« Nouvelle réglementation des changes et développement économique en zone Cemac ». C’est sous ce thème que s’est déroulé hier à Yaoundé, la 3ème édition de la Finance Week. L’évènement annuel organisé par le Journal EcoMatin et qui rassemble les décideurs a vu la participation de Yvon Sana Bangui, Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale. Ce dernier a fait un exposé qui avait pour thème : « Nouvelle réglementation des changes en zone Cemac : bilan, défis et perspectives pour une application efficace ». Ainsi, il a souligné que depuis son entrée en vigueur en 2019, la règlementation de changes a connu des améliorations.

« Vous pouvez remarquer une croissance soutenue qui montre que les devises ont bel et bien été rétrocédées. La rétrocession est passée de 6 201 milliards de FCFA en 2019 pour atteindre 13 898,53 milliards de FCFA en 2024. C’est bien beau d’apprécier l’évolution des rétrocessions, mais j’aimerais que désormais, on s’appuie beaucoup plus sur les chiffres des transferts sortants. L’on se rend compte que tout ce qui entre sort. C’est la réalité. En 2018 par exemple, nous avions un niveau de transfert sortant de 2 800 milliards FCFA et en 2024 de 13 400 milliards de FCFA. Nous travaillons pour éviter d’être en déficit de balance au niveau des réserves de changes. Les 35% des pétroliers quand c’est transféré aujourd’hui, le lendemain on demande les transferts sortants » a déclaré Yvon Sana Bangui.

Il ajoute : « les actions que nous avons entrepris au niveau de la Banque Centrale a permis d’écarter toute hypothèse de réajustement de la parité FCFA à travers notamment le niveau confortable que nous avons mais qui reste encore fragile. Pour ce qui est des perspectives, la Beac va continuer à veiller et à renforcer davantage le respect de la réglementation de changes. C’est le pilier de la souveraineté de nos économies ».

Refus catégorique d’une réglementation souple

« La critique aujourd’hui est qu’on veut une réglementation des changes plus souple. Souple, nous allons dépasser et nous allons nous retrouver dans les situations de 2014 et 2015 qui exposent la sous-région. Les efforts que nous devons faire aujourd’hui c’est d’aller vers l’accélération de la stratégie d’import-substitution tel que prévu par les Chefs d’Etat de la Cemac. Nous devons avec les banques commerciales accompagner la dynamique de l’import substitution » suggère Yvon Sana Bangui.

Resistance

Le 16 décembre 2024, une session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) s’est tenue à Yaoundé. Au cours de cette rencontre, les dirigeants de la Cemac ont réaffirmé « l’application intégrale de la Réglementation des changes, notamment à travers le rapatriement diligent des devises par les opérateurs économiques, et plus particulièrement la signature avant le 30 avril 2025, des conventions de compte séquestre pour les fonds de restauration des sites (Fonds RES) par les entreprises extractives (pétrolière et minières) ».  Jusqu’ici, ces conventions n’ont pas encore été signées. Les entreprises extractives faisant de la résistance.  Il faut souligner que le rapatriement des Fonds RES est prévu dans le règlement de changes mais son application reste difficile.

Selon une étude menée par la Direction des études de la recherche et des statistiques de la Beac, rapatrier les fonds dédiés à la restauration des sites miniers ferait gagner jusqu’à 3 658 milliards FCFA à la Cemac. Aujourd’hui, l’intégralité de ces ressources apprend-on, sont logés hors de la Cemac du fait « des stipulations contractuelles qui prévoient en général leur domiciliation dans des banques internationales notées au moins AA et choisies d’un commun accord avec l’Etat ». Selon les chercheurs de la Beac, si ces ressources étaient rapatriées dans la Cemac, elles permettraient de « renforcer le niveau de réserves de change et donc la stabilité externe de la monnaie commune qui est le FCFA ».

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