Selon le rapport Climate Risk Index (CRI,2026), l’indice élaboré par l’ONG allemande Germanwatch, qui s’appuie sur des données recueillies entre 1995 et 2024, classe la Libye, le Mozambique et le Malawi comme les pays africains les plus affectés par les événements météorologiques extrêmes sur 30 ans. De plus, les pays à faible revenu supportent une charge disproportionnée, avec des capacités d’adaptation limitées.
Selon l’ONG, l’Indice des risques climatiques (IRC), publié depuis 2006, est l’un des indices annuels d’impact climatique les plus anciens. L’IRC analyse le degré d’impact des phénomènes météorologiques extrêmes liés au climat sur les pays. Ce faisant, il mesure les conséquences des risques concrétisés pour ces pays. Cet indice rétrospectif classe les pays en fonction de leurs impacts économiques et humains (nombre de décès et nombre total de personnes touchées), le pays le plus touché étant classé en tête.
La Libye classée 4e à l’échelle mondiale, apparaît comme le pays africain le plus affecté à cause du cyclone Daniel, survenu en septembre 2023. Celui-ci a provoqué plus de 13 200 morts ; 1,6 million de personnes touchées et a causé environ 6 milliards de dollars américains de dommages économiques.
Plusieurs autres pays africains apparaissent également parmi les plus exposés dans le classement du CRI 2026. Il s’agit notamment du Mozambique classé 23ᵉ au rang mondial, suivi du Malawi (25ᵉ), du Zimbabwe (34ᵉ), du Kenya (39ᵉ), de Madagascar (42ᵉ), de l’Éthiopie (47ᵉ), du Niger (50ᵉ) et de l’Afrique du Sud (53ᵉ), et du Soudan (59ᵉ) clôturant le top 10 africain. Tous ces pays ont été sujets à une succession régulière de chocs climatiques constituant un poids économique.
Crichton (1999) affirme que les conséquences des catastrophes climatiques dépendent de plusieurs paramètres. Il s’agit de l’intensité du risque lui-même, ainsi que la vulnérabilité et l’exposition actuelles du système affecté.
Les secteurs les plus touchés
Au demeurant, l’un des secteurs qui reflète les plus importantes pertes est l’agriculture, qui demeure pourtant le moteur de nombreuses économies africaines. Il représente plus de 20 % du produit intérieur brut (PIB) africain et emploie près de 60 % de la population active dans de nombreux pays. Au Cameroun par exemple, l’observatoire national sur les changements climatiques (ONACC) fait savoir qu’entre 1980 et 2022, le pays a perdu près de 6.710 milliards de Fcfa dans le secteur agricole, soit plus de 24% du PIB.
Berg (1976) martèle que, les sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 1970 ont entraîné des baisses à deux chiffres du PIB et de la valeur ajoutée agricole. Dans la même lancée les conséquences humaines et sociales considérables dues au grand nombre de victimes des sécheresses et des inondations (CRED, 2017).
Au-delà du secteur agricole, d’autres secteurs comme la santé, l’éducation et les revenus, sont également affecté par des pertes matérielles. En 2024, certains pays comme le Niger ou le Tchad ont vu des millions de personnes déplacées à la suite d’inondations catastrophiques ; respectivement 1,5 et 2 millions million d’habitants touchés avec des pertes économiques 225 millions et 380 millions de dollars. A titre illustratif, ces chiffres mettent en évidence le fait que le changement climatique est également un facteur multiplicateur d’inégalités.
L’atténuation des impacts du développement économique et les inégalités devrait passer non seulement par l’urgence de combler rapidement le déficit d’adaptation, mais aussi par l’inclusion quantitative des risques climatiques dans la planification économique et du développement.
Michelle Josée Ekila, Economiste en Histoire, Institutions et Développement
