Les ministres des Finances et de l’Economie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se réuniront le 17 avril 2025 à Paris dans le cadre d’un dialogue de haut-niveau, visant à faire le point sur la stabilité de la sous-région, a appris L’Economie.
À l’invitation d’Éric Lombard, et d’Ivan Bacale Ebe Molina, ministre équato-guinéen des Finances, ces assises verront la participation des responsables des institutions sous-régionales, notamment le Président de la Commission de la Cemac, Baltasar Engonga Edjo’o, et le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Yvon Sana Bangui. Sont également annoncés, des représentants de bailleurs de fonds.
La rencontre du 17 avril prochain, est subséquente celle du 2023 avril, qui avait permis de faire le point sur les effets du Covid-19 sur les économies de la sous-région, ainsi que sur la distribution des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI).
Barrer la voie aux USA
Au moment où les Etats Unis préparent un projet de loi visant à contrer les actions de soutien du FMI à l’endroit des pays de la Cemac, relativement aux réserves brutes de change, les ministres de la sous-région se pencheront sur les différents chocs qui bouleversent l’espace communautaire, dans un contexte de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, ainsi que sur les enjeux de financement des économies.
Il y a des sujets qui, bien qu’ils ne soient pas officiellement à l’ordre du jour, pourraient potentiellement intervenir dans les discussions. En particulier, la question du rapatriement des fonds de réhabilitation des industries extractives. Ce sujet complexe semble reprendre de l’importance, surtout après l’introduction du « Cemac Act » proposé par le congressman républicain William P. Huizenga.
Déposé à la Chambre des représentants des États-Unis, le projet de loi a pour but de limiter le soutien du FMI envers les pays de la Cemac, tant qu’aucune « décision n’est prise concernant les réserves brutes de change ». Cette initiative vise à répondre à la situation préoccupante d’endettement qui touche de nombreux États membres.
En effet, depuis plusieurs mois, les industries extractives, en particulier américaines, ont entamé des négociations étroites avec la Beac au sujet du rapatriement des fonds de préservation, avec le soutien des États membres. Selon le magazine Africa Intelligence, « les pourparlers, menés par le directeur Afrique de la Chambre de commerce des États-Unis, Guevera Yao, bloquent sur l’immunité juridique de la BEAC, sur son rôle de dépositaire des comptes du fonds de réhabilitation, ainsi que sur la mise en œuvre des clauses de double incrimination et de changement défavorable important ». Yvon Sana Bangui avait laissé jusqu’au 30 avril aux opérateurs extractifs pour trouver un accord, sous peine de sanctions.
Ce coup de pression américain est davantage à destination de la direction exécutive du FMI que des États de la Cemac. « C’est le FMI qui, entre autres, a poussé la BEAC à demander à rapatrier les fonds, afin de renforcer les réserves de change et de stabiliser le franc CFA », peut-on lire dans le magazine. Dans son argumentaire, le congressman estime que « le FMI a induit en erreur les États membres de la Cemac ».
La réunion du 17 avril s’inscrit dans le prolongement du sommet extraordinaire de Yaoundé, tenu en décembre 2024, qui avait déjà déclenché des alarmes. En rassemblant les leaders régionaux, le but est de travailler ensemble pour trouver des solutions viables et assurer un avenir prospère pour les États de la sous-région.