Richard Evina Obam : « La date butoir de transfert des ressources à la CDEC est fixée au 31 mai 2024 »
(Leconomie.info) - Le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDEC), rappelle le décret du Premier Ministre fixant les modalités de transfert des fonds à la CDEC. Dans l’interview accordée à l'Économie, il évoque les opérations menées un an après sa nomination à la tête de cette structure
Vous avez été porté à la tête de la Caisse de dépôts et consignations du Cameroun (CDEC) en janvier 2023. Où en êtes-vous avec l’opérationnalisation de cette structure ?
L’opérationnalisation est en cours mais a connu beaucoup d’avancées. D’abord en termes d’élaboration des textes d’application. Plusieurs textes d’application ont été élaborés et adoptés par les autorités compétentes. C’est le cas du décret du 1 er décembre 2023 fixant les modalités de transfert des fonds et avoirs dévolus à la CDEC. C’est aussi le cas de la convention signée entre la CDEC et le ministère des Finances sur les modalités d’organisation des opérations à effectuer par les préposés relevant du réseau trésor pour le compte de la CDEC.
Sur le plan opérationnel pur, nous avons procédé à la mise en placedes organes dirigeantes du Conseil d’administration qui a déjà tenu trois sessions qui ont permis d’adopter un plan stratégique triennal, d’adopter les textes internes du personnel notamment le code de déontologie.
Nous avons aussi mis en place une unité projets chargée de mettre en place le plan d’action et progressivement, nous mettons en place les différentes structures issues de l’organigramme adopté par le Conseil d’administration. Toutes les directions ne fonctionnent pas encore mais certaines directions qui présentaient le caractère d’urgence ont été mises sur pied.
Nous avons acquis un siège ici au quartier Bastos et nous avons aussi signé un contrat pour acquérir le logiciel Amplitude qui est un logiciel bien connu dans les milieux bancaires et qui nous permettra de gérer une masse critique de données financières. Dans la même optique, nous avons travaillé avec les différents acteurs détenteurs des ressources de la CDEC notamment les banques, les assurances, les professions portuaires, les professions judiciaires. Nous avons fait des échanges qui nous ont permis d’aplanir les divergences de vue qu’il y avait entre ces acteurs et la CDEC par rapport à la réforme. Toujours en lien avec l’opérationnalisation, nous nous sommes dotés d’un personnel qui va s’enrichir progressivement. A l’heure où nous parlons, nous pouvons dire que la CDEC est opérationnelle, elle fonctionne, peut-être pas encore à 100% mais elle fonctionne.
Parlons justement du fonctionnement avec le transfert des ressources qui a été amorcé avec Banque Atlantique Cameroun et Allianz Cameroun. D’autres entreprises ont-elles engagé le processus ?
L’entrée en scène d’Allianz Cameroun et de Banque Atlantique Cameroun a constitué un déclencheur d’un processus d’adhésion à la réforme. Beaucoup de banques, beaucoup d’assurances et beaucoup d’autres opérateurs ont engagé des discussions avec la CDEC sur les modalités de transfert des ressources et sur la mise en place avec la
CDEC d’un partenariat et les discussions se poursuivent. Il y a les bons signes pour le futur étant entendu que le décret du Premier Ministre fixe comme date butoir au transfert des ressources à la CDEC, la date du 31 mai. Et nous espérons que cet engouement, cette adhésion à la réforme va se concrétiser par la mise en place d’autres partenariats avec d’autres acteurs.
Est-ce que vous avez mis sur pied des mesures de sensibilisation pour encourager ceux qui détiennent encore les fonds de les transférer vers votre structure ?
Oui. Nous avons mis sur pied une approche participative, concertée et partenariale. Le décret du Premier Ministre fixant les modalités de transfert des fonds et avoirs dévolus à la CDEC a été élaboré en amont, de manière conjointe avec la participation des différents acteurs qui ont eu à faire des observations. Ce décret est le fruit de cette large concertation.
Revenant à la sensibilisation, nous avons rencontré les principaux acteurs au niveau de leurs associations. Pour les Banques, ça a été l’Apeccam, au niveau des assurances, ça a été l’ASAC. Après avoir rencontré l’Apeccam, nous avons fait le tour des banques en rencontrant individuellement les directeurs généraux des différents établissements financiers pour discuter avec eux et voir ensemble comment nous pouvons faire pour mener à bien cette réforme sans heurt, en essayant d’aplanir toujours les divergences de vue et en essayant toujours de lever les murs d’incompréhension qui existaient entre la CDEC et les différents acteurs.
Est-ce qu’il y a des mesures contraignantes pour ceux qui traînent encore le pas ?
Comme vous le savez, dans toute action en recouvrement, il y a une phase amiable et une phase répressive. Pour le moment, nous privilégions la phase amiable. C’est pour cela que nous faisons des descentes sur le terrain, nous allons à la rencontre des différents partenaires. Nous sommes à leur écoute et nous arrivons à trouver des solutions amiables. D’ailleurs le décret du Premier Ministre du 1 er décembre a prévu des mesures particulières de transfert des ressources qui peuvent se concrétiser par l’élaboration des échéanciers, l’étalement des transferts, ceci à l’appréciation du directeur général de la CDEC.
Mais c’est une loi. Il faut l’appliquer. Elle a prévu effectivement des mesures de coercition en octroyant le privilège du trésor à la CDEC à travers la loi du 25 juillet 2023. En fin d’année dernière, nous avons fait prêter serment aux porteurs de contraintes au tribunal de grande instance de Yaoundé.
Cette loi prévoit que le secret professionnel n’est pas opposable à la CDEC du fait du privilège du trésor. Et le décret du 1 er décembre 2023 prévoit que la CDEC peut commander des audits externes ou faire des missions de vérification sur pièces et sur place c’est-à-dire au sein des entités concernées. Mais pour le moment, nous privilégions l’approche amiable dans l’espoir que ça porte des fruits.
À quoi serviront les fonds qui seront transférés à la CDEC ?
Les fonds qui seront transférés comme le dit la loi du 14 avril 2008 sont des fonds destinés à être conservés, fructifiés mais aussi destinés à être investis parce que la CDEC, en vertu de la loi peut participer au développement économique du pays en fonction des priorités fixées par le gouvernement. Avec la SND30 qui est la boussole de la planification économique dans notre pays aujourd’hui, plusieurs secteurs sont en déficit de financements et l’une des alternatives du financement de l’économie c’est la CDEC.
Propos recueillis par Hervé Fopa Fogang