On a beau chassé le naturel, il finit par ressurgir. L’espoir commençait pourtant à renaitre après les résultats de la Conac comptant pour l’année 2022, hélas ! un an après, la corruption s’est envolée à nouveau.
La Commission nationale anti-corruption a présenté le 26 septembre 2024, son rapport sur l’Etat de lutte contre la corruption au Cameroun en 2023. Du document, il ressort qu’en dépit des mesures préventives, la corruption continue de faire des ravages au Cameroun comme en témoigne le nombre de dénonciations. En 2023 selon la Conac, il y a eu 7 548 dénonciations contre 7 061 en 2022, soit une augmentation de 487 dénonciations. « 3 273 de ces dénonciations ont été reçues par voie de courrier administratif, 1 245 via la ligne verte (1517), 770 par courrier électronique et 2 260 au numéro WhatsApp » détaille la Conac.
Parmi les secteurs lourdement affectés par les actes de corruption, l’on cite : le secteur éducatif (détournement des frais d’Apee), vente des places lors des recrutements d’élèves dans les établissements scolaires, les détournements de fonds destinés au paiement des prestations des enseignants), les Collectivités territoriales décentralisées (paiement irréguliers pour la délivrance des actes de naissance, arnaque des usagers notamment par certains agents de la police municipale…), l’administration territoriale ( les usagers se plaignent qu’il leur est exigé de l’argent pour que leurs documents soient signés par les autorités administratives).
Dans le secteur des Forces de maintien de l’ordre, il leur est reproché : l’abus de fonction, l’arnaque des usagers de la route, l’exigence des frais non règlementaires pour la délivrance des Cartes nationales d’identité. Au Transport, plusieurs dénonciations selon la Conac portent sur des cas de fraude et de corruption lors des examens pour l’obtention du permis de conduire et la perception illicite des pénalités par des agents préposés à la prévention routière.
L’autre secteur lourdement affecté par la corruption est celui des marchés publics. En 2023 par exemple, 43 entreprises privées ont été exclues de la commande publique par le Ministre des marchés publics pour diverses violations du code des marchés publics.
11 milliards FCFA de préjudice subi par l’Etat
Il ressort « des enquêtes de la Conac, des décisions du Conseil de discipline budgétaire et financière et de celles du Tribunal criminel spécial » que les actes de corruption et infractions assimilées ont coûté à l’Etat du Cameroun plus de 114 milliards de FCFA en 2023. Ce montant est en nette augmentation (109 milliards de FCFA) par rapport à 2022 où il était de plus de 4 milliards de FCFA.
Restitutions du corps du délit
L’un des constats importants qui se dégage du rapport sur l’Etat de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2023 est indéniablement « la montée en puissance des institutions impliquées dans le recouvrement des avoirs issus de la corruption ». Le Tribunal criminel spécial (TCS) a enregistré des restitutions du corps du délit d’un montant total de 1 477 917 993 FCFA dans le cadre de 11 procédures qui ne sont pas précisées. La Société de recouvrement des créances (SRC) quant à elle a effectué un des recouvrements relativement à six décisions de justice d’un montant de plus de 7 milliards de FCFA. « Au regard du préjudice subi par l’Etat du fait de l’augmentation de la corruption, je pense qu’il est peut-être temps de marquer une pause pour revoir la stratégie », commente un analyste des questions économiques et financières.