La Chambre des Comptes de la Cour suprême a publié le 13 mars 2025, les conclusions de l’examen de la gestion du « Programme 422 accès à l’énergie », piloté par le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee), pour les exercices budgétaires 2017 à 2021. Selon le document consulté par L’Economie, la conduite de ce programme sur la période indiquée, a laissé entrevoir « quelques faiblesses », principalement le manque de « cohérence ou de synergie entre les différents acteurs intervenant dans la chaîne d’exécution des projets d’électrification ».
Absence de coordination
Au plan interne, indique la Chambre des Comptes, « certains services déconcentrés ne sont toujours pas au fait des activités menées par les services centraux dans les localités situées géographiquement sur leurs sites ». Concrètement, le contrôleur de la gouvernance financière au Cameroun évoque des projets « 184 et 166 localités par systèmes solaires photovoltaïques au Cameroun » où certains Délégués Régionaux « n’avaient aucune information sur les lieux qui abritaient les installations réalisées dans le cadre de ce projet ».
Au plan externe, des projets ont été mis en œuvre par plusieurs entités et institutions sans une véritable coordination avec le Minee, tutelle technique compétente. « On a assisté à la mise en route de plusieurs projets de même nature, conduits par des entités différentes, dans les mêmes localités avec pour conséquence, une dispersion des ressources. Cette situation est révélatrice d’un manque de cohérence dans la mise en œuvre de la politique sectorielle et in fine d’un manque d’efficacité dans les interventions », peut-on lire.
S’agissant de dotations budgétaires, l’on apprend dans le rapport que le « programme 422 » a consommé 171,2 milliards FCFA de crédits en 5 exercices, soit une moyenne de 34,2 milliards FCFA par an, ce qui représente 17,9% des dépenses du MINEE. Cependant, « aucun crédit n’a financé l’action 3 (développement de l’accès aux produits pétroliers et du gaz), qui a été en réalité prise en charge de façon massive par d’autres organismes, notamment la CSPH ».
Des dysfonctionnements en zones rurales
La Chambre des Compte note que malgré la progression observée au niveau du taux d’accès à l’électrification qui est passé de 64,3% en 2018 à 71% en 2021, l’objectif de 99% à l’horizon 2035 fixé par le Plan Directeur d’Electrification Rurale (PDER) en zone rurale sera « difficile à atteindre sans un effort supplémentaire ».
« Alors que la population restant à connecter habite dans les zones les moins densément peuplées du pays, la Chambre a constaté des dysfonctionnements en zone rurale, dans les opérations de branchement. Il s’agit en particulier, des refus de branchements dès lors qu’ils nécessitent une extension de réseau au-delà de 100 mètres, ainsi que l’absence d’installation d’équipements de branchement pourtant facturés et payés par les clients. Ces dysfonctionnements risquent de peser sur l’évolution à venir du taux de raccordement au réseau électrique s’ils ne sont pas corrigés », peut-on lire dans le rapport.
En gros, la Chambre relève que les rapports de performance du programme 422 sur la période 2017-2021 « ne sont ni pertinents, ni fiables et qu’ils comportent des insuffisances et des incohérences majeures ». Quant aux taux de réalisation technique, « ils apparaissent soit insuffisants au regard des crédits consommés, soit non renseignés, ce qui souligne à nouveau la faible pertinence des indicateurs de performance », peut-on lire.
« Les résultats restent cependant mitigés, dans la mesure où les effets de ces actions entreprises, bien qu’effectives, ne sont pas toujours ressenties par les populations cibles. Un ensemble de pesanteurs limitent en effet l’impact de cette politique volontariste : une mauvaise définition des indicateurs qui permettent de mesurer les résultats, une faible coordination des actions des acteurs qui interviennent dans la mise en œuvre des projets, une budgétisation insuffisante, des moyens logistiques et matériels insuffisants, et une faible maintenance des immobilisations acquis dans le cadre des projets », constate la Chambre des comptes.