(Leconomie.info) – Nous vous proposons l’intégralité du discours prononcé par le ministre des Postes et Télécommunications lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier sur les solutions de connectivité complémentaires en Afrique Francophone.
C’est pour moi un réel honneur de prendre la parole ce jour, dans cette salle de conférences de l’Hôtel Mont Febe de Yaoundé, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de l’atelier sur les solutions de connectivité complémentaires en Afrique Francophone, sous le parrainage du Ministère des Postes et Télécommunications de la République du Cameroun.
Cet atelier, qui se tient les 15 et 16 mars 2023 est un cadre d’échanges et de partages d’expériences sur les problématiques liées à la connectivité, ainsi qu’à la réduction de la fracture numérique, véritables barrières à la transformation digitale de nos pays.
Organisé par l’UIT, l’APC et la GIZ, l’atelier sur les solutions de connectivite complémentaires en Afrique francophone vise entre autres à :
· Sensibiliser aux approches des réseaux communautaires, en tant que solutions de connectivité complémentaires, pour l’inclusion numérique dans les communautés mal desservies ;
· Accompagner les Etats, dans la mise en œuvre des politiques de réglementation en matière d’inclusion numérique.
Y prennent part, les Administrations Publiques compétentes, les Organisations Internationales, les Régulateurs du secteur, les opérateurs de communications électroniques et la société civile.
Je voudrais donc, en ce début de propos, au nom du Gouvernement camerounais, exprimer notre profonde gratitude à Monsieur le Représentant Résident de l’UIT pour l’Afrique Centrale et Madagascar, ainsi qu’à Monsieur le Directeur de GIZ, pour avoir associé les autorités camerounaises à cette importante initiative.
Nos remerciements vont également à l’endroit de toutes les organisations internationales, des personnalités ici présentes, des représentants des administrations et organisations compétentes, ainsi qu’à tous les participants.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs
La transformation numérique, nous le savons tous, ouvre de nombreuses perspectives d’aplanir les obstacles structurels, qui freinent le développement et le soutien, à l’appui d’une société plus inclusive et productive. A cet effet, elle peut aider à améliorer la gouvernance, à améliorer l’accès à des services publics essentiels, à élargir les modes de collaboration entre les individus, et à permettre à la population, de bénéficier d’un accès aux marchés mondiaux et d’une plus grande diversité de produits.
L’on observe toutefois des disparités au sein des pays, et entre les pays, en termes de progrès, d’accès au numérique et d’adoption de ces technologies, aussi bien en Afrique que dans certains pays, en Amérique latine et dans les Caraïbes par exemple.
Et même si l’économie numérique est en pleine expansion en Afrique, la diffusion plus massive des technologies reste le principal défi à relever, pour permettre au numérique de remédier à la crise de l’emploi et de générer une croissance inclusive.
Il est en effet important que les retombées de la transformation numérique sur tous les secteurs de l’économie, contribuent à augmenter le nombre de débouchés commerciaux, d’entreprises et d’emplois, afin d’offrir des perspectives d’emploi aux millions de jeunes diplômés, qui entrent sur le marché du travail chaque année.
Aussi, pour que les pays africains puissent combler les écarts en termes d’accès et de compétences, notamment pour les communautés rurales, les populations pauvres, les femmes et les autres groupes vulnérables, les pays d’Afrique subsaharienne devront-ils remédier à ces inégalités, de sorte que les avancées technologiques se traduisent par des gains de productivité, qu’elles permettent aux économies nationales de prendre part aux chaînes de valeur mondiales de façon plus marquée, et qu’elles amènent un plus grand nombre de communautés et de secteurs, à bénéficier des progrès et des avantages induits par la transformation numérique.
Ceci est d’autant plus impératif que, la pandémie de COVID-19, a révélé les disparités à travers le monde en matière de transformation numérique. Elle a été en même temps, l’élément déclencheur d’une plus vaste application des innovations numériques, à travers de nouvelles façons de faire des affaires et de fournir les services publics.
