Les consultations préalables pour les appels d’offres des projets PCDN et PRBN, destinés à moderniser le corridor ferroviaire Douala-Ngaoundéré ont été lancées à Douala le 23 septembre 2025 au cours d’une cérémonie officielle présidée par Claude Misse Ntone, directeur des transports ferroviaires au ministère des transports, représentant le ministre empêché.

Ces opérations permettent aux entreprises de poser des questions et de proposer des ajustements aux cahiers des charges avant le lancement imminent des appels d’offres. Le calendrier des activités autour de la modernisation de ce corridor est clair : les appels d’offres internationaux sont prévus au premier trimestre 2026 et le démarrage des travaux dès 2027. Les travaux seront achevés en 2030 (pour le tronçon Douala-Yaoundé) et 2031 (pour le tronçon Belabo-Ngaoundéré.

Les appels d’offres, apprend-on, sont participatifs et ouverts tant aux entreprises internationales que nationales. Jacques Fansi, directeur du projet PQ2 à Camrail, a d’ailleurs encouragé « les entreprises camerounaises à former des groupements pour des travaux comme le terrassement ou la construction de salles de classe et de forages. Les PME locales gagneraient même en s’associant aux géants étrangers », recommande-t-il.

Le corridor Douala-Ngaoundéré, reliant Douala à Ngaoundéré via Yaoundé et Bélabo, constitue l’épine dorsale du commerce régional, acheminant l’essentiel du fret vers le Tchad et la République centrafricaine, représentant 35 % du PIB combiné de ces deux pays. Mais ses rails centenaires, ses vitesses limitées à 45 km/h pour le fret et sa capacité saturée à 11 trains par jour freinent les ambitions du Cameroun comme hub logistique de la CEMAC. L’exploitation imminente de la bauxite de Minim-Martap, dans l’Adamaoua, impose une modernisation urgente pour transporter des volumes massifs vers le port de Douala.

Deux projets phares portent la transformation

Le Projet régional pour l’amélioration de la performance du corridor rail/route Douala-N’Djamena (PCDN), financé à 232,1 millions d’euros par la Banque mondiale, vise à renouveler les 238 kilomètres entre Douala et Yaoundé. Les rails de 35 kg seront remplacés par des rails de 54 kg, les traverses bois ou métal par du béton bi-bloc, tandis que les viaducs, tunnels et ponts seront réhabilités, a fait savoir Claude Misse Ntone. Il ajoute que la signalisation sera également modernisée avec une gestion centralisée et des passages à niveau automatisés. Ce qui permettra de porter la charge à l’essieu de 17 à 20 tonnes, la vitesse du fret à 70 km/h et celle des voyageurs à 90 km/h, augmentant la capacité à 16 trains par jour.

Le Projet de renouvellement de la ligne Bélabo-Ngaoundéré (PRBN) quant à lui, a été financé à hauteur de 255 millions d’euros conjointement par l’Agence française de développement (126 millions), la Banque européenne d’investissement (106 millions) et l’Union européenne (23 millions), couvrant 330 kilomètres de voies ferrées. Il inclut une nouvelle gare à Tête d’Éléphant, la réhabilitation de ponts, la stabilisation de talus et un drainage renforcé, avec des objectifs similaires en termes de vitesse, capacité et fiabilité, apprend-on.

Ces chantiers ne se limitent pas seulement à poser des rails. Ils s’inscrivent dans la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 et visent à réduire les coûts logistiques tout en stimulant l’économie tant sur le plan infrastructurel que social. Pour ce dernier point, l’agenda d’exécution des projets prévoit la construction de 16 forages d’eau potable, des lampadaires solaires, la modernisation d’écoles et de centres de santé, ainsi que des microprojets agricoles et d’élevage pour environ 500 000 riverains.

Des campagnes contre le paludisme et pour la sécurité ferroviaire compléteront cet engagement social. A propos, Jean-Philippe Garçon, représentant de la Banque Mondiale à cet événement, a souligné « c’est un investissement dans les gens, pas seulement dans le fer ».

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