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Indice mondial de performance des ports à conteneurs : Des plateformes portuaires africaines contestent le classement de la Banque mondiale

(Leconomie.info) - Les récentes données contenues dans l’édition 2023 du « The Container Port Performance Index (CPPI) 2023 », publiée par la Banque mondiale en collaboration avec Standard & Poor’s Global Market Intelligence, font l’objet de nombreuses critiques dans plusieurs pays africains.

L’institution financière internationale, dans son dernier rapport sur l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023 évalue les performances des ports sur la base du temps d’escale des navires à quai, notamment la durée écoulée entre l’arrivée en rade et le départ du poste d’amarrage après déchargement ou chargement. Dans ce classement, les plateformes portuaires africaines occupent des rangs bas ou moyens des plus performantes au monde.

À l’exception des ports de Tanger Med (Maroc) et de Port-Saïd (en Égypte) qui se sont illustrés en figurant dans le Top 100 mondial, la majorité des pays africains ont vu leur note se dégrader.  Les deux ports camerounais de Douala et Kribi en l’occurrence sont classés derrière le port d’Owendo (Gabon), sur les cinq ports évalués en zone Cemac.

Les autorités portuaires camerounaises dénoncent

Les responsables des ports de Douala et de Kribi, deux des principaux ports camerounais, ont rejeté ce classement, soulignant plusieurs aspects qu’ils jugent injustes ou biaisés. Ces autorités émettent des réserves notamment sur les méthodes de collecte de données utilisées pour établir le classement, les critères de performance appliqués, et la perception d’une partialité favorisant certains ports au détriment d’autres.

La Régie du terminal à conteneurs (RTC) du Port autonome de Douala, par exemple, soutient que les indicateurs pris en compte dans le CPPI 2023 ne reflètent pas fidèlement la réalité opérationnelle du port. Dieudonné Lin Onana Doh met en avant, les efforts continus pour moderniser les infrastructures et améliorer l’efficacité des opérations portuaires.

Selon lui, la banque mondiale a procédé d’une façon unilatérale, sans les informer, encore moins les impliquer dans le processus d’évaluation. « Je crois que quand vous faites un examen, l’enseignant donne l’épreuve aux élèves, puis les récupère pour les corriger. Dans le cadre du port de Douala, il ne me souvient pas avoir été interrogé, ou reçu une demande d’information de la part de la Banque mondiale. Je ne sais pas trop qui leur a donné les informations par rapport aux critères qu’ils utilisent. En tout cas, ce n’est pas nous. Et du coup, cela nous pose un problème », indique Dieudonné Lin Onana Doh dans une interview accordée à Afrique Média.

De son côté, Michaël Mama, directeur d’exploitation au Port autonome de Kribi (PAK) souligne que le classement « est imparfait parce qu’il prend essentiellement en considération un aspect, qui est la durée des séjours à quai ».

Ces critiques mettent en lumière des préoccupations quant à la transparence et à l’équité des critères utilisés la Banque mondiale. Les autorités portuaires de Douala et de Kribi appellent également à une plus grande collaboration entre les ports africains et les organismes internationaux pour développer des méthodologies de classement plus adaptées.

Le gouvernement Djiboutien n’en revient pas…

Après avoir découvert la dégringolade du port du pays dans le classement du « Container Port Performance Index 2023 », que vient de publier la Banque mondiale en partenariat avec la société Standard and Poor’s (S&P), Djibouti s’en est pris violemment à l’institution.

En effet, le classement indique que le Port à conteneurs de Djibouti serait passé de la 26e position mondiale en 2022 à la 379e en 2023. Cette chute de plus de 350 places en un an, est mal perçu par les autorités du pays. Dans un communiqué, le gouvernement dit « rejeter avec force ce rapport aux conclusions absurdes, qui porte un tort totalement injustifié́ au pays et à ses installations ».

« Pour des raisons tout aussi énigmatiques, le port de Djibouti, considèré comme le meilleur port d’Afrique subsaharienne pendant trois ans d’affilée par le même rapport, n’apparait plus dans cette région et a été́ reclassé dans la région West, central and South Asia qui couvre une zone allant de l’Arabie Saoudite au Bangladesh », soutient le gouvernement djiboutien.

Les ports africains dans le classement

Pour la région Afrique, certains ports ont significativement amélioré leur position alors que d’autres ont dégringolé. Tanger Med conserve sa 4e place mondiale, mais Port-Saïd perd 5 places et se retrouve en 16e position après avoir été 10e en 2022. Le port de Djibouti chute de la 26e à la 379e position, alors que Casablanca (Maroc) et Damiette (Égypte) qui occupaient respectivement les rangs de 159e et 173e mondiaux se retrouvent presque dans les dernières marches du podium, notamment aux 332e et 387e places.

Parmi les derniers de la liste figurent aussi les ports de Beira (340e, Mozambique), de Monrovia (344e Liberia), d’Alger (346e, Algérie), d’Abidjan (353e, Côte d’Ivoire), d’Owendo (357e, Gabon), de Nouakchott (358e Mauritanie), de Nacala (363e Mozambique), de Dar es-Salaam (367e, Tanzanie), de Port-Louis (369e, Maurice), de Douala (370e Cameroun), de Tema (376e, Ghana), de Walvis Bay (380e, Namibie), de Dakar (381e, Sénégal), de Matadi (386e, RDC), de Port Soudan (388e, Soudan), de Port Elizabeth (391e, Afrique du Sud), de Pointe-Noire (394e, République du Congo), de Durban (398e, Afrique du Sud), de Cotonou (402e, Bénin), de Ngqura (404e, Afrique du Sud) et de Cape Town (405e, Afrique du Sud).

Le port de Mogadiscio (Somalie) est par ailleurs la grosse surprise en se positionnant au 4e rang continental et à la 166e place mondiale. Conakry (197e, Guinée), Freetown (226e, Sierra Leone), Agadir (288e, Maroc), Onne (305e, Nigeria), Lagos (309e, Nigeria) et Lomé (318e, Togo) tiennent des places relativement honorables.

D’après le rapport, des améliorations significatives ont été apportées dans plusieurs ports, notamment d’Afrique subsaharienne, pour réduire le temps d’escale, mais les avancées observées ont été annihilés par les contre-performances des ports sud-africains, ce qui aussi en partie impacté l’augmentation de cette performance globale à l’échelle mondiale.

« Les performances se sont améliorées en Afrique (subsaharienne), avec une amélioration moyenne de 2 heures du temps d’arrivée sur toutes les tailles de navires. Les améliorations et réductions globales des heures moyennes d’arrivée dans les ports africains ont été tirées par Dar Es-Salaam, Monrovia, Douala, Pointe-Noire, Tema, Luanda, Lomé, Lagos, Port Victoria, Dakar et Ngqura », lit-on.

L’impact du classement de la Banque mondiale sur les ports

Le classement CPPI 2023 a des implications significatives pour les ports africains et leurs économies. Les résultats du classement peuvent influencer directement les décisions d’investissement étranger, la compétitivité régionale et le commerce international. Un bon positionnement dans le classement peut attirer des investisseurs étrangers, tandis qu’une position défavorable pourrait décourager les investissements et affecter la croissance économique des pays concernés.

En termes de compétitivité régionale, un port bien classé peut devenir un hub logistique essentiel, facilitant non seulement le commerce international mais aussi le commerce intra-africain. Cela peut stimuler la croissance économique locale en créant des emplois et en augmentant les revenus fiscaux. Par contre, les ports mal classés risquent de perdre des parts de marché au profit de concurrents mieux classés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent.

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