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Pr Alain François Kamdem Waffo : « Les microplastiques ont des effets néfastes sur notre santé »

(Leconomie.info) - L’enseignant à la Faculté des sciences de l’université de Douala a organisé les 27 et 28 septembre 2024 dans la capitale économique un atelier sur l’impact des microplastiques dans l’environnement aquatique au Cameroun avec l’appui du DAAD, office Allemand des échanges universitaires.  

Vous venez d’organiser un atelier sur l’impact des microplastiques dans l’environnement aquatique au Cameroun. Pourquoi réfléchir sur une telle thématique en ce moment précis ?

Vous savez, nous avons connu des fortes pluies dans notre pays ces derniers temps. Elles ont provoqué de graves inondations qui ont fait d’énormes dégâts. Les cas de la ville de Douala et surtout de la région de l’Extrême-Nord sont encore frais dans nos mémoires. Les autorités et les chercheurs ont analysé ce problème sous plusieurs angles comme les causes, les dégâts avec des chiffres qui les évaluent et les maladies hydriques qui en découlent, les mesures à prendre pour secourir les victimes, les actions à mener pour éviter que de telles catastrophes ne se produisent à nouveau.

Mais personne n’a encore soulevé le problème des déchets plastiques et de leurs conséquences sur l’environnement et sur la santé de la population. Avec la quantité phénoménale de déchets plastiques qui sont rejetés dans l’environnement, et les microplastiques qui sont infiltrés dans le sol et dans l’eau, il est capital de réfléchir sur leurs effets néfastes sur notre santé. Ces microplastiques s’infiltrent dans le sol et dans l’eau, puis sont ingérés par les plantes et les animaux dont nous nous nourrissons. C’est ainsi qu’ils se retrouvent dans nos organismes et peuvent provoquer des maladies non transmissibles telles que le cancer, le diabète, les troubles cardiovasculaires et les maladies rénales, chroniques des poumons, des troubles de l’attention et des problèmes de fertilité.

Il est donc en fait grand temps de discuter de ce problème pour commencer à réfléchir sur des solutions qui nous permettront de limiter les dégâts et d’inverser la tendance.

Quel est l’état des lieux de la pollution de l’environnement aquatique par les microplastiques dans notre pays ?

Lorsque nous considérons qu’à l’échelle mondiale une dizaine de millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans les mers et océans, il est aisé de mesurer l’ampleur des dégâts. Dans notre pays, il n’existe pas de statistiques précises sur les déchets plastiques et les microplastiques présents dans l’environnement. Cette rencontre sera justement l’occasion de nous interroger sur la question et d’essayer d’apporter des réponses à cette question.

L’atelier que nous avons organisé a permis de faire le point et de soulever les interrogations qui pourront orienter les recherches futures. Il était essentiellement question pour nous de tirer la sonnette d’alarme sur un problème crucial qui est hélas trop souvent négligé.

Quels en sont les conséquences ?

Comme je l’ai indiqué plus haut, la situation est alarmante. Les conséquences directes de la présence des microplastiques dans notre environnement sont que l’eau que nous utilisons quotidiennement (y compris pour notre consommation), les plantes dont nous nous nourrissons et les animaux dont nous consommons la viande contiennent des microplastiques. Ils se retrouvent naturellement dans notre organisme et provoquent des maladies graves. J’ai déjà cité différents types de cancer, le diabète, les troubles cardiovasculaires et les maladies chroniques des poumons, des troubles de l’attention et des problèmes de fertilité.

Il s’agit donc là d’un sérieux problème de santé publique malheureusement méconnu et par conséquent négligé. Il était grand temps pour les chercheurs que nous sommes de tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention de notre société sur un fléau qui la décime à petit feu.

Comment faire pour éradiquer ce phénomène

Les solutions sont nombreuses. D’abord, il faudrait limiter ou, mieux, bannir le plastique pour stopper leur prolifération dans l’environnement. Ensuite, il faudrait massivement s’investir dans le nettoyage systématique de notre environnement et de nos eaux pour éliminer les microplastiques et leur contamination. Évidemment, les maladies qu’elles provoquent devraient faire l’objet d’une lutte ciblée et acharnée.

Comme vous le constatez, il ne s’agit pas d’une mince affaire. Toutes les composantes de notre société doivent mettre la main à la pâte. Les pouvoirs publics ont la responsabilité d’organiser cette lutte d’envergure et donner des directives, notamment en créant des lois et en imposant leur respect. Les entreprises devraient être obligées de trouver des alternatives au plastique et à investir dans le recyclage des déchets que leurs activités ont produits. Les consommateurs devraient être sensibilisés sur les risques qu’ils courent afin que, progressivement, ils abandonnent le plastique au profit de matières moins nocives.

Quels sont les partenaires qui ont été impliqués dans l’organisation de votre atelier ?

Il est évident que nous n’aurions pas pu organiser cette rencontre de haut niveau sans le soutien d’un certain nombre de partenaires importants.

D’abord, nous tenons à remercier le DAAD, Office allemand des échanges universitaire, et à travers lui, le Ministère fédéral de la coopération économique et du développement, qui ont assuré le financement de cette conférence.

Ensuite, l’IUT et, à travers elle, l’Université de Douala, pour leur soutien multiforme dont la partie la plus visible est la mise à notre disposition des locaux et de la logistique.

Je ne pourrais pas oublier la Faculté des Sciences de l’Université de Douala, l’institution au sein de laquelle j’exerce et effectue l’essentiel de mes recherches et qui m’a apporté son soutien multiforme. Puis, nous ne pouvons pas omettre de citer les différents intervenants qui ont mis leur expertise à notre disposition en abandonnant leurs activités pour venir nous éclairer, chacun sous le prisme de sa discipline.

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