Maintenant qu’il est bien rentré dans nos mœurs et habitudes, le travail flexible et hybride n’est pas près de disparaître, bien au contraire ! C’est en substance ce que révèle le rapport 2021 de Microsoft sur les tendances au travail (WTI).
Le rapport démontre par ailleurs que ce mode de travail est de nature à fortement stimuler l’innovation. Pourquoi donc ? Tout simplement, parce que le travail à distance est hybride, il se joue des zones géographiques et permet d’embaucher une main d’œuvre encore plus diversifiée.
Le rapport WTI note que les possibilités offertes par le travail à distance se sont révélées beaucoup plus attrayantes pour les femmes, et notamment pour les demandeuses d’emploi de la génération Z (présentement âgées entre 18 et 25 ans) et pour les femmes non diplômées étant plus susceptibles de postuler pour des postes à distance sur LinkedIn.
Le travail à distance a même permis de gommer la diversité entre les sexes au sein du milieu professionnel. Les statistiques autour de l’égalité des sexes dans le monde du travail révélaient, jusqu’à présent, des disparités qui étaient profondément ancrées dans le monde entier. Les hommes s’accaparaient jusqu’ici la part du lion en termes d’employabilité et progressaient beaucoup plus vite que leurs homologues féminins en termes de promotions professionnelles.
Il est alarmant de constater que, si nous continuons à embaucher et à promouvoir massivement les hommes au détriment des femmes, comme nous le faisions jusqu’à présent, il faudra plus de 135 ans pour réussir à combler l’écart qui existe entre les sexes à travers le monde. C’est d’ailleurs ce qui avait été déduit dans son dernier rapport à l’issu du Forum économique mondial (WEF) 2021 sur l’écart international entre les sexes.
La pandémie a même contribué à creuser cet écart : et pour cause, il a été démontré, dans le cadre du WEF, que 5 % des femmes employées avaient perdu leur emploi durant la crise sanitaire, contre seulement 3,9 % des hommes employés. Les femmes demeurent également très peu représentées dans le secteur des « emplois du futur ». Ces emplois sont apparus parallèlement à la transformation numérique, qui s’était considérablement accélérée du fait de la pandémie, les entreprises étant contraintes de poursuivre leurs activités en ligne face à la fermeture massive des espaces physiques. En outre, il a été révélé, à l’issue du WEF, que seuls deux des huit emplois d’avenir respectaient réellement l’égalité entre les sexes. A titre d’exemple, il n’y a que 32,4 % de femmes embauchées dans les secteurs des données et dans celui de l’IA à travers le monde.
La parité hommes-femmes en matière d’emploi au Maroc
De toutes les régions étudiées dans le cadre du WEF, c’est au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) que l’écart révélé entre les sexes est le plus important. Les chercheurs estiment qu’il faudra 142 ans pour combler l’écart existant dans ces régions. Le Maroc, qui est l’un des 19 pays étudiés au niveau de la région MENA, présente l’un des écarts les plus importants entre les sexes sur le plan régional, se classant ainsi à la douzième place.
A l’échelle internationale, le Maroc n’est pas mieux loti puisqu’il se classe tout aussi loin en matière d’égalité des sexes dans le domaine de l’embauche et de la promotion des femmes, se plaçant ainsi à la 148e place sur 156 pays. Sur le nombre total de Marocains employés uniquement à temps partiel, 47 % est composé de femmes. Les entreprises du pays promeuvent les hommes plutôt que les femmes aux postes de direction : c’est hélas le cas pour près de 95 % d’entre elles. Il est clair qu’il reste encore beaucoup à faire pour combler ce fossé impressionnant qui subsiste entre les sexes dans le domaine de l’emploi au Maroc.
Le travail à distance permet de combler le fossé entre les sexes
La possibilité de travailler à distance a offert de nombreuses opportunités de carrière aux travailleurs du monde entier. Cette possibilité a permis de ne plus avoir à rester confiné à une zone géographique donnée. Comme cela fut noté par le rapport WTI, « ce changement permet d’élargir les opportunités économiques pour les individus, de même qu’il permet aux entreprises de se doter d’équipes performantes et diversifiées, tout en profitant de la présence d’une réserve de talents quasi illimitée ».
Le rapport a également révélé que le nombre de femmes postulant sur LinkedIn pour un travail à distance plutôt que pour des emplois basés localement, a augmenté de 6%. Cette tendance croissante démontre que les chefs d’entreprise commencent davantage à recruter des équipes plus diversifiées au sein desquelles les femmes sont équitablement représentées.
Pour ce qui est de la manière avec laquelle les employeurs soutiennent cette tendance favorable à une main-d’œuvre plus représentative, le rapport WTI a demandé à Karen Kimbrough, économiste en chef de LinkedIn, son avis d’experte. Celle-ci a répondu comme suit : « Les employeurs contribuent à soutenir cette tendance à partir du moment où ils commencent à rechercher activement des talents féminins, mais aussi en travaillant à éliminer les préjugés autour des descriptions de poste et en offrant davantage de flexibilité pour permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée ».
En attirant les bons talents, les entreprises s’alignent à défendre un mode de pensée favorable à l’innovation et qui est nécessaire pour l’avenir du travail. Il faut également retenir que ce sont les entreprises les plus diversifiées qui sont les plus rentables, comme l’indique une étude réalisée par McKinsey and Company publiée en 2020.
L’étude a permis de révéler que les entreprises dont les équipes de direction étaient composées de personnes de sexe différent avaient 25% plus de chances d’obtenir une rentabilité supérieure à la moyenne. Cela souligne l’importance non seulement d’embaucher des femmes, mais aussi d’encourager et de promouvoir leur leadership.
Il est incroyable de constater à quel point la technologie, qui est un excellent facilitateur du travail à distance et hybride, représente également un puissant outil qui permet de combler certains des fossés les plus profonds de la société. En tant que moteur d’amélioration économique et sociale, la technologie devrait être utilisée à bon escient afin de promouvoir le travail diversifié et flexible qui permettra aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices. Les entreprises prospères représentent le cœur battant des économies, mais ce sont les personnes qui y travaillent qui créent réellement la magie. Les entreprises seraient bien avisées de repenser la diversité de leur main-d’œuvre et ainsi libérer la voie vers un futur ou la diversité des genres est respectée.
Par Salima Amira, Directrice Générale de Microsoft Maroc