(Leconomie.info) – Les deux pays ont signé le 13 décembre 2024 à Malabo, un accord de transport maritime et terrestre. Un partenariat qui, selon les experts, pourra impacter sur la compétitivité des ports camerounais, et engendrer des manques à gagner d’environ 340 milliards de FCFA.
Le Tchad et la Guinée Equatoriale sont désormais liés par un accord de transport maritime et terrestre. En effet, la convention de transport routier signée entre le Tchad et le Cameroun en 1999 qui se réfère à la Convention de la CNUCED du 8 juillet 1965 relative au commerce de transit des Etats sans littoral, est régulièrement mise à l’épreuve en raison de nombreuses contraintes.
Les postes de contrôle pléthoriques, la corruption et l’insécurité le long des corridors de transit causent des retards considérables et affectent l’efficacité du commerce tchadien. La situation s’est détériorée ces dernières années au point que le Tchad, pays de l’hinterland, a cru bon de diversifier ses voies d’accès aux marchés internationaux, en s’offrant un nouveau partenaire.
Le rapprochement entre Ndjamena et Malabo ne sera pas sans conséquence pour le Cameroun, qui a jusqu’à présent dominé le transit dans la sous-région. Le pays pourrait voir sa part de marché sérieusement affectée. Selon les experts, cet accord entre le Tchad et la Guinée Équatoriale pourrait en effet porter atteinte à la compétitivité des ports camerounais. De nombreux acteurs économiques s’inquiètent de la perte potentielle de trafic et de revenu, qui pourrait affecter leur trésorerie, avec une perte potentielle de 340 milliards de FCFA par an. « Les ports de la Guinée équatoriale vont profiter des opérations des chargeurs du Tchad et le corridor Malabo-Bata-N’Djamena va juste passer au Cameroun en Transit. Ce sont les ports camerounais qui vont perdre en compétitivité », nous confie une source proche du gouvernement équato-guinéen.
Le monopole du Cameroun en Afrique centrale à rude épreuve
Le rapprochement entre le Tchad et la Guinée équatoriale représente un développement non négligeable dans le paysage économique et stratégique de la région centrale de l’Afrique. Ce nouveau partenariat pourrait entraîner un détournement des échanges commerciaux vers les ports équato-guinéens, menaçant ainsi la position dominante du Cameroun. Les ports de Kribi et de Douala, qui ont longtemps servi de principales portes d’entrée pour le commerce dans la sous-région, devront désormais faire face à la concurrence.
D’après les données de la douane camerounaise, le Tchad et la RCA, deux pays n’ayant pas d’ouverture sur la mer, font respectivement transiter 340 milliards de FCFA et 55 milliards de FCFA de marchandises depuis le Cameroun. Avec le nouveau partenaire tchadien, la perte de trafic maritime vers les ports camerounais pourrait entraîner une diminution des revenus, estimée à 340 milliards de FCFA par an.
Pour les autorités tchadiennes, l’accord avec la Guinée Equatoriale devrait « non seulement simplifier les opérations de transit », mais également « accroître la productivité, la compétitivité et stimuler la croissance économique » du Tchad. Même sentiment côté équato-guinéen qui met en place, un programme ambitieux de diversification, avec des engagements d’investissement dans des infrastructures pour accroître la productivité et accélérer sa croissance économique.
Le corridor Douala-Ndjamena : une route épineuse
Traverser le corridor Douala-Ndjamena, long de 1844 km, est un véritable parcours du combattant. Les transporteurs routiers qui assurent le fret terrestre entre la capitale économique du Cameroun et Ndjamena au Tchad, sont régulièrement confrontés à de nombreuses difficultés, notamment des tracasseries policières causées par une multitude de postes de contrôle où ils doivent souvent payer des pots-de-vin pour pouvoir avancer.
En s’alliant à la Guinée Équatoriale, le Tchad aspire à diversifier ses routes de transit et à alléger les contraintes qui nuisent au commerce. Cette démarche pourrait également inciter le Cameroun à revoir sa stratégie logistique pour éviter de perdre son rôle de plaque tournante dans la sous-région.