Dans un Cameroun confronté à une crise économique profonde, le Patronat des Jeunes Entrepreneurs du Cameroun (PAJEC) se mobilise pour relancer la création de valeur. Réunissant 300 membres actifs et 500 affiliés via des associations partenaires, le PAJEC mise sur l’énergie de la jeunesse entrepreneuriale. Au cours d’un échange le 25 septembre 2025 à Douala, son président Joël Sikam a dévoilé un plan ambitieux, centré entre autres sur la création d’un fonds entrepreneurial de 10 à 15 milliards FCFA pour pallier aux faiblesses de financement des banques locales et soutenir les entreprises camerounaises. 

« Les banques locales aujourd’hui n’ont plus forcément les capacités d’agir pour faire ce genre de choses. Grâce à ce fonds, nous pensons qu’il sera plus facile de financer l’économie réelle », a déclaré Joël Sikam. En cours de constitution avec des partenaires locaux, de la diaspora et des grands noms de la finance, ce fonds vise à résoudre les problèmes de trésorerie des PME et à accompagner les grandes entreprises face à leurs défis fiscaux. L’initiative bénéficiera pour un début aux membres du PAJEC avant de viser une portée nationale. Les cotisations des membres, combinées à des partenariats avec des banques et des grandes entreprises, financeront ce projet.

Des discussions avec l’administration centrale sont d’ailleurs prévues pour présenter cette démarche afin de dissiper toute assimilation à la révolte économique, a précisé Joël Sikam. Ce fonds apporte une réponse stratégique dans un contexte où, « depuis la CAN, fait savoir le patron de Fisco Industries, nous n’avons pas eu de grands projets et vous savez que ce sont les grands projets qui stimulent l’économie ».  

Une à la fuite des cerveaux

L’économie camerounaise traverse une période critique. « Aujourd’hui, nous avons une énorme baisse de la consommation, parce que le pouvoir d’achat a baissé », a martelé Sikam, soulignant qu’il « ne s’agit donc plus aujourd’hui pour les entreprises d’une affaire de communiquer plus ou de faire des promos ». L’exode massif des talents, qualifié d’« exilés économiques », vers le Canada, l’Iran et d’autres destinations, serait selon Joël Sikam, la conséquence de cette crise qui prive le pays de ses forces vives.

Le PAJEC, avec sa diversité, veut inverser cette tendance. Il regroupe des entrepreneurs, des salariés et des repreneurs. Ces jeunes héritiers d’entreprises confrontés au « véritable problème » du transfert générationnel, qui cherchent un écosystème moderne où ils pourront se sentir à l’aise pour communiquer. 

Pour structurer cet écosystème, le PAJEC prévoit « des rencontres mensuelles où les entrepreneurs partageront leurs problématiques, des soirées trimestrielles avec des décideurs, comme des ministres ou des capitaines d’industrie, pour renforcer les liens stratégiques », dévoile le président du PAJEC. Des forums économiques régionaux sont également prévus en 2026, notamment au Nigéria au mois de mars et plus tard Kinshasa. « Le Congo Kinshasa, c’est un pays de près de 100 millions d’habitants et un marché privilégié pour le Cameroun », a-t-il affirmé, misant sur la ZLECAf pour amplifier les exportations.  

Succédant au premier président du patronat, Thierry Yamen, Joël Sikam, élu il y a trois mois, veut adopter une approche agile. Il souligne que « L’économie est agile et dans cette agilité-là, il faut se mouvoir et développer de nouveaux mécanismes tout le temps », insistant sur la nécessité de « rassurer les ménages » et de freiner l’exode économique.  

La réussite de ce projet repose donc sur une mobilisation collective des entrepreneurs et une collaboration étroite avec l’État et les partenaires internationaux. 

Share.
Leave A Reply Cancel Reply
Exit mobile version