Madame Asmaa BENSLIMANE, vous avez été élue lors de la Conférence continentale et l’Assemblée Générale Élective de WIMAFRICA tenue les 27 et 28 août dernier, Secrétaire Générale Continentale et Première Vice-Présidente de cette plate-forme. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel qui vous a amené à occuper le poste ?

Mon parcours professionnel est le fruit de plus de 25 années d’expérience dans les secteurs portuaire et associatif. Lauréate de l’Institut Supérieur du Commerce et d’Administration des Entreprises (ISCAE), j’ai eu la chance d’évoluer au sein de Marsa Maroc, le leader national de la manutention portuaire au Maroc et filiale du Groupe Tanger Med, où j’ai occupé plusieurs postes de responsabilité allant du contrôle de gestion et la relation avec les clients à la gestion des ressources humaines et la conception des projets de coopération. Ces différentes missions m’ont permis de développer une expertise à la croisée du management opérationnel et de la conduite du changement.

En parallèle, je me suis fortement investie dans le monde associatif au niveau national et international, en lançant et en accompagnant plusieurs initiatives liées à la diplomatie publique, au leadership féminin et à l’économie bleue. J’ai notamment fondé et présidé Women’s International Shipping and Trading Association (WISTA) Maroc et Women in Maritime in Africa (WIMA) Maroc, et exercé en tant que Présidente nationale et Vice-Présidente Internationale de la Jeune Chambre Internationale assignée à huit pays africains.

Sur le plan académique, mon parcours s’est enrichi par un MBA, deux masters en études diplomatiques et communication politique et publique, et aujourd’hui une thèse doctorale sur la diplomatie publique et le soft power du Maroc. Cette double dimension académique et professionnelle m’a permis de consolider une vision stratégique, à la fois théorique et pratique.

C’est donc cette combinaison d’expériences – à la fois institutionnelles, associatives et académiques – qui m’a préparé à occuper ce poste, avec la conviction que la communication stratégique, le dialogue avec les parties prenantes et la valorisation des talents constituent des leviers puissants pour accompagner les grandes transformations, au Maroc comme en Afrique. Je suis convaincue que la communication et la coopération sont des leviers puissants pour bâtir l’Afrique de demain.

Quels sont vos objectifs pour votre mandat de Secrétaire Générale Continentale de WIMAFRICA ?  Et comment comptez-vous les atteindre ?

Mes objectifs en tant que Secrétaire Générale Continentale de WIMAFRICA s’articulent autour de trois priorités : renforcer la visibilité et l’influence des femmes africaines dans l’économie bleue, consolider la coopération Sud-Sud entre nos associations membres pour plus d’impact, et développer des programmes concrets de formation, de mentorat et de plaidoyer au profit des femmes y compris les jeunes en début de carrière.

Pour les atteindre, je travaillerai en étroite synergie avec notre Présidente continentale et l’ensemble du bureau exécutif à travers un travail de proximité avec nos fédérations nationales, sur le déploiement d’outils de communication digitale inclusifs et sur la création de partenariats stratégiques avec les institutions régionales et internationales. Notre ambition est de faire de WIMAFRICA une véritable plate-forme panafricaine de leadership féminin, capable de peser dans les grandes décisions qui façonnent l’avenir maritime et portuaire du continent. 

Je crois profondément au potentiel de WIMAFRICA et à la force de notre réseau de femmes exceptionnelles.

Comment voyez-vous l’avenir de l’économie bleue en Afrique, et quel rôle pensez-vous que les femmes peuvent jouer dans ce domaine ?

L’avenir de l’économie bleue en Afrique est porteur d’immenses opportunités pour la croissance inclusive, la durabilité environnementale et l’intégration régionale. Nos ressources maritimes et portuaires, si elles sont valorisées de manière responsable, peuvent devenir un moteur puissant de développement pour tout le continent.

Dans cette dynamique, les femmes ont un rôle essentiel à jouer. Elles apportent une vision nouvelle, axée sur l’innovation, la durabilité et l’inclusion. Leur participation active permet non seulement de renforcer la résilience des communautés côtières, mais aussi de bâtir des chaînes de valeur plus équitables et compétitives.

À WIMAFRICA, nous croyons fermement que l’avenir de l’économie bleue africaine doit se construire avec et par les femmes. C’est en investissant dans leur leadership, leur formation et leur intégration dans les métiers maritimes et portuaires que nous pourrons transformer ce potentiel en réalité tangible pour l’Afrique et pour le monde.

Quels sont les principaux défis que les femmes rencontrent dans les secteurs maritime et portuaire, et comment WIMAFRICA peut-elle les aider à les surmonter ?

Les secteurs maritime et portuaire, bien qu’étant des leviers essentiels de l’économie africaine, restent encore largement dominés par les hommes. Les femmes y rencontrent plusieurs défis majeurs :

  • Accès limité aux postes de responsabilité : La représentation féminine dans les fonctions de leadership et les métiers techniques et opérationnels est encore faible, en partie à cause des stéréotypes et d’une culture professionnelle très masculine.
  • Formation et compétences spécialisées : L’accès à des programmes de formation adaptés aux métiers maritimes et portuaires est souvent restreint pour les femmes, limitant leur employabilité et leur progression de carrière.
  • Manque de réseau et de mentorat : Dans ces secteurs, les opportunités de networking, de mentorat et d’accompagnement professionnel sont moins accessibles aux femmes, ce qui freine leur développement professionnel et leur visibilité.
  • Conciliation vie professionnelle et personnelle : Les exigences physiques et horaires de ces métiers peuvent constituer un obstacle supplémentaire pour les femmes, surtout celles qui assument des responsabilités familiales.

