Comment les gouvernements peuvent-ils collaborer au niveau régional pour réduire les coûts liés à la connectivité et aux initiatives transfrontalières régionales ?
La collaboration des gouvernements africains en vue de réduire les coûts liés aux initiatives numériques transfrontalières constitue un levier crucial pour le développement économique et social du continent. La réussite de projets numériques communs nécessite une synergie et une coopération renforcées, s’appuyant sur plusieurs axes stratégiques essentiels, notamment :
– Mutualisation des infrastructures numériques : Développement d’infrastructures communes, telles que des réseaux de fibre optique interconnectés entre pays voisins, afin de partager les coûts et d’améliorer l’accès à Internet haut débit.
– Harmonisation des cadres réglementaires : Adoption de politiques réglementaires cohérentes et harmonisées au niveau régional pour faciliter les investissements et éviter les duplications administratives et techniques coûteuses.
– Renforcement des partenariats public-privé (PPP) : Mise en place de partenariats renforcés entre les secteurs public et privé pour partager les risques financiers et opérationnels liés aux projets numériques transfrontaliers.
– Renforcement des capacités et des compétences numériques : Mise en œuvre de programmes de formation conjoints afin de développer les compétences essentielles à la gestion et à l’entretien des infrastructures numériques partagées, contribuant ainsi à leur durabilité et rentabilité.
-Stimulation des investissements privés : Création d’un environnement favorable aux investissements en simplifiant les procédures administratives et en offrant un cadre juridique attractif pour encourager les investissements privés dans le secteur numérique.
– Instauration d’une gouvernance inclusive et transparente : Création d’un cadre permanent de concertation et de dialogue intergouvernemental permettant l’échange d’informations, 2 l’identification des besoins communs et une gestion efficace des ressources partagées.
– Une collaboration au niveau institutionnel, aux niveaux de l’industrie, au niveau des organes de régulation afin de promouvoir une harmonie dans l’implémentation des stratégies.
Dans le cas du Cameroun, plusieurs initiatives, notamment le programme d’interconnexion transfrontalière, ont permis d’établir des connexions avec le Gabon, la République centrafricaine, le Tchad et le Congo, améliorant significativement l’accès au numérique et facilitant les échanges économiques régionaux. Par ailleurs, les récentes discussions à Bangui ont vu les États membres de la CEMAC convenir d’accélérer la mise en œuvre du roaming gratuit afin de réduire les coûts de communication pour les utilisateurs et renforcer davantage l’intégration régionale.
Sans l’adoption et la mise en œuvre concertées de politiques communes ambitieuses, ces initiatives risquent de n’avoir qu’un impact limité. Ainsi, une collaboration renforcée entre les pays africains demeure essentielle pour tirer pleinement parti des opportunités offertes par la transformation numérique, promouvoir l’inclusion numérique et stimuler durablement le développement économique et social sur tout le continent.
Au Cameroun, le Cameroon digital innovation center (CDIC) est au cœur de la stratégie de modernisation numérique du pays. Établi à Yaoundé en tant que centre d’excellence – un « cyberparc » – par le gouvernement, le CDI vise à stimuler l’écosystème numérique local et à accélérer la transformation numérique du Cameroun. Sa mission inclut la formation aux compétences numériques et le soutien aux jeunes entrepreneurs, en offrant un environnement propice à l’incubation de projets technologiques camerounais et en encourageant la croissance de l’écosystème numérique. Cette initiative s’aligne sur l’objectif du gouvernement d’équiper la jeunesse des outils et des connaissances essentiels pour réussir dans l’économie numérique et créer des solutions technologiques innovantes pour le développement national.
Parallèlement à la création du CDI, le gouvernement camerounais a considérablement renforcé ses efforts pour faciliter la transition numérique à l’échelle nationale. Des investissements majeurs ont été réalisés pour améliorer la connectivité et l’accès aux technologies. Par exemple, le réseau national de fibre optique, géré par l’opérateur public Camtel, s’est étendu à environ 18 000 km et devrait atteindre 25 000 km grâce à un partenariat stratégique, en phase avec les ambitions gouvernementales de modernisation des infrastructures numériques pour stimuler la transformation économique.
De plus, des incitations ont été mises en place pour favoriser l’économie numérique, notamment des avantages fiscaux prévus par la loi de finances 2021, qui accorde une exonération fiscale aux jeunes entreprises innovantes du secteur des TIC pendant leurs cinq premières années d’incubation. Ces efforts réglementaires et stratégiques créent un environnement plus favorable à la croissance des entreprises technologiques et à l’entrepreneuriat numérique.
En outre, le Cameroun s’appuie sur des partenariats avec des acteurs privés et internationaux pour soutenir sa transformation numérique. En 2023, le pays a lancé le Projet d’Accélération de la Transformation Numérique du Cameroun (PATNUC), financé par un prêt de 100 millions de dollars de la Banque mondiale, afin d’accroître l’inclusion numérique et de promouvoir des solutions technologiques innovantes, en particulier dans des secteurs clés tels que l’agriculture.
Ces collaborations renforcent l’écosystème technologique national en apportant des ressources financières, une expertise et des opportunités de marché aux startups numériques. Collectivement, ces initiatives visent à transformer durablement l’économie locale et à promouvoir une croissance inclusive. Le développement numérique est reconnu comme un moteur de croissance économique et de diversification, avec pour ambition d’augmenter la contribution du secteur numérique au PIB et de générer des milliers de nouveaux emplois pour les jeunes diplômés et entrepreneurs.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés pour améliorer la prestation des services par la numérisation et comment les partenaires au développement peuvent-ils soutenir ce processus ?
Le Cameroun a entrepris des efforts significatifs pour améliorer l’accès des citoyens aux services grâce à la numérisation. Des initiatives telles que les plateformes de gestion administrative numérique, l’adoption progressive des paiements électroniques et l’amélioration de la couverture Internet illustrent clairement l’engagement du pays en faveur de la transformation numérique. Selon les statistiques récentes, le taux de pénétration d’Internet est passé de 25 % à près de 50 % au cours des cinq dernières années, tandis que le nombre de services publics accessibles en ligne a doublé durant la même période.
Malgré ces avancées prometteuses, de nombreux défis complexes subsistent. La fracture numérique, notamment entre les zones rurales et urbaines où la répartition des infrastructures reste inégale, constitue un obstacle majeur, empêchant une partie importante de la population de bénéficier pleinement des services publics numérisés.
En outre, l’insuffisance des compétences numériques tant au sein de l’administration publique que parmi la population générale représente un frein majeur à l’adoption généralisée de solutions numériques efficaces et inclusives. La cybersécurité demeure également une préoccupation persistante face à l’augmentation de la numérisation des services. Pour relever efficacement ces défis, le soutien des partenaires au développement est essentiel.
Ils peuvent notamment appuyer la République par des investissements ciblés dans les infrastructures numériques, en particulier dans les zones rurales, renforcer les programmes de formation aux compétences numériques destinés aux fonctionnaires et à la population, ainsi que fournir une assistance technique et financière afin de renforcer les mesures de cybersécurité et d’accroître la confiance du public dans les services numérisés.