Le top management de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-co) a désormais une position officielle quant aux revendications formulées par les pilotes membres du Spinac. En effet, suite au préavis de grève de 8 jours du Spinac, adressé au délégué régional du Travail et de la Sécurité sociale pour le Littoral, dans lequel il accuse le Directeur général de la compagnie aérienne nationale, Jean Christophe Ella Nguema, de maintenir de manière « obsessionnelle », « un climat délétère de tension sociale explosive par la violation ostentatoire du Code du Travail, du Code Pénal…», au sein de l’entreprise, ce dernier dans une lettre au président de cette organisation syndicale a apporté des éléments de réponse à ce qu’il considère comme « des propos alarmistes et diffamatoires », dont la seule visée est de « ternir l’image de marque de la Compagnie aérienne nationale ».
Si le manager reconnaît avoir entrepris des démarches pour ramener à la raison les insurgés, il condamne dans le même temps, l’attitude « radicale » et « extrémiste » des membres de ce syndicat, motivés par des « considérations réfractaires à toute forme de conciliation ». Point par point, Christophe Ella, aux commandes de la compagnie aérienne nationale depuis 2021, dénonce les « propos alarmistes et diffamatoires » formulés dans le préavis de grève.
L’emploi des pilotes expatriés
Alors que le Spinac dans son préavis de grève conteste l’embauche des pilotes expatriés et même la présence des officiers pilotes militaires dans les effectifs de Camair-co, le Directeur général, Jean Christophe Ella Nguema assure que Pilotes militaires détachés à Camair-Co sont au nombre de 04, tous Commandants de Bord, bien avant l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, dont un Instructeur, sur une population totale de 26 Pilotes. « Ces Pilotes Militaires présents dans la Compagnie depuis 2012, font partie des Personnels les plus anciens et les plus expérimentés, et ont au même titre que les Pilotes Civils, suivi toutes les formations réglementaires exigées par l’Autorité de l’Aviation Civile camerounaise », peut-on lire. Pour ce qui est des pilotes étrangers, explique le DG, ils sont au nombre de 3 sur une population de 26 pilotes.
Dans son document de 18 pages consulté par L’Économie, Camair-Co indique avoir mis en œuvre l’harmonisation des contrats de travail de son personnel, en tenant compte des dispositions du Code du Travail, et de la loi sur l’Aviation Civile au Cameroun. Dans le cadre du dialogue social, « les éléments de l’harmonisation ont été présentés au syndicat, et leur avis a été sollicité. Toute cette démarche a été faite pour apaiser le climat social, et ne saurait aller à l’encontre des dispositions du Code du Travail, ni du Code Pénal », rassure le top management.
Sur le plan de la santé du personnel, apprend-on, ce dernier est astreint aux visites systématiques, et bénéficie aussi d’une assurance maladie. Quant au personnel navigant, il bénéficie d’une assurance risques professionnels, et « est à jour des exigences règlementaires en matière d’aptitude physique et mentale ».
La gestion des avions conforme aux normes
S’agissant de la gestion de la flotte du transporteur aérienne nationale, Jean Christophe Ella fait savoir qu’elle est suivie selon un programme de maintenance élaboré sur « la base des recommandations des constructeurs, approuvé par l’Autorité de l’Aviation Civile, et mis en œuvre par un Organisme de Maintenance Agrée et reconnu mondialement ». Cette maintenance, précise-t-il, est régulièrement surveillée par l’Autorité Aéronautique Civile camerounaise.
« Les tolérances techniques et dérogations sont autorisées par l’autorité aéronautique sur la base des dispositions des manuels techniques des constructeurs. Elles sont limitées dans le temps et soumises à une procédure spécifique mentionnée dans le programme d’entretien de l’aéronef concerné », ajoute le DG, tout en rassurant que les avions acquis par Camair-co sont soumis à l’approbation préalable de la CCAA, et sont compatibles au réseau actuellement exploité par Camair-Co.
Concernant la discrimination « manifeste au profit des Pilotes expatriés » évoqué par le Spinac, l’on apprend dans la lettre du top management que sur la période allant de janvier à juillet 2024, les salaires perçus par les Commandants de bord camerounais en activité de vol varient entre 21,530 millions de FCFA et 37, 692 millions FCFA contre ceux perçus par les copilotes étrangers qui varient entre 17, 351 millions de FCFA et 20,978 millions de FCFA.
Les salaires du personnel
Sur le point concernant le refus de régulariser les salaires des Pilotes, suite aux modifications « unilatérales et illégales » de leur contrat de travail avancé par le Spinac, la compagnie aérienne explique : « la modification des éléments salariaux était à l’initiative du corps des PNT. Suite à un constat des disparités et des irrégularités, le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale a recommandé l’harmonisation des contrats de travail. Un Code de rémunération a été élaboré pour résoudre ces problèmes de régularisation, et a été proposé aux Délégués du Personnel ».
Parlant des salaires impayés, ils concernent la période d’inactivité due à la Covid-19. Ils ont été matérialisés par la signature d’un PV entre chaque employé et Camair-Co, et font partie de la dette sociale, inclue dans la dette qui doit faire l’objet d’un traitement par le Ministère des Finances, dans le cadre de la restructuration et relance de la Compagnie.
Acquisition d’une flotte et reprise des vols longs courriers
Sur ce volet, Jean Christophe Ella renseigne que le business plan 2024 – 2028 intègre un plan de reconfiguration de la compagnie, qui sera développé pour tenir compte des besoins issus de l’expansion du réseau. Le même business plan prévoit également « des diligences nécessaires et préalables », à la reprise des vols régionaux et intercontinentaux.
