Le Tchad fait face, depuis quelques semaines déjà, à une pénurie de ciment sans précédent. Pour cause, la rareté du clinker, un constituant essentiel dans la fabrication de ce produit. Cette situation a entrainé une hausse vertigineuse des prix, allant de 8 500 FCFA à 13 000 FCFA pour un sac de 50 kg.
Le 6 mars 2025, les Opérateurs économiques de la communauté tchadienne (OPECT) ont adressé un courrier au Directeur général de la Cameroon Railways (Camrail) pour lui signaler une « immobilisation prolongée » des cargaisons. A la suite du patron de l’OPECT, le Conseil des Chargeurs du Tchad s’est également indigné des difficultés sur l’acheminement des produits alimentaires.
Le 19 mars 2025 à Douala, le Directeur commercial et marketing de l’entreprise, Alain Minoue, a donné des raisons pouvant justifier certains manquements, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires. « Face aux difficultés rencontrées en ce début d’année 2025, Camrail a mobilisé toutes ses ressources pour maintenir la fluidité du transport ferroviaire et garantir l’approvisionnement régulier des produits essentiels destinés au Tchad ».
8 déraillements au premier trimestre 2025
Depuis janvier de l’année en cours, des perturbations ont été enregistrées sur le réseau ferroviaire, avec des conséquences sur les délais de transport de certaines cargaisons. « Camrail a dû faire face à huit déraillements et deux incidents majeurs ayant affecté ses capacités de traction », révèle Alain Minoue. Ces difficultés, justifie l’entreprise, ont occasionné un ralentissement temporaire des livraisons. « La situation est désormais quasi résolue et le transport des marchandises a repris son cours normal », apprend-on.
Toutefois, depuis janvier 2025, Camrail confie avoir consacré 70 % de ses capacités de transport à l’acheminement de produits de première nécessité tels que le sucre, la farine, les pâtes alimentaires et le riz à destination du Tchad. Sur la même période, l’entreprise déclare avoir expédié pas moins de 247 wagons de Douala et réceptionnés à Ngaoundéré pour être acheminés par camion au Tchad. Dans le même temps, 241 wagons ont été expédiés au départ de Ngaoundéré pour Douala.
Les raisons de la pénurie du ciment sont ailleurs
A date, seulement 6,92 % des matières premières destinées aux cimenteries tchadiennes sont transportées par rail. Ce faible pourcentage, selon Camrail, est justifié par le fait que les autorités ont choisi de privilégier le transport routier. Pour preuve, un accord avait été mis en place pour permettre le transport de 60 000 tonnes de ciment par Camrail, mais au bout du compte, aucune cargaison ne lui a été « confiée ». « Ainsi, il est inexact d’attribuer à CAMRAIL la responsabilité des difficultés rencontrées par les cimentiers tchadiens », affirme Camrail.
« Nous restons mobilisés pour apporter des solutions pérennes aux enjeux logistiques et renforcer la fiabilité du transport ferroviaire. En collaboration avec l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique, CAMRAIL s’emploie à décongestionner le Port de Douala et à optimiser le transport des marchandises vers Ngaoundéré, afin de continuer à répondre efficacement aux besoins de ses partenaires commerciaux et des populations », rassure la filiale de camerounaise d’Africa Global Logistics.
Des investissements en vue
Sur la période 2025 – 2030, Camrail envisage d’acquérir une centaine de wagons et d’une dizaine de locomotives à forte capacité de traction. De même, le transporteur ferroviaire annonce également son implication dans le renouvellement de la section de la voie ferrée entre Belabo et Ngaoundéré sur une distance comprise entre les PK 555+500 et PK 884+690 soit 329,190 Km.
D’un coût total de 167,3 milliards FCFA, ce projet comporte des travaux de remplacement des rails, du ballast et des traverses, avec réhabilitation de certains ouvrages d’art et ouvrages hydrauliques, la stabilisation des zones critiques de la plateforme (talus des zones de déblais et remblais). Les travaux, qui devront durer 7 ans, entrent dans le cadre du Programme quinquennal n°2. Ils vont permettre à terme, d’optimiser à la fois les capacités de traction et de transport.