L’opérateur historique camerounais de l’électricité, Eneo Cameroon S.A., passe officiellement sous contrôle public majoritaire. L’État du Cameroun a finalisé la reprise de l’intégralité de la participation détenue par le fonds d’investissement britannique Actis, soit 51 % du capital de l’entreprise. Cette transaction, dont le contrat de cession a été signé le 19 novembre 2025 après plusieurs années de discussions, est évaluée à 78 milliards de FCFA.

Deux cabinets de référence ont joué un rôle crucial dans cette opération. Amadagana & Partners a assuré le conseil juridique, tandis que Financia Capital a fourni l’expertise financière à Actis.

« Notre Cabinet a travaillé aux côtés des équipes d’Actis et du conseil financier Financia Capital, en coordination avec les conseils de l’État du Cameroun dans le cadre du comité interministériel chargé des négociations (…) Cette démarche rigoureuse et collaborative a permis l’aboutissement de la première étape d’une opération porteuse d’enjeux nationaux majeurs, qui se concluera prochainement suite à la satisfaction des conditions qui y sont énoncées », peut-on lire dans le communiqué de Amadagana & Partners.

Pour Actis, cette cession intervient après onze années d’activités, le fonds étant entré au capital d’Eneo en 2014 avec une prise de participation de 51 %. Sa sortie, qui doit être entérinée par un conseil d’administration extraordinaire, redessine radicalement l’actionnariat de l’entreprise. À l’issue de l’opération, l’État détiendra 95 % du capital, les 5 % restants étant réservés aux employés. Cette recomposition actionnariale entraîne un changement profond dans la gouvernance de l’entreprise, désormais très largement placée sous tutelle publique.

Un plan de redressement attendu au premier trimestre 2026

Cette reprise en main stratégique est le prélude à une ambitieuse feuille de route visant à stabiliser et développer le secteur électrique camerounais. Le gouvernement entend, sur les cinq prochaines années, lever les obstacles structurels qui freinent l’investissement privé dans la production, le transport et la distribution.

Une pièce maîtresse de cette stratégie est l’élaboration de mécanismes de financement innovants. Le document intitulé « Compact Énergétique de la République du Cameroun », récemment publié par le ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee), détaille cette approche. Il est prévu d’intégrer des instruments de garantie nécessaires à la réduction des coûts et des risques des projets rentables.

Parallèlement à la mobilisation des capitaux, les pouvoirs publics prévoient d’améliorer l’efficacité énergétique dans les secteurs industriel, résidentiel, tertiaire et des transports pour la période 2025–2030. L’ambition est de « réduire l’intensité énergétique nationale de 2,65 % chaque année, portant la réduction cumulée à 16,9 % » sur la période.

L’équilibre financier du secteur, chroniquement fragilisé par des facteurs endogènes et exogènes (gestion des créances, coûts d’exploitation, etc.), constitue l’enjeu central pour orienter efficacement les investissements publics et privés.À cet égard, le gouvernement compte s’appuyer sur le Plan de Redressement du Secteur de l’Électricité et son Plan d’investissement prioritaire (adopté en 2023), qui identifient déjà les plans d’expansion pour 2030. L’adoption des documents stratégiques et des politiques sectorielles est prévue d’ici la fin 2026.

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