Accéder à un emploi décent au Cameroun, une équation qui reste difficile à résoudre. Jeunes diplômés ou non, la problématique des opportunités reste préoccupante. Chez les personnes vivant avec un handicap, la situation se présente plus complexe. Elles se heurtent plus souvent à des obstacles majeurs comme la discrimination, l’inaccessibilité des lieux de travail etc.
Dans le cadre de la célébration de l’édition 2024 de la Journée mondiale de la population (JMP), l’Institut national de la Statistique (INS) a rendu publique, une brochure sur la thématique « Personnes vivant avec un handicap et le marché du travail : les faits saillants ». Dans ce document, l’INS présente les défis auxquels font face cette catégorie de personnes dans la société et surtout dans le marché du travail.
« En mettant l’accent sur ce thème, nous souhaitons souligner l’importance de l’avènement d’un marché du travail inclusif qui valorise les compétences et les talents de chaque individu, indépendamment de ses capacités physiques ou morales », a indiqué l’INS.
Déséquilibre sur le marché de l’emploi
Des avancées ont été observées en matière d’inclusion au Cameroun. Sauf que, les personnes vivant avec un handicap continuent de subir des disparités sur le marché du travail, avec un taux d’emploi de 44% contre 60% pour la population générale des 14 ans ou plus. D’où « l’urgence de renforcer les politiques pour une égalité des chances ».
Parlant de la main-d’œuvre, elle représente plus de la moitié de la population en âge de travailler, soit 54%. Chez les personnes handicapées le taux est de 45%, soit une différence de 9 points. Selon le milieu, il est de de 41% en milieu urbain et 49% en zone rurale. D’après les données de l’Institut national de la Statistique, le taux d’emploi est plus élevé chez les femmes handicapées que les hommes vivant avec un handicap.
La région du Sud est en tête avec 79% de femmes dans ce cas, contre 55% chez les hommes. Au Nord, on évoque 60% contre 35%, Adamaoua (51% contre 43%), Douala (48% contre 37%), Nord-Ouest (32% contre 15%), Littoral (33% contre 26%). « Cette situation pourrait traduire l’engagement et la détermination des femmes à s’insérer dans le marché du travail ; surtout pour les activités relevant du secteur informel », lit-on dans la brochure.
Informel : issue de secours
Le secteur informel est celui qui s’ouvre le plus aux personnes vivant avec un handicap, avec une représentation faible dans le secteur formel, et particulièrement chez les femmes. Le secteur informel non agricole occupe 38% de ces hommes et 48% des femmes. Dans le secteur agricole, le pourcentage est similaire entre ces hommes et femmes, avec un taux de 44%.
Dans le secteur formel, seulement 18% d’hommes handicapés ont un emploi dont 12% dans le secteur public et 6% dans le secteur privé formel. Ce pourcentage est encore plus bas chez les femmes. 7% sont intégrées dans le secteur formel avec 5% dans le public et 2% dans le privé formel.
D’un regard général, les personnes qui vivent avec un handicap au Cameroun travaillent à leur propre compte. Il est par ailleurs difficile pour elles, en particulier les femmes, d’accéder aux postes de cadres ou d’employés qualifiés, selon l’INS. Soit seulement 5,6% des hommes et 1,6% des femmes.
Malgré les efforts consentis dans le domaine de l’inclusion et la protection sociale, beaucoup reste à faire pour permettre aux personnes vivant avec un handicap, de trouver une place décente sur le marché de l’emploi. L’Institut national de la Statistique propose ainsi de « renforcer et mieux cibler les politiques et les initiatives visant à promouvoir un accès équitable aux opportunités d’emploi, à réduire les inégalités et valoriser les compétences de chaque individu ».