Cette situation, qui a démontré toute l’étendue de ce qui peut être accompli en un temps relativement bref, grâce au numérique, a également mis en évidence les risques liés au fait d’avancer sur cette voie, de façon inégalitaire, entrainant par conséquent l’amplification, plutôt que la résolution des problèmes existants.
Les perspectives et les défis de la transformation numérique transcendent par ailleurs les frontières. La coopération et la coordination au niveau international ainsi que de nouveaux partenariats, sont donc essentiels, pour en tirer le meilleur parti aux échelons local, national et international.
D’où l’importance de cet atelier dont les thématiques abordent ces problématiques sous une triple approche à savoir :
– Le développement et l’accès à l’infrastructure avec notamment : la connectivité sur le dernier kilomètre
– La mise en place d’une régulation efficace en matière d’inclusion numérique ;
– La sensibilisation aux approches des réseaux communautaires en tant que solutions de connectivité complémentaires pour l’inclusion numérique dans les communautés mal desservies.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs
Il convient de relever qu’avant la crise du COVID-19, la transformation numérique était déjà bien avancée en Afrique, avec plusieurs succès notoires et des écosystèmes dynamiques : à ce jour et selon Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), plus de 640 pôles technologiques sont actifs sur le continent, avec plusieurs villes africaines qui figurent parmi les 100 premières villes dans le monde pour leurs écosystèmes d’innovation technologique.
Malgré ce développement de l’économie numérique en Afrique et les promesses offertes par de nouveaux investissements destinés à améliorer la connectivité, l’accès au numérique, son adoption et son accessibilité financière varient énormément.
Le recours aux services en ligne demeure extrêmement inégal selon la situation professionnelle, la localisation, le genre et le niveau d’éducation.
Les services de données proposés sur le continent africain sont les plus onéreux dans le monde, et seulement 17 % de la population africaine a les moyens de s’offrir un gigaoctet de données (OCDE).
Aussi, choisir des solutions durables en établissant un équilibre entre viabilité et contraintes, mettre en œuvre des mesures pour élargir l’accès à un service de connectivité durable, sont-ils devenus les principaux défis des Etats en matière d’inclusion numérique.
En ce qui concerne spécifiquement le Cameroun, la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030, met l’accent sur la transformation structurelle de l’économie, avec notamment comme priorité, le développement intensif des secteurs de services à haute productivité.
A cet effet, dans le secteur du numérique, qui est un domaine de haute productivité, l’objectif est de réduire considérablement la fracture numérique, et de mettre en œuvre un système de gouvernance électronique. Il s’agit, plus précisément, à l’horizon 2029, d’augmenter le taux de pénétration d’Internet, l’indice d’accès numérique, le taux de transfert de données, et de réduire le niveau de la fracture numérique.
Dans cette optique, le principal défi du Gouvernement est d’accélérer la transformation numérique du Cameroun, en vue de l’atteinte des objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2030.
Les plus hautes autorités de la République ont fait de ces défis, de véritables chantiers, pour une transformation digitale réussie, de la société toute entière.
C’est ainsi que dans son livre Pour le libéralisme communautaire p. 71 le Président Paul BIYA disait :(je le cite) « Les Technologies de l’information et de la Communication doivent bénéficier d’une plus grande attention, au regard des succès remarquables qu’elles ont en Afrique » […] « Nous devons nous arrimer à cette évolution et transformer nos modes de production, par l’introduction et l’accroissement du contenu numérique dans les différents secteurs d’activité. Il en est ainsi du e-learning dans l’éducation, de la télémédecine dans la santé, de l’e-administration dans le secteur public, du e-commerce en matière de vente. Il s’agit pour nous d’opter pour cette « Nouvelle Économie » qui se traduit par une forte dématérialisation et qui exige des différents acteurs, une adaptation à des méthodes nouvelles d’offre et de demande des biens et des services, pour lesquels Internet et ses outils constituent un capital de base » (fin de citation).
