La classification 2026 de la Banque mondiale, basée sur le revenu national brut (RNB) par habitant de 2024, met en lumière un progrès majeur en Afrique subsaharienne : la proportion de pays à faible revenu a chuté de 75 % en 1987 à 45 % en 2024. Cette dynamique reflète une croissance soutenue, une intégration mondiale accrue et, en 2026, une baisse des seuils de classification due à l’appréciation du dollar américain, ajustée via le déflateur des droits de tirage spéciaux. Cette réduction des seuils facilite le passage à des catégories de revenu supérieures, mais expose les économies exportatrices aux fluctuations des taux de change. Le Cap-Vert illustre ce dynamisme.
Avec une croissance de 7,3 % en 2024, dopée par le tourisme (+16,5 %) et une révision démographique à la baisse (-12,8 %), son RNB par habitant a bondi de 16,8 %, lui permettant d’accéder à la tranche intermédiaire supérieure. Pour la Cemac (Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Guinée équatoriale, Gabon, République du Congo), ce modèle suggère des opportunités dans le tourisme, comme les sites naturels du Gabon ou les plages du Cameroun. Les investisseurs peuvent cibler les infrastructures durables, tout en surveillant les risques climatiques, un enjeu clé pour la région.
À l’inverse, la Namibie met en garde contre les fragilités des économies subsahariennes. Une contraction du secteur minier (-1,2 % en 2024, contre +19,3 % en 2023) et une révision démographique à la hausse (+13,8 %) ont réduit son RNB par habitant de 12,9 %, le reléguant dans la tranche intermédiaire inférieure. Ce recul résonne avec la Cemac, où la Guinée équatoriale et le Gabon dépendent du pétrole. La baisse des seuils, bien que avantageuse, accentue la vulnérabilité aux chocs des matières premières et aux variations des taux de change. Diversifier vers l’agro-industrie ou les énergies renouvelables et fiabiliser les données démographiques sont des priorités.
Stratégies pour la Cemac
La baisse des seuils de revenu en 2026 offre à la Cemac une chance de progresser dans la classification, à condition d’adopter des réformes. L’Asie du Sud, où aucun pays n’est plus à faible revenu en 2024, montre l’efficacité de l’intégration régionale. Renforcer les corridors commerciaux, comme entre le Cameroun et le Tchad, et investir dans des secteurs non pétroliers, comme l’agriculture, peuvent stimuler la croissance.
Les investisseurs, attirés par des seuils plus accessibles, doivent évaluer les risques politiques et climatiques. La classification des revenus par habitant de la Banque mondiale est une opportunité pour la CEMAC. En s’inspirant du Cap-Vert et en évitant les pièges namibiens, la région peut bâtir une économie plus résiliente.