1. Renforcer l’ambition et l’intégration des plans climatiques
Le Cameroun a franchi une étape importante en révisant sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) en 2021. Mais l’urgence climatique impose d’aller plus loin. Il est désormais crucial de fixer des objectifs encore plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), tout en renforçant la résilience des communautés aux impacts du changement climatique.
Les Plans Nationaux d’Adaptation (PNA), quant à eux, doivent être à la fois clairs, précis et intégrés dans les politiques nationales afin de faciliter le financement et la mise en œuvre de projets concrets. À cela s’ajoute la nécessité de développer un Plan National d’Atténuation robuste, couvrant tous les secteurs clés : énergie, agriculture, transports et gestion des déchets.
Une telle planification doit s’appuyer sur une concertation inclusive, impliquant l’État, le secteur privé et la société civile, pour garantir la qualité des données, la transparence des décisions et l’adhésion des acteurs.
2. Renforcer les capacités d’absorption et de gestion des financements
Accéder aux financements internationaux ne suffit pas. Il faut aussi être capable de les gérer efficacement et avec intégrité. Le Cameroun doit mobiliser des expert·es formé·es en planification climatique, gestion des projets et des ressources financières.
Dans un contexte où la mauvaise gouvernance reste un défi majeur, la mise en place de systèmes de suivi fiables, transparents et accessibles devient une priorité absolue. Ces outils permettront de suivre les progrès, d’évaluer les impacts, et de renforcer la confiance des bailleurs de fonds et des citoyen·nes.
3. Développer des partenariats internationaux stratégiques
Pour capter davantage de financements et bénéficier d’un accompagnement technique adapté, le Cameroun doit s’engager dans des partenariats plus ciblés avec les institutions financières internationales, les agences de développement et les ONG spécialisées.
La FAO, par exemple, dispose d’une expertise reconnue en matière de levée de fonds climatiques et d’une présence opérationnelle dans de nombreux pays. Un partenariat renforcé avec cette agence pourrait non seulement faciliter l’accès à des ressources financières, mais aussi permettre un transfert de compétences durables vers les institutions publiques nationales.
4. Prioriser intelligemment les secteurs à fort potentiel
La réussite de la transition climatique repose aussi sur la capacité à faire des choix stratégiques. Le Cameroun doit investir de manière prioritaire dans des pratiques agricoles durables, qui résistent aux chocs climatiques tout en améliorant la sécurité alimentaire.
La transition vers une énergie propre et renouvelable est également incontournable pour réduire les émissions et créer des emplois verts. Enfin, il est essentiel d’intégrer la résilience climatique dans la planification urbaine, pour bâtir des villes capables de faire face aux crises futures.
Le Cameroun a toutes les cartes en main pour devenir un acteur-clé de la finance climatique en Afrique. Mais cela suppose une volonté politique claire, des politiques cohérentes et une posture proactive sur la scène internationale. La transparence dans la communication sur les engagements, les progrès réalisés et les besoins identifiés est tout aussi décisive que les actions elles-mêmes. Dans ce domaine, la visibilité et la crédibilité sont des conditions non négociables pour mobiliser les fonds disponibles.
Enfin, il est impératif d’ancrer cette dynamique dans une approche intergénérationnelle. Les jeunes, majoritaires dans notre société, doivent être au cœur des stratégies climatiques. Cela passe par des programmes d’éducation au changement climatique, l’accès à des compétences vertes, et une véritable participation citoyenne. Car c’est avec et par eux que se construira une action climatique inclusive, durable et efficace.
Par Stella Tchoukep, Chargée de la Campagne Forêt chez Greenpeace Afrique