Pour traduire en actes concrets cette Très Haute Vision, le pays a mis en place un plan stratégique pour le développement de l’économie numérique avec pour principal objectif de faire du Cameroun, un pays numérique.
Ce plan est ainsi articulé autour de trois grands piliers stratégiques qui sont : le développement de l’offre de services dans l’économie numérique, l’accroissement de la demande, le renforcement de la gouvernance et de la régulation, qui constituent aujourd’hui les axes majeurs de la transformation numérique du Cameroun.
Le pays a adopté durant la dernière décennie plusieurs programmes nationaux pour le développement du Digital. Ces programmes ont permis la création d’une dynamique importante dans le secteur, et se sont traduits par des réalisations concrètes, notamment le développement des infrastructures numériques et télécoms.
Le Gouvernement s’attèle au quotidien, à relever les défis inhérents à la transformation digitale du Cameroun, entre autres, par la création d’un environnement, et d’un écosystème propices au développement d’une économie numérique, capable de générer d’importants dividendes numériques pour l’économie nationale.
Il s’agit principalement de :
· La connexion équitable de toutes les régions aux TIC, en assurant la densification du réseau des télécommunications, après le maillage effectif de tous les Départements du Cameroun en fibre optique.
· L’introduction du numérique dans les grands secteurs pourvoyeurs d’emplois, subordonnée à l’existence d’une infrastructure d’accès et par le développement des contenus numériques.
· L’intégration des TIC dans l’ensemble du système éducatif.
· L’appropriation des TIC par les institutions publiques en vue d’améliorer la gouvernance.
· La mise en place d’une nouvelle vision de développement pour les Télécentres Communautaires Polyvalents, véritables guichets uniques de fourniture des services gouvernementaux, privés et sociaux à destination des citoyens vivants dans les zones rurales.
· La transformation numérique de la Poste, en vue de son arrimage aux exigences de l’économie numérique de l’amélioration de sa performance.
· La promotion de la confiance numérique.
En outre, inspiré par la vision présidentielle, le Gouvernement a obtenu l’appui de la Banque Mondiale, pour l’accélération de la transformation numérique au Cameroun. Il s’agit du Projet d’Accélération de la Transformation Numérique du Cameroun (PATNUC) qui vise le développement de l’offre de services numériques, l’accroissement de la demande ainsi que le renforcement de la gouvernance et de la régulation.
Le plan stratégique reconnaît par ailleurs le besoin urgent de réformes importantes dans le secteur numérique, comme condition préalable à un développement économique et social plus large, notamment dans l’axe stratégique visant à assurer l’amélioration de la gouvernance, et le soutien institutionnel.
Au-delà des aspects technologiques, infrastructurels et de l’amélioration des processus actuels, pour augmenter la productivité et la compétitivité, la transformation numérique de la société camerounaise est aussi une question de changement de paradigme dans la culture d’entreprise, la réinvention par l’innovation, la transformation des modèles économiques.
C’est dire que pour réussir la révolution en marche de façon durable, la société camerounaise doit concevoir des modèles/méthodologies de transformation adaptée à son écosystème, tout en s’appuyant entre autres sur des données d’intelligence économique, provenant des exemples à travers le monde.
L’atelier qui s’ouvre ce jour est d’autant plus important, qu’il va contribuer à mettre en place, les bases de l’accélération de la réduction de la fracture numérique, et par conséquent, à la mise en œuvre des nombreuses Très Hautes Interpellations du Président de la République, sur la nécessité d’accorder une attention particulière au développement du numérique ainsi que celle de ses Très Hautes Prescriptions, sur l’arrimage aux TIC, des évolutions de nos modes de production, pour plus de productivité.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs
La construction d’un accès équitable à la connectivité ; d’une régulation pour garantir un climat serein des activités et d’un réseau multipartite pour le développement des économies digitales des pays, constituent une préoccupation importante des politiques internationales en matière de digitalisation.
