Phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala : Les indemnisations avant tout - L'Economie

Le chantier prend du retard dès l’entame. A peine amorcés, que les travaux de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala phase 2, piétinent déjà sur le terrain. « En effet, quelques mois après le lancement de cette phase, les engins de l’entreprise sont à l’arrêt du fait des blocages causés par les populations », informe le ministère des Travaux publics. Pour cause, l’éternel problème d’indemnisation qui freine de nombreux projets de développement au Cameroun.

Les travaux ont été lancés le 2 octobre 2024. Mais ce n’était que de courte durée finalement. Depuis le 17 décembre 2024 (juste un peu plus de mois après), aucun engin de CFHEC, entreprise adjudicataire, ne se déploie sur le terrain notamment, à Bibodi dans le Nyong et Kelle, où les populations impactées exigent d’abord le paiement des indemnisations. Le déforestage et le terrassement étant déjà entamés. Des concertations ont été effectuées depuis lors, fort est de constater qu’elles n’ont pas pu jusqu’ici, faire changer d’avis aux riverains.

« L’entreprise a déforesté sur près de 2 km et ne peut pas poursuivre les travaux, du fait d’un blocage qui ne s’est pas estompé après plusieurs concertations organisées par le Ministre des Travaux publics et au niveau du gouverneur de la région du Centre », fait savoir la cellule de communication du MintpEmmanuel Nganou Djoumessi, chef du département ministériel, était à la rencontre des populations du Nyong et Kelle, le 14 février 2025. Il était question pour lui de s’enquérir de la situation auprès des populations riveraines du tracé de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala. Surtout, « d’échanger directement avec les riverains, dans le but d’obtenir d’eux un consensus et de permettre l’avancement des travaux ».

Les réclamations

« Notre préoccupation première c’est que la route passe. Mais comme la loi le précise, il faut que les populations soient d’abord indemnisées.  Maintenant que le gouvernement dit qu’il n’y a pas d’argent, nous pouvons seulement apporter des idées pour contribuer afin que les choses aillent mieux », s’est exprimé Luc Remy Nge Yembel, porte-parole des populations.

En effet, la population n’adhère pas à cette idée d’indemniser sur 100 m.  Le porte-parole explique qu’« ils ont déjà placé les bornes sur 200 m, cette superficie a déjà été prise. Il faut indemniser avant de construire, c’est ce que demandent les populations. Que le gouvernement essaye d’évaluer le nombre de kilomètres que cette enveloppe peut indemniser, et indemnise ces riverains sur 200 m (largeur de l’autoroute) et qu’on fasse les travaux sur la superficie indemnisée ».

A l’issue des échanges, le Mintp a instruit le paiement anticipé des indemnisations sur 200 m. Pour cela, un comité local a été mis en place pour permettre d’identifier les populations concernées. Il a par ailleurs indiqué que « s’il faut libérer avant d’avancer, nous le ferons, c’est la condition que les populations ont posée avant d’adhérer au projet. Il est hors de question d’engager un bras de fer violent avec les populations riveraines pour une infrastructure autoroutière ».

Des blocages qui pèsent lourd

Des assurances au sujet des indemnisations avaient été données lors du lancement des travaux. Le Ministre des Travaux publics annonçait alors que le chantier ne connaîtrait pas les mêmes entraves que la phase I. Sauf qu’aujourd’hui encore, les mêmes problèmes surviennent avec, à la clé, l’interruption des travaux par les populations riveraines de la localité de Bibodi dans la matinée du 17 décembre 2024, du fait du non-paiement des indemnités liées à l’expropriation des emprises.

Des délais qui s’allongent

Conçue pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des populations, l’infrastructure risque plutôt constituer une autre source de dépenses pour le Trésor public. Le scénario se rapproche des situations déjà vécues dans la réalisation de plusieurs infrastructures de développement au Cameroun. Avec les retards déjà consommés, il est probable que les délais soient rallongés pour un projet dont l’exécution doit durer 36 mois.

Pour la phase I (60 km) par exemple, les travaux ont duré plus de 8 ans pour plus de 300 milliards FCFA. Lors de l’exécution des travaux, les populations avaient bloqué les travaux, pour défaut d’indemnités.

La phase 2 du projet vaut environ 900 milliards FCFA pour 141,1 km. Divisé en cinq lots (Bibodi-Bodmon (39,5 km), Bodmon-Edéa Est (34 km), Edéa Est-Edéa Ouest (30 km), Edéa Ouest-Pitti gare (18 km) et Pitti gare-Massoumbou (19,5 km), le chantier tiendra -t-il sa promesse de 36 mois tel que prévu, si des mois après la pose de la première pierre, les travaux n’évoluent pas sur le terrain ? 

Il était question, selon Emmanuel Nganou Djoumessi lors du lancement de cette phase, que les indemnisations soient réglées par anticipation, afin de favoriser une exécution sans interruption de ce type. A date, le montant exact n’est pas dévoilé, ni même le nombre de personnes à indemniser. Une liste des bénéficiaires a néanmoins déjà été publiée. La liste définitive reste attendue.

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