Cette année marque les deux décennies de la révolution de la technologie du vapotage dans la consommation de nicotine. Initialement développés en Chine en 2003 comme alternative aux cigarettes combustibles, les produits de vapotage ont rapidement gagné en popularité à l’échelle mondiale, de l’Europe à l’Amérique du Nord vers 2005. La célébration des « 20 ans d’innovation » souligne les progrès significatifs réalisés en matière de sécurité, d’accessibilité et de santé publique des produits. Grâce au vapotage et aux autres alternatives sans fumée, des millions de personnes ont trouvé la voie vers des modes de vie plus sains, leur permettant souvent de réduire, voire d’éliminer complètement, le tabagisme traditionnel.
La recherche scientifique démontre systématiquement que les produits sans fumée, comme les cigarettes électroniques, le tabac chauffé et les sachets de nicotine, offrent une option nettement plus sûre en éliminant la combustion. Des études indiquent que l’exposition aux toxines nocives peut être réduite jusqu’à 99 % par rapport aux cigarettes combustibles. Avec environ 115 millions de consommateurs adultes dans le monde, comprenant des consommateurs de produits de vapotage, de tabac chauffé et de sachets de nicotine, il est clairement démontré que ces innovations font une différence significative.
Au cœur de ces produits se trouve le concept d’absence de fumée. Contrairement aux cigarettes traditionnelles, elles ne brûlent pas de tabac, ce qui réduit considérablement les risques pour la santé. Des données cliniques le confirment, montrant une amélioration des biomarqueurs et une exposition réduite aux substances nocives par rapport au tabagisme.
Le Cameroun a déjà franchi une étape importante en établissant des normes pour les produits de vapotage, désormais en vigueur. Il s’agissait d’une mesure essentielle pour réguler la qualité et la sécurité des produits sur le marché. Cependant, pour exploiter pleinement le potentiel de ces innovations en matière de santé publique, il est impératif que le Cameroun élabore un cadre réglementaire complet traitant spécifiquement de la commercialisation et de la vente de ces produits. Une telle réglementation garantira aux fumeurs adultes l’accès à des informations précises et à des produits légitimes et de qualité, tout en prévenant l’exposition des jeunes et le commerce illégal.
Le THR est une stratégie de santé publique efficace qui permet aux fumeurs adultes de se tourner vers des alternatives moins nocives, réduisant ainsi leurs risques pour la santé sans avoir à arrêter complètement de fumer immédiatement. Des pays comme la Suède, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont déjà bénéficié des bienfaits de cette approche pour la santé, enregistrant une baisse des taux de tabagisme et des maladies liées au tabagisme. La Suède, en particulier, se distingue par sa réussite. Grâce à l’adoption précoce du tabac sans fumée (snus) et d’autres produits à risque réduit, la Suède affiche la plus faible prévalence du tabagisme de l’UE – seulement 5,6 % – et des taux de cancers du poumon et de la bouche également faibles. Si des stratégies similaires étaient adoptées dans toute l’Europe, des millions de vies pourraient potentiellement être sauvées au cours de la prochaine décennie.
Le même potentiel existe pour les pays africains comme le Cameroun, où les maladies liées au tabac continuent de faire de nombreuses victimes. Il existe une opportunité unique de mettre en œuvre des politiques de réduction des risques liés au tabac rigoureusement réglementées et scientifiquement fondées, qui privilégient l’innovation, l’accès sécurisé et l’éducation. Les preuves sont claires : une réglementation complète et adaptée au contexte peut permettre aux produits à base de nicotine sans fumée de bénéficier pleinement de leurs bienfaits pour la santé publique.
Le Cameroun est bien placé pour jouer un rôle de leader en Afrique de l’Ouest et du Centre en instaurant un environnement réglementaire qui non seulement soutient les normes des produits, mais encadre également clairement les pratiques de marketing et de vente. Il s’agit notamment de garantir que les consommateurs adultes reçoivent des informations véridiques et impartiales sur les risques relatifs des alternatives sans fumée, tout en contrôlant avec vigilance les marchés illicites qui menacent la sécurité des consommateurs. Pour exploiter pleinement le potentiel de la réduction des risques liés au tabac, le Cameroun devrait envisager les actions suivantes :
Adopter les preuves scientifiques : Reconnaître les avantages considérables pour la santé du passage du tabac combustible à des alternatives moins nocives.
• Élaborer un cadre réglementaire solide : Établir une réglementation claire et fondée sur des données probantes qui régisse spécifiquement la vente, la commercialisation et la distribution de produits sans fumée, préservant ainsi la santé publique tout en protégeant les mineurs.
• Informer et éduquer les consommateurs : Fournir des informations précises et transparentes aux fumeurs adultes afin de les aider à prendre des décisions éclairées.
• Lutter contre le commerce illicite : Appliquer des mesures visant à limiter les produits illégaux et non réglementés, garantissant ainsi la sécurité et l’intégrité du marché.
• Encourager la collaboration multipartite : Favoriser le dialogue entre les décideurs politiques, les professionnels de la santé, les acteurs de l’industrie et la société civile afin d’élaborer des politiques de santé mentale efficaces et adaptées au contexte camerounais.
Il est temps d’agir avec détermination. En adoptant des politiques fondées sur des données probantes et en établissant des cadres réglementaires clairs, le Cameroun peut réduire considérablement le fardeau des maladies liées au tabagisme, alléger la pression sur les systèmes de santé et promouvoir une société plus saine. Rejoignez le mouvement mondial pour un avenir sans tabac. Adoptez la réduction des méfaits du tabac et créez un environnement plus sûr où les fumeurs adultes peuvent accéder à des alternatives de qualité de manière responsable.
Par Pr. Dickson Shey Nsagha. Il est un expert camerounais renommé en santé publique et épidémiologiste, actuellement professeur au Département de santé publique et d’hygiène de la Faculté des sciences de la santé de l’Université de Buea.