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Marché financier :Les fonds se font rares

(Leconomie.info) Les opérations effectuées ces derniers temps par des institutions et pays sont de plus en plus infructueuses. Les raisons.

Le marché financier de la Cemac n’attire pas beaucoup les investisseurs ces derniers temps. Ils montrent de moins en moins leur intérêt. Les opérations d’émissions de titres publics sont davantage couronnées par des objectifs non atteints. Ça coince ! Le tableau est peu reluisant, une chose est sûre, il y a problème.

Malgré des taux d’intérêt alléchants et des opérations à tranches multiples initiés par les emprunteurs, les investisseurs font montre de réticence. En effet, les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale font face à de nombreux défis qui pourraient justifier ces échecs. Entre autres évocations, le « risque inflationniste » en 2024. A côté, on relève un manque de liquidités sur le marché. Par exemple, la récente opération d’émissions des bons de la Banque centrale (BEAC), consistant à retirer 150 milliards FCFA sur le marché, s’est soldée par un échec faute de ressources.

S’exprimant à Cameroon Tribune du 23 avril 2024, Francis Bidjocka, expert en marché financier, impute le manque d’engouement des investisseurs à la conjoncture économique adossée sur la hausse du prix des carburants au Cameroun, ayant contribué à faire grimper l’inflation à plus de 7% l’année dernière. Dans ce contexte où les taux d’intérêt oscillent entre 6,5% et même 7,7%, l’investisseur ne gagnerait rien. Les simples épargnants ne sont pas en reste, ils affichent une certaine prudence compte tenu de cette inflation.

Autre défi, le transfert dans le portefeuille de la Caisse des dépôts et consignations (CDEC) depuis octobre 2023, des fonds en déshérence dans les compagnies d’assurance et autres banques. L’on se souvient encore de l’opération d’Allianz Cameroun, d’une valeur d’1,5 milliard FCFA, le 31 octobre dernier. Ce qui va désormais limiter les actions de ces institutions sur le marché financier. Celles-ci n’ayant plus de fonds à leur disposition. Un état des choses qui porte préjudice aux emprunteurs qui sollicitent le plus souvent ces fonds pour réaliser certains projets.

Embouteillages sur le marché…

La recherche des fonds sur le marché de la Cemac semble infructueuse pour les emprunteurs depuis le début de l’année 2024. Le mois dernier, le Gabon a sollicité un emprunt obligataire « EOG 2024 3 ans 6%-5 ans 6,5%-7 ans 7,5% » d’un montant de 150 milliards FCFA. Opération soldée par un échec. Pour sa première sortie, la BDEAC est allée sur le marché pour essayer de collecter 50 milliards FCFA, la sollicitation a également été stérile. Les deux opérations ont dû être prolongées, pour aider les emprunteurs à réunir les montants sollicités, sur une échéance plus longue.

Le Cameroun ne s’en sort pas mieux. Alors qu’il s’apprêtait à lancer un emprunt obligataire au cours de ce mois d’avril, le pays a préféré attendre. Pour cause, la saturation du marché avec les émissions du Gabon et de la BDEAC. Notons que le déploiement du Cameroun sur le marché financier de la Cemac connaît des difficultés depuis un certain temps.

L’année dernière, alors qu’il était initialement prévu une collecte de 200 milliards FCFA, le pays a dû réduire le montant à 150 milliards FCFA, car les 5 arrangeurs n’arrivaient pas à obtenir la prise ferme nécessaire pour cette opération. Toutes ces difficultés sont accentuées par le durcissement des conditions d’emprunt et de resserrement de la politique monétaire.

Faire des réformes pour inverser la tendance

Pour Georges Meka Abessolo, directeur exécutif Matha Capital, directeur Cabinet Risks Mitigation LLC, les échecs à répétition sur le marché sont dus à plusieurs facteurs. Dans le Cameroon Tribune, parution du 23 avril 2024, il indique que cela pourrait être dû à la baisse des rendements futurs des obligations souscrites antérieurement face à la pression inflationniste, la hausse du coût de crédit « qui rend le taux de rendement moins attractif en 2024 pour les investisseurs et la méfiance face au déficit budgétaires des Etats et les notations de crédit jugées spéculatives pour certains Etats ».

Pour inverser la tendance et avoir des fonds disponibles, des réformes sont nécessaires. Georges Meka Abessolo préconise l’introduction de la réglementation sur les sociétés de capital-risque, pour mieux financer les PME. Aussi, on devra mettre en place des partenariats gagnant-gagnant entre les banques, les Spécialistes en valeur de trésor (SVT) et les sociétés de téléphonie mobile. Par ailleurs il serait nécessaire, de mettre en place un mécanisme devant permettre à la diaspora de l’espace communautaire de participer aux souscriptions par les devises étrangères et enfin, la création d’un statut de banque digitale 100% en ligne.

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