C’est un nouveau rebondissement dans l’opération de vente de Société Générale Cameroun. Le gouvernement camerounais, conformément à l’article 10.2 des Statuts de Société Générale Cameroun, souhaite « user de son droit de préemption ».
Dans une correspondance datée du 16 janvier 2025, adressée au président du Conseil d’administration de cette banque, l’Etat du Cameroun, via le ministre des Finances (Minfi), dit avoir effectué, par le biais de son conseil, le Groupement Grant Thornton, une mission de valorisation de l’établissement bancaire. « Les résultats des missions, menées par le Groupement, aboutissent à une valorisation différente de celle que vous évoquez dans votre courrier », peut-on lire.
Le montant de la revalorisation proposé par Yaoundé, en diminution de 42 milliards de FCFA par rapport au montant initial proposé par la banque (168 milliards de FCFA), pourrait être revue en plus ou en moins, à la date de la réalisation de la cession.
Dans sa correspondance, le Minfi indique que la méthode d’évaluation retenue pour la valorisation de Société Générale Cameroun repose sur le modèle d’actualisation des dividendes Discounted Dividend Model (DDM), qui stipule que les actions valent la somme de tous les futurs versements de dividendes, ramenée à la valeur actuelle. « Pour aboutir à une valorisation qui soit la plus juste possible, des ajustements ont été effectués sur la base des Due Diligences financières réalisées par nos Conseils », explique Louis Paul Motazé.
Ajustements sur les fonds propres de la banque
Prenant appui sur les conclusions de l’audit mené par le cabinet Grant Thornton, le gouvernement indique qu’à la suite de plusieurs ajustements apportés aux fonds propres de la banque, ces derniers, au 31 décembre 2023, passent de 142,9 milliards de FCFA à 135,3 milliards de FCFA, soit une baisse de 7,6 milliards de FCFA.
Dans le prolongement de son argumentaire, le Minfi révèle que des différents travaux réalisés, l’actualisation des DDM au 31 décembre 2023 fait ressortir une valorisation d’entreprise à hauteur de 211,1 milliards de FCFA, pour 100 % des actions de Société Générale Cameroun.
Cependant, précise Louis Paul Motazé dans sa lettre, le prix de base proposé par l’Etat du Cameroun pour la reprise de la totalité de la participation de Société Générale dans Société Générale Cameroun est égal au produit du montant de la valorisation, (211,1 milliards de FCFA) multiplié par 58,08% le pourcentage de participation détenu par Société Générale dans Société Générale Cameroun. Ce qui donne un montant de 122,6 milliards de FCFA. En deçà du prix initial proposé par le siège parisien de SG (168 milliards de FCFA).
« Le prix de base sera réajusté, à la hausse ou à la baisse, de la dette nette à la date de réalisation de l’opération et d’un montant égal à la différence entre: (i) la valeur nette ajustée des actifs de la Société, telle qu’elle ressortira des comptes de la Société à la date de réalisation de la cession établis en application des principes convenus entre Cessionnaire et Cédant; et (ii) la valeur nette ajustée des actifs de la société telle qu’elle ressort des comptes de la société relatifs à l’exercice clos au 31 décembre 2023 », écrit le Minfi.
L’offre Coris Bank écartée ?
Comme nous l’annoncions dans nos précédentes publications, le groupe bancaire d’Idrissa Nassa est en pole position pour l’acquisition des parts de Société Générale dans sa filiale camerounaise, comme cela a été le cas au Tchad. Par l’intermédiaire de ses conseils Patrick Larrivé, Associé-gérant du bureau d’ASAFO & CO et Alioune Ndiaye Directeur général d’Orange MEA, Coris Bank a trouvé un arrangement avec le siège parisien de la banque pour 104,9 milliards de FCFA.
La sortie du gouvernement, qui se positionne comme acquéreur principal, devrait permettre à ce dernier d’étudier l’hypothèse d’un rachat par la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) ou toute autres entités publiques. Ce qui met en arrêt, le dossier Coris.