Vous avez pris part au Colloque Financier International les 10 et 11 avril 2025 à Yaoundé. Quels ont été les principaux enseignements que vous avez retirés de cet événement ?
Le Colloque a permis de mettre en lumière les défis et les opportunités liés à la gestion de la dette souveraine dans la CEMAC. Nous avons particulièrement noté la nécessité pour les États de la CEMAC de s’approprier le mécanisme de structuration de la dette via le marché financier ; ceci dû à la forte concentration des remboursements de dette sur la période allant de 2025 à 2027. Il est apparu également que la confiance des investisseurs repose sur une plus grande transparence budgétaire et des mécanismes de gouvernance solides
Cette première édition était placée sous le thème « Dette souveraine des États membres de la CEMAC et opportunités de restructuration ». Selon vous, la dette souveraine des États de la CEMAC est-elle un sujet préoccupant pour les investisseurs ?
La dette souveraine des États de la CEMAC est un sujet majeur pour les investisseurs, car elle influence directement la stabilité macroéconomique et la perception du risque de la région. Une dette mal maîtrisée peut entraîner des tensions budgétaires et des incertitudes sur la capacité de remboursement des États, ce qui impacte la confiance des marchés. Toutefois, lorsqu’elle est bien gérée et qu’elle finance des projets structurants, elle peut devenir un levier de croissance attractif pour les investisseurs.
Qu’est-ce qui, selon vous, peut expliquer la dégradation de la situation financière des pays de la CEMAC et que proposez-vous pour remonter la courbe ?
Nous pensons que la dégradation récente n’est pas générale et qu’il faudrait faire une analyse pays par pays. Mais pour ceux affectés, plusieurs facteurs expliquent la détérioration des indicateurs macroéconomiques. Nous pouvons citer la faible diversification économique, la volatilité des recettes publiques et des déficits budgétaires récurrents.
Pour inverser la tendance, nous préconisons de soutenir les secteurs à haute valeur ajoutée comme l’agro-industrie et les technologies, d’améliorer la gouvernance et la transparence pour restaurer la confiance et de continuer à développer des mécanismes innovants de financement, notamment via les marchés obligataires régionaux. Sur le moyen terme, le FMI et la BEAC voit une amélioration de la situation financière.
Quelle est la stratégie d’investissement de Harvest Asset Management, et comment s’adapte-t-elle aux besoins des États membres de la CEMAC ?
Notre stratégie repose sur une approche prudente mais proactive, combinant analyse rigoureuse des risques et recherche de rendements. Nous avons une équipe de gestion composée de trois (03) personnes qui a pour rôle de maximiser la valeur des actifs de nos clients en prenant des décisions d’investissements. Celles-ci passent par des analyses permanentes de la situation macroéconomique des États de la CEMAC, une analyse de la situation inflationniste et de la politique monétaire. Nous nous basons fortement sur ces analyses pour mettre en place nos stratégies court, moyen et long terme et construire nos portefeuilles.
Quels sont les principaux critères que vous utilisez pour évaluer les opportunités d’investissement dans la sous-région ?
Notre stratégie est basée sur l’analyse fondamentale des émetteurs, particulièrement les Etats, sur lesquels nous investissons, la viabilité des projets financés, la qualité de la gouvernance. Nous prenons en compte également la capacité de remboursement de ces émetteurs souverains, ainsi que les politiques monétaires et budgétaires en place. L’objectif est d’identifier des opportunités d’investissement équilibrées entre rendement et maîtrise des risques.
Quel message pouvez-vous transmettre aux investisseurs et aux décideurs politiques sur la dette souveraine des États membres de la CEMAC et les opportunités de restructuration ?
Le message doit être clair : La dette souveraine est un sujet crucial et nous devons tous reconnaitre les défis dont par exemple l’impact sur les finances publiques. Il existe des opportunités de restructuration et une restructuration bien menée pourrait réduire la pression sur les finances publiques et permettre une réorientation des ressources vers des investissements prioritaires, comme les infrastructures et l’éducation. Je pense que le colloque Financier International permet de promouvoir un dialogue ouvert et constructif entre les gouvernements de la CEMAC, les investisseurs et les créanciers.
Pour conclure, avez-vous un dernier commentaire à faire sur le Colloque Financier International ?
Nous saluons cette initiative qui répond à un besoin pressant d’échanges et de concertation entre les acteurs économiques et financiers de la sous-région. Cette plateforme de dialogue sur le sujet précis de la dette souveraine est essentielle pour identifier des solutions adaptées aux défis de la CEMAC et renforcer la confiance des investisseurs. Nous espérons que cette première édition marquera le début d’une coopération renforcée entre les États, les institutions financières et les investisseurs pour une gestion plus efficace de la dette souveraine.