« En exécution des Très Hautes Instructions de Monsieur le Président de la République, j’ai l’honneur de vous faire connaitre qu’il vous prescrit de procéder à la libéralisation des importations des produits pétroliers ». C’est l’extrait d’une correspondance adressée le 14 décembre 2023 à Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’énergie (Minee), par Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’Etat, Secrétaire général à la présidence de la République.
Dans cette correspondance, le Chef de l’Etat instruit au Minee de réhabiliter la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH), dans la fonction de pilotage du processus d’attribution des quotas aux importateurs majeurs du secteur, présentant les profils techniques et financiers leur permettant de procéder immédiatement aux importations, de permettre aux marketers d’acquérir les produits pétroliers directement auprès des fournisseurs de leur choix, de veiller à ce que les entreprises chargées de l’importation et de la distribution des différents produits respectent les prix homologués par le gouvernement, de confier à la société Hydrocarbures analyses contrôles (Hydrac), filiale de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), le contrôle-qualité des produits importés, et à la Sonara la confirmation des analyses réalisées par la société Hydrac .
Crée le 18 janvier 1982, Hydrac veille à la sauvegarde des intérêts du Cameroun dans toutes les transactions pétrolières. Cette société travaille depuis des années au contrôle et la certification des quantités et la qualité des pétroles brutes, produits pétrolier et dérivés.
« Cette libéralisation est une bonne chose. Dans une économie libérale, chaque importateur travaille avec les fournisseurs sélectionnés par lui, pas imposés par le pouvoir exécutif », souligne un économiste. « Une instruction du président de la République de ce 14 décembre 2023 vient de fixer le cadre de la libéralisation de l’importation du carburant. Depuis des années, c’était l’affaire des pontes. Chaque année, elles négociaient contre de grosses commissions (des milliards), des commandes de carburant au profit des traders et fournisseurs internationaux. Cet aspect de corruption ressort dans l’affaire Glencore. Si cette instruction sur la libéralisation est à encourager, la fixation des quotas d’importation par la Csph, et le contrôle de la qualité par la Sonara demeurent des autres sources de marchandage et d’enrichissement illicite », martèle Christian Ntimbane Bomo, avocat.
La décision de libéraliser les importations des produits pétroliers intervient dans un contexte où l’essence se fait rare dans les stations-services depuis quelques semaines.