Dans un communiqué publié le 2 août 2024 porté à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), compagnie pétrolière publique camerounaise, renseigne que les dirigeants et employés de la société Glencore, auteurs des actes de corruption commis au détriment de la SNH, « ont été identifiés, et comparaîtront devant le Tribunal de Westminster & Londres, le 10 septembre 2024 ».
L’Administrateur-Directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, ne donne pas cependant des détails sur qui la plainte est dirigée, et de même que les allégations retenues, mais se réjouit des « avancées significatives dans la recherche de la vérité dans cette scabreuse affaire ».
« La SNH, qui a introduit une plainte devant le Tribunal Criminel Spécial (TCS) le 06 novembre 2023, pour identifier les complices Camerounais de ces actes de corruption, est confiante que l’issue de la procédure à Londres permettra l’accélération des enquêtes au niveau du TCS », peut-on lire dans le communiqué.
La direction des affaires juridiques de la SNH lance les hostilités
Alors que l’affaire s’ouvre Tribunal de Westminster en Angleterre dès le 10 septembre 2024, l’on apprend que la direction des affaires juridiques de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), pilotée par Nathalie Moudiki a déjà saisi le Tribunal Criminel Spécial (TCS), une institution établie depuis 2011 pour combattