Baisse des taux directeurs de la Beac : Les incidences sur le marché des capitaux - L'Economie - Actualité économique, Cemac, Afrique

La première session du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale s’est tenue le 24 mars 2025 à Malabo en Guinée Equatoriale, sous la présidence de Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Beac et président du CPM.  

« Après analyse de l’évolution  récente des conditions économiques et financières caractérisée notamment au niveau international par une stabilisation de la croissance économique, la poursuite de la désinflation et l’assouplissement des politiques monétaires des banques centrales des principales  économies, et au niveau sous-régional, par un renforcement de la position extérieure de la monnaie et une atténuation des tensions inflationnistes, le CPM a décider de ramener le Taux d’intérêt des appels d’offres de 5,00% à 4,50% , le taux de la facilité de prêt marginal de 6,75% à 6,00% » souligne Yvon Sana Bangui. Il faut dire que c’est la première fois en 2 ans que la Beac baisse ses taux directeurs.

Dans une tribune publiée par nos confrères de Financial Afrik, Denis Nzifack, économiste, analyse et gestionnaire de portefeuille et Franky Bunang, Analyste des opérations chez Harvest Asset Management soulignent que l’ajustement des taux directeurs de la Beac aura sans doute des incidences sur le marché des capitaux.

« Cet assouplissement monétaire devrait apporter un soulagement au marché des capitaux de la CEMAC. En effet, cette baisse des taux intervient dans un contexte de ralentissement des activités de marché. À la fin 2024, sur le marché des Titres Publics de la BEAC, malgré une hausse de l’encours à 7 437,2 milliards de FCFA, la variation en valeur relative la plus faible depuis 2018 a été observée, avec une augmentation de 16% contre 20,7% en 2023 et 84,3% en 2019. De plus, le coût des ressources en moyenne générale est passé de 6,82% à 7,66% entre 2021 et 2024 lié en partie à la politique monétaire restrictive » expliquent Denis Nzifack et Franky Bunang.

Sur le marché financier sous-régional ajoutent t’ils, des annulations d’emprunts obligataires ont été observées pour le Cameroun, le Tchad, le Congo et la BDEAC. « Selon le plan de financement initialement transmis aux investisseurs, ces émetteurs devaient lever respectivement 200, 100, 100 et 50 milliards de FCFA sur le marché. Cependant, la stratégie a été modifiée en raison des conditions de crédit toujours difficiles. De plus, sur le compartiment actions, une baisse de 6,42% a été notée contre 3,28% en 2023 et une hausse de 4,2% en 2022 » précisent-ils.

Plaidoyer pour de nouveaux ajustements

Denis Nzifack et Franky Bunang disent attendre d’autres baisses de taux directeurs dans une fourchette de [75 – 100] points de base d’ici la fin 2025, notamment lors des CPM de juin et décembre 2025. « Ces assouplissements monétaires pourraient apporter plus de liquidités sur les marchés. Cette liquidité sera favorable aux émetteurs, car ils verront leurs coûts d’emprunts baisser, ce qui sera bénéfique pour les levées de ressources sur les marchés. Par ailleurs, elle favorisera une bonne dynamique sur le marché actions » précisent-ils.

Cependant, Denis Nzifack et Franky Bunang recommandent une approche prudente aux autorités, « surtout dans un contexte marqué par l’ajustement des prix des carburants à la pompe en Guinée Équatoriale, la perspective d’une nouvelle hausse des prix des transports urbains au Congo, la situation inflationniste tendue au Tchad et le niveau d’inflation élevé au Cameroun ».

Il faut souligner que le CPM a décidé de maintenir le taux de la facilité de dépôt à 0,00% et les coefficients de réserves obligatoires à 7,00% sur les exigibilités à vue et 4,50% sur les exigibilités à terme.  

Des prévisions macroéconomiques et financières actualisés  en février 2025, la Beac  table sur : un renforcement de la croissance à 2,9% contre 2,6% en 2024, en lien avec la bonne tenue des activités non pétrolières(3,9% en 2025, contre 3,1% en 2024), un repli du taux d’inflation sous la norme communautaire, autour de 2,9% en moyenne annuelle, contre 4,1% en 2024, une légère amélioration du solde budgétaire, base engagement, hors dons, à -0,9% du PIB en 2025, après -1,2% du PIB un an plus tôt, une dégradation du solde du compte courant, dons officiel compris, à -4,0% du PIB , après -0,4% un an auparavant.

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