Le silence règne en maître sur la place boursière de la CEMAC. Aucune valeur, aucun franc n’a été échangé ou transigé entre le 15 et le 27 octobre 2025. Les bulletins officiels publiés sur cette période, confirment cette inertie totale, malgré une hausse mécanique de l’indice BVMAC All Share de 0,56 %.
L’indice, qui clôturait à 1 028,58 points le 15 octobre (sa valeur de clôture depuis le 1er octobre), a terminé la période à 1 034,33 points. Cette progression s’explique exclusivement par le bond du titre SAFACAM, passé de 27 000 à 28 500 francs CFA le 21 octobre, soit une hausse de 5,56 % en une séance. Aucun volume n’a accompagné ce mouvement, illustrant une fois de plus la déconnexion entre les cours et la liquidité réelle sur ce marché.
L’admission de la Société Nationale des Pétroles du Congo le 15 octobre, avec une émission obligataire de 32,086 milliards de francs CFA à 6,5 % net sur cinq ans, a constitué le seul événement notable. Cotée à parité, cette ligne a porté l’encours total des dettes cotées à 1 429,88 milliards de francs CFA, en hausse de 2,3 % sur la période. Mais là encore, aucune exécution n’a suivi cette entrée en bourse. Les carnets d’ordres, seuls témoins d’une activité potentielle, ont montré des signes de désengagement. Les demandes sur SOCAPALM ont fondu de 202 à 49 actions, tandis que les offres sur SCG-Ré ont chuté de 1 197 à 383 unités. L’offre sur l’obligation BDEAC 5,45 % 2020-2027 s’est effondrée de 555 à 55 titres. Ces mouvements traduisent un attentisme généralisé, les investisseurs institutionnels et particuliers semblant attendre un signal clair pour revenir sur le marché.
La capitalisation boursière a mécaniquement progressé de 1,86 milliard de francs CFA pour atteindre 457,43 milliards, portée par la revalorisation de SAFACAM. Le flottant suit la même trajectoire, à 66,98 milliards. Des chiffres qui masquent une réalité brutale : sans volume, ces progressions restent purement comptables. Dans ce contexte, les OPCVM demeurent les seuls vecteurs de performance. Le fonds HARVEST ACTIONS CEMAC affiche un gain trimestriel de 5,07 %, tandis que CONTACTURER OBLIGATAIRE-PARTS A signe la meilleure progression hebdomadaire à 2,86 %. Les investisseurs avertis se tournent vers ces véhicules pour capter du rendement là où la cote directe reste figée.
Ce marasme prolongé soulève des questions structurelles. Avec seulement six actions cotées et une profondeur de marché limitée, la BVMAC peine à attirer les flux nécessaires à son développement. L’entrée de SNPC constitue un pas positif, mais sans exécution, elle reste symbolique. Les sociétés de bourse, anonymes dans les carnets, observent sans agir. Les séances de cotation du mois de novembre qui, selon les espérances pouvaient relancer l’activité, s’inscrivent elles aussi dans la même trajectoire.
