L’histoire remonte à 20 ans, l’inauguration du pipeline Tchad-Cameroun. Cette infrastructure d’envergure dont la part dans l’économie camerounaise n’est pas négligeable. Le 11 septembre 2003, elle recevait ses premières coulées de pétrole brut en provenance du Tchad. L’oléoduc a cependant été mis officiellement en service, le 12 juin 2004 par Paul Biya, président de la République et Idriss Deby Itno, président tchadien à cette date, de regrettée mémoire.
Retombées économiques
Le pipeline Tchad-Cameroun, au-delà de renforcer les liens entre ces deux pays frères, a contribué à améliorer les conditions de vie des populations. Le Cameroun en a tiré profit en vingt ans d’exploitation. En termes de ressources financières, il a généré plus de 500 milliards FCFA à l’Etat au cours des deux décennies (431,41 milliards FCFA au 15 septembre 2023), au titre des droits de transit.
Ces derniers ont évolué au fil des ans, passant de 0,41 dollars US/baril en 2003 à 1,321 06 dollars US depuis 2018 (environ 850 FCFA), alors qu’il était de 1,3 dollars US en 2013. Il a été convenu au terme des négociations entre les parties, d’effectuer desormais une révision tous les 5 ans. Sur 30 ans il est estimé à 900 millions de dollards, le bénéfice du Cameroun en termes de droit de transit. Entre 2020-2022 la redevance a produit 113,6 milliards FCFA.
Impluser la coopération sud/sud
Les retombées vont aussi au niveau de la création d’emplois. Le projet a fourni à peu près 5 000 emplois, soit 3 500 emplois au-dessus du nombre initialement prévu (1 500). Sur 18 fibres dans les câbles à fibres optiques, le Cameroun à lui seul a bénéficié de 12. La Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), va utiliser les six autres.
Le projet est un bel exemple d’intégration sous régionale. Le Cameroun par cet Oléoduc a tendu la main à son frère du Tchad, pour l’aider à produire et à vendre son pétrole.
Des millions de barils transportés
Entre 2004 et 2024 l’oléoduc a transporté 904,68 millions de barils. Ce projet devrait générer une durée de 30 ans des recettes (Impôts et taxes, retenues sur le pourcentage des ventes et bénéfices sur le capital de TOTCO) de 8,5 milliards de dollar USA (5.100 milliards de F.CFA) à la république du Tchad et des recettes (Droits de transit, impôts et taxes sur le transport et bénéfices sur le capital de COTCO) de 900 millions de dollars US (540 milliards FCFA) au Cameroun.
Par ces revenus, le projet a permis aux deux pays de promouvoir le développement au sein de leurs communautés. Des écoles et centres de santé ont été construits, et bien d’autres infrastructures ont été mises en place au profit des populations. Par ailleurs, il a contribué à améliorer les gains des agriculteurs et aussi dans l’élevage, entre autres.
L’oléoduc est long de 1070 km, dont 890 km se trouvent au Cameroun. L’infrastructure s’étend de Doba au Tchad à Komé à Kribi, dans le Sud du pays. C’est le plus grand projet jamais réalisé en Afrique subsaharienne.
Celle-ci a respecté tous les aspects environnementaux, notamment à travers les protections mises pour empêcher la corrosion devant favoriser la fuite de pétrole. Le projet coûte 3,5 milliards de dollars US (2.100 milliards de FCFA) re parti en 1,6 milliard pour l’exploi tation et 1,9 milliard pour l’oléo duc.
Brouille sur le pétrole
Le pipeline était en passe d’être fermé. Une crise entre le Cameroun et le Tchad, du fait de l’acquisition des actifs de Savannah energy dans le champ pétrolier du Tchad par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH). Les tensions ont amené le Tchad à rappeler son ambassadeur. Fort heureusement, la transaction a été gelée le 13 juin 2023, au terme d’un conseil d’administration extraordinaire. Depuis, l’apaisement est revenu entre ces pays voisins.