Fort de 76 % des suffrages au troisième tour, le succès de Sidi Ould Tah à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) s’inscrit parmi les plus marquants de l’histoire de l’institution. Derrière cette victoire nette, c’est tout un dispositif diplomatique et stratégique qui a été mis en mouvement depuis Nouakchott.
Très rapidement, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a érigé cette candidature en priorité nationale. Pour conduire cette opération sensible, il en a confié la gestion à son ministre de l’Économie et des Finances, Sid’Ahmed Ould Bouh. Discret mais efficace, ce dernier s’est affirmé comme le véritable maître d’œuvre de la campagne.
Autour de ce noyau, une équipe resserrée a été constituée, alliant compétences nationales et expertises internationales de haut niveau. Aux côtés du candidat et du ministre, plusieurs personnalités ont activement pris part à la stratégie : Frannie Léautier, ex-vice-présidente de la BAD ; Thierry Hot, stratège panafricain et ex-journaliste à la BBC ; Didier Acouetey, expert reconnu dans le développement des talents africains et des PME. Ainsi que d’autres personnalités africaines influentes du monde économique et financier. Ensemble, ils ont affiné les argumentaires, multiplié les démarches ciblées et facilité l’accès aux décideurs clés.

Soutiens déterminants
Dès les premiers instants, des soutiens déterminants se sont manifestés. La Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara a très tôt affiché son appui, offrant un levier diplomatique d’autant plus crucial que le siège de la BAD est à Abidjan. Le Nigeria et l’Algérie ont rapidement emboîté le pas, consolidant dès le premier tour une base africaine solide qui a permis au candidat mauritanien de virer en tête.
Dans le même temps, des partenaires hors du continent sont venus renforcer cette dynamique. La France et l’Arabie Saoudite, sans ambiguïté, ont exprimé leur préférence, menant en parallèle un travail discret pour rallier, au troisième tour, une majorité de membres non régionaux. L’ensemble de cette stratégie a reposé sur l’ancrage africain initial, adossé à une patiente opération de conviction auprès des partenaires internationaux. Un jeu subtil d’alliances et de convergences savamment orchestrées, qui a progressivement construit la dynamique victorieuse.
Si bien des tractations resteront confinées aux coulisses diplomatiques, une évidence s’impose : la fermeté du leadership politique à Nouakchott et l’efficacité du travail collectif mené par l’équipe internationale ont transformé cette ambition en triomphe continental. Au-delà du parcours personnel de Sidi Ould Tah, c’est toute la capacité d’organisation, de prévoyance et de coordination de l’appareil d’État mauritanien qui s’est exprimée avec éclat dans cette élection. Une nouvelle séquence s’ouvre désormais pour la Banque Africaine de Développement, sous le signe d’une diplomatie africaine sûre d’elle et parfaitement assumée.
