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Commerce extérieur : Les limites de l’import-substitution

(Leconomie.info)- Le Cameroun gagnerait à mettre les produits made in Cameroon aux normes, développer les filières et créer les chaînes de valeur pour booster les exportations.

Fongod Edwin Nuvaga, directeur général des Douanes a dispensé le 31 mars 2023, une leçon inaugurale  à l’occasion  de la rentrée solennelle de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam)  sur le thème : « import-substitution et patriotisme économique ». Dans son intervention, il a déclaré en guise d’évaluation  que les premières années de la mise en œuvre de la politique d’import-substitution sont émaillées d’enseignements positifs et négatifs. Pour ce qui est des enseignements positifs,  Fongod Edwin Nuvaga souligne que l’on a observé une véritable frénésie des opérateurs économiques à investir au Cameroun pour profiter du cadre incitatif « avec toutes les retombées positives que notre économie engrangera dans quelques années ».

 Aussi, il précise qu’il y a eu la création de plus de 12 000 emplois nouveaux avec des conséquences induites sur le pouvoir d’achat, la fiscalité et le bien-être social. Comme autre aspect positif de la mise en œuvre de la politique de l’import-substitution, le directeur général  des Douanes précise qu’il y a eu une augmentation  des investissements des entreprises existantes, une dépense fiscale à la porte liée à l’ensemble des exonérations concédées au niveau  de la Douane lors des importations et exportations qui « est largement compensée par les recettes payées à la direction générale des impôts ».

La baisse sensible des importations de certains biens soumis au droit d’accises dans le cadre de l’import-substitution ainsi que de ceux faisant l’objet de valeurs administratives n’est pas en reste des enseignements positifs  de la mise en œuvre de la politique d’import-substitution.

Survivance de la politique des exonérations en faveur de certains biens

Au cours de sa conférence inaugurale à l’Enam, Fongod Edwin Nuvaga a également présenté les aspects qui plombent la meilleure mise en œuvre de la politique d’import-substitution. Il a évoqué la survivance de la politique des exonérations en faveur de certains biens de grande consommation (riz, poisson, blé, lait, huile de palme)  que l’on pourrait facilement produire au Cameroun, avec pour conséquence une sortie d’importantes devises.  « Comment comprendre que nous exonérons ces produits alors que le Cameroun regorge d’importants cours d’eaux et autant d’espaces verts qu’il suffit de cultiver pour résorber en partie le chômage des jeunes ? Comment comprendre que le Cameroun importe désormais de l’huile de palme brute du Gabon (+9 milliards de FCFA en 2022) ? » s’interroge Fongod Edwin Nuvaga.

Dans la même veine, il souligne que la qualité approximative et non compétitive de certains produits fabriqués localement constituent « aussi les limites à la promotion du made in Cameroon ».   Enfin, « les contraintes découlant de certains instruments internationaux   signés par le Cameroun, notamment avec l’Union européenne et surtout l’OMC, qui récusent l’adoption  des mesures de protectionnisme constituent également des freins à la pleine promotion du made in Cameroon ».

Pour une mise en œuvre efficace de la politique d’import-substitution, le directeur général des Douanes propose entre autres l’adoption des textes contraignant les supermarchés et autres malls à réserver au moins 30% de leurs rayons de vente aux marchandises made in Cameroon, la re-fiscalisation graduelle des biens de grande consommation (riz, blé, poissons, lait), l’augmentation du montant des dotations budgétaires  dédiées au financement de l’import-substitution, le renforcement des capacités des collectivités territoriales décentralisées en matière d’investissement dans les secteurs productifs, l’intensification des campagnes de sensibilisation et de promotion du « made in cameroon », notamment à travers l’insertion dans les programmes scolaires, « pour vulgariser notre savoir-faire et présenter nos produits ».

Suivant un analyste, le Cameroun gagnerait plutôt  à se spécialisé dans les chaînes de valeur surtout dans les secteurs porteurs au niveau mondial. «  Le pays gagnerait à se mettre aux normes afin d’accentuer les exportations » souligne l’analyste.

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