C’est fort de cela que l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), dans le cadre des initiatives du Bureau de développement des Télécommunications a élaboré et publié en 2020, un Guide des solutions pour la connectivité Internet sur le dernier kilomètre, afin d’assurer une connectivité durable dans les zones non connectées, ou encore, l’Association for Progressive Communications in Africa, sur les politiques de régulation, pour capaciter les opérateurs locaux, afin d’étendre l’écosystèmes des opérateurs de communications électroniques.
Les cadres politiques et réglementaires des télécommunications ont traditionnellement adopté une approche » unique ». La vision conventionnelle du défi de l’accès universel traite désormais l’économie comme une seule entité unique mais en réalité, les économies dans les zones rurales sont très différentes des économies urbaines. D’où l’importance d’une une vision alternative complémentaire, devant permettre de relever le défi de l’accès.
Je me réjouie donc de ce que, les principales thématiques qui seront discutées au cours de cet atelier consacreront des réelles avancées non seulement dans la réduction du fossé numérique entre les zones rurales et les zones urbaines, mais aussi et surtout dans l’inclusion numérique au Cameroun et dans les pays d’Afrique francophone.
Monsieur le Secrétaire Général du Ministère des Postes et Télécommunications
Monsieur le Représentant de l’UIT pour l’Afrique Centrale et Madagascar
Monsieur le Directeur des Postes et Télécommunications de la Communauté Economique des pays de l’Afrique Centrale ;
Madame la Coordinatrice régionale Afrique de l’Association for Progressive Communications in Africa
Madame la Représentante Résidente de l’UNICEF au Cameroun
Monsieur le Coordonnateur du PROMUD
Distingués invités en vos rangs, titres et grades respectifs
Chers participants, Mesdames et Messieurs
L’économie numérique suscite de grands espoirs pour nos pays et nos nombreux jeunes notamment en matière de création d’emplois et de croissance. Et les pouvoirs publics camerounais, dont l’engagement n’est plus à démontrer, ont fait de son développement un véritable défi.
Avec l’adoption de la SND 30, et en cohérence avec ses orientations, le nouvel objectif stratégique du secteur des Postes, Télécommunications et TIC est d’« assurer la transformation numérique du Cameroun », qui représente aujourd’hui une énorme potentialité de croissance et de développement.
L’action du Gouvernement a donc pour unique but, atteindre cet objectif, tel que prescrit par ailleurs le Chef de l’Etat, dans son discours à la Nation le 31 décembre 2018 :(Je le cite) « … il est indispensable que nous fassions davantage pour intégrer les progrès du numérique dans le fonctionnement de nos services publics et de notre économie. La société digitale qui s’annonce n’attendra pas les retardataires. » (fin de citation)
C’est donc pour moi l’occasion, de réitérer la profonde gratitude du Gouvernement camerounais, pour tous ceux qui ont fait le déplacement du Cameroun, afin de contribuer au développement de l’économie numérique en Afrique francophone, vecteur de compétitivité et facteur de développement.
La digitalisation durable des économies n’est pas une fiction. Elle est en mouvement, et les pays africains doivent y parvenir.
Notre vœu est que les différentes parties prenantes réunies ici, ce jour, tiennent compte des attentes stratégiques de nos pays dans leurs travaux, pour adopter ensemble les mesures idoines en vue du développement de l’économie numérique dans nos pays, et la mise en œuvre des stratégies pour une Transformation Numérique réussie.
Sur ce, je déclare ouverts, les travaux de l’Atelier sur les Solutions de Connectivité Complémentaire en Afrique Francophone.
Pour que
Vive la coopération dans le domaine de la transformation digitale en Afrique
Vive le Cameroun, et son illustre Chef, le Président Paul Biya
Je vous remercie de votre bienveillante attention. –