022 du 16 août 2022 sur le développement durable, 51,51 % des entreprises (17 sur 33) ignorent son existence, ce qui freine leur alignement sur les standards nationaux et internationaux.

Cette méconnaissance reflète un besoin urgent de sensibilisation pour ancrer la RSE dans les pratiques entrepreneuriales. Les priorités des entreprises congolaises, selon le baromètre conçu par Afrique RSE de Thierry Tene, se concentrent sur les communautés et le développement local (33,33 %), l’environnement (30,55 %) et la gouvernance (27,78 %). Ces choix reflètent les réalités socio-économiques du Congo, où le soutien aux communautés locales et la protection de l’environnement sont perçus comme des leviers de développement durable. Dans le domaine des conditions de travail, la santé et la sécurité au travail (27,78 %), l’amélioration des conditions de travail (25 %) et le développement du capital humain (25 %) dominent, soulignant l’importance accordée au bien-être des employés.

Pour structurer leurs démarches RSE, les entreprises plébiscitent la formation et le renforcement des capacités des cadres (27,78 %), suivis par l’adoption d’un code de gouvernance, des opérations collectives et une loi spécifique sur la RSE (19,44 % chacun). Ces résultats mettent en évidence un besoin criant de connaissances et de cadres structurés pour transformer l’enthousiasme en actions concrètes et mesurables. Comme réponse à ces défis structurels, Afrique RSE et DGIA proposent des solutions adaptées notamment, un label RSE à trois grades (Initiation, Maîtrise, Excellence) pour évaluer et valoriser les progrès, des formations intensives de sur les meilleures pratiques RSE et ODD, et des plateformes numériques ESG pour collecter des données, suivre les plans d’action et faciliter les certifications.

Des outils qui permettraient aux entreprises de structurer leurs démarches tout en s’alignant sur des standards internationaux et en tenant compte des spécificités locales du Congo

Les entreprises congolaises misent sur les ODD et ISO 9001 pour renforcer leur durabilité

Dans un monde où la durabilité est devenue un critère incontournable pour les investisseurs et les partenaires internationaux, les entreprises congolaises s’alignent progressivement sur des normes comme les Objectifs de Développement Durable (ODD) et la certification ISO 9001. Cependant, le Baromètre Doing Good in Africa (DGIA) 2025 révèle des lacunes structurelles qui limitent leur compétitivité économique sur la scène mondiale.

Les ODD sont le référentiel RSE le plus utilisé par les entreprises congolaises (27,78 %, 10 sur 36), loin devant d’autres cadres comme le Pacte Mondial, l’Accord de Paris ou les Principes de l’Équateur (5,56 % chacun), peut-on lire dans le Baromètre DGIA. Cette préférence pour les ODD traduit un alignement sur les priorités globales, notamment la lutte contre la pauvreté, l’accès à l’éducation et la protection de l’environnement. Cependant, des référentiels clés comme le Global Reporting Initiative (GRI) ou les Principes directeurs de l’OCDE ne sont pas utilisés (0 %), révélant une méconnaissance des outils de reporting internationaux, essentiels pour la transparence et la crédibilité.

En matière de certifications, ISO 9001 (gestion de la qualité) domine avec 16,37 % (6 sur 36), suivie par ISO 14001 (environnement, 8,33 %) et ISO 45001 (santé et sécurité, 5,56 %). Les normes plus spécifiques, comme ISO 14064 (émissions de gaz à effet de serre) ou ISO 37001 (anti-corruption), restent inexploitées (0 %), ce qui indique une focalisation sur la qualité opérationnelle au détriment d’enjeux environnementaux ou éthiques complexes. Ce choix peut refléter les contraintes économiques et techniques auxquelles font face les entreprises congolaises, souvent limitées par des ressources et une expertise insuffisante.

Le contexte réglementaire constitue un frein majeur : 100 % des entreprises interrogées (15 sur 15) déclarent ne pas être soumises à des exigences spécifiques en matière de RSE ou de durabilité. Cette absence de cadre normatif explique en partie la faible adoption de normes spécialisées et le manque de rapports RSE, avec 93,33 % des entreprises (14 sur 15) n’en publiant aucun. Ce déficit de reporting limite leur visibilité auprès des investisseurs internationaux sensibles aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Pourtant, l’adoption de normes comme ISO 9001 et les ODD offrent des opportunités économiques significatives.

Une certification ISO 9001, par exemple, permet aux entreprises de se démarquer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, en garantissant des standards de qualité reconnus. De même, l’alignement sur les ODD répond aux attentes des partenaires internationaux, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie et des matières premières, où le Congo joue un rôle clé. Ces normes renforcent la crédibilité des entreprises et attirent les investisseurs, tout en favorisant une intégration plus forte dans les marchés mondiaux.

En adoptant les ODD et ISO 9001, les entreprises congolaises jettent les bases d’une économie plus durable et compétitive. Mais pour s’imposer sur la scène internationale, elles doivent diversifier leurs certifications et investir dans des cadres plus structurés. Ce qui permettra au pays de se hisser comme modèle de durabilité, conjuguant croissance économique et responsabilité sociétale.

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