WIMAFRICA a un rôle stratégique pour surmonter ces défis :

  • Renforcement des capacités : Nous organisons des formations spécialisées, des ateliers et des sessions de mentorat pour permettre aux femmes de développer leurs compétences techniques et managériales.
  • Création de réseaux solides : Nous favorisons l’échange entre professionnelles du continent grâce à des plate-forme de networking et des événements continentaux, pour que chaque femme puisse bénéficier de soutien, de conseils et d’opportunités d’avancement.
  • Plaidoyer pour l’inclusion : WIMAFRICA travaille avec les autorités portuaires, les entreprises et les institutions publiques pour promouvoir des politiques favorables à l’égalité des genres et à la présence des femmes dans toutes les strates des secteurs maritime et portuaire.
  • Visibilité et reconnaissance : En mettant en lumière les réussites féminines, nous inspirons et encourageons les jeunes générations à envisager des carrières dans ces secteurs.

Notre objectif est de transformer les défis en opportunités, afin que les femmes africaines deviennent des actrices incontournables de l’économie maritime et portuaire. Avec WIMAFRICA, chaque femme a la possibilité de naviguer vers l’excellence et le leadership.

Comment l’organisation contribue-t-elle au développement de l’économie bleue en Afrique ?

WIMAFRICA contribue au développement de l’économie bleue en Afrique à travers trois leviers principaux : la valorisation du capital humain, le plaidoyer et l’innovation inclusive.

D’abord, nous investissons dans le renforcement des capacités des femmes africaines à travers la formation, le mentorat et la création de passerelles vers les métiers portuaires, maritimes, logistiques et de la pêche. En plaçant les femmes au cœur de ces secteurs stratégiques, nous contribuons à diversifier les talents et à améliorer la performance globale des filières de l’économie bleue.

Ensuite, WIMAFRICA agit comme force de plaidoyer auprès des institutions publiques, des organisations régionales et du secteur privé, afin de promouvoir des politiques inclusives et équitables. Nous défendons l’idée que l’économie bleue ne peut être durable que si elle intègre pleinement la moitié de la population africaine.

Enfin, nous favorisons l’innovation et l’entrepreneuriat féminin dans les activités liées aux océans, aux ports, à l’aquaculture et aux énergies marines renouvelables. En soutenant les initiatives locales, nous renforçons l’autonomie économique des femmes et créons un impact direct sur la croissance inclusive et la prospérité du continent.

A cet effet, WIMAFRICA ne se limite pas à défendre la place des femmes : nous œuvrons pour que leur leadership et leur savoir-faire deviennent de véritables catalyseurs du développement de l’économie bleue africaine car elle ne pourra atteindre son plein potentiel que si elle intègre le leadership féminin. WIMAFRICA œuvre pour transformer les femmes en actrices incontournables de ce développement.

Comment WIMAFRICA travaille-t-elle avec les gouvernements et les organisations internationales pour promouvoir les intérêts des femmes dans les secteurs maritime et portuaire ?

A WIMAFRICA, nous agissons comme un pont entre les femmes du secteur, les gouvernements et les organisations internationales. Concrètement, nous accompagnons les États dans l’intégration de l’approche genre dans leurs politiques maritimes et portuaires, et nous militons pour que davantage de femmes accèdent à des postes de responsabilité.

Avec nos partenaires internationaux – l’Organisation Maritime Internationale, l’Union Africaine ou encore les agences onusiennes – nous portons la voix des femmes africaines sur la scène mondiale et mobilisons des ressources pour des projets concrets. Notre rôle est clair : faire en sorte que les femmes ne soient pas de simples bénéficiaires, mais de véritables actrices du développement durable et de l’économie bleue en Afrique.

Il faut aussi souligner que WIMAFRICA bénéficie du statut consultatif auprès de l’ECOSOC des Nations Unies. Ce statut nous donne une légitimité institutionnelle et une place privilégiée dans les débats mondiaux, en nous permettant de participer activement aux travaux onusiens, de proposer des recommandations et de défendre directement les intérêts des femmes africaines dans les instances internationales.

Quels sont les partenariats que WIMAFRICA pourrait établir pour promouvoir les intérêts des femmes dans les secteurs maritime et portuaire ?

WIMAFRICA croit fermement que l’avenir des femmes dans les secteurs maritime et portuaire passe par des partenariats stratégiques. Nous envisageons de renforcer notre collaboration avec les gouvernements africains pour développer des politiques inclusives et des programmes de formation adaptés.

Nous travaillons aussi à élargir nos alliances avec les organisations internationales, notamment l’Organisation Maritime Internationale, l’Union Africaine et les agences des Nations Unies, afin de garantir que la voix des femmes africaines soit entendue dans les grandes instances décisionnelles.

Par ailleurs, nous souhaitons consolider nos partenariats avec le secteur privé maritime et portuaire, les universités, les centres de recherche et les ONG spécialisées. L’objectif est de créer des passerelles entre la formation, l’innovation et l’emploi pour ouvrir davantage d’opportunités aux femmes.

Enfin, grâce à notre statut consultatif auprès de l’ECOSOC des Nations Unies, nous avons la possibilité d’initier des partenariats globaux, y compris avec des fondations internationales et des réseaux féminins mondiaux, pour mobiliser des ressources et des expertises au service de l’autonomisation des femmes africaines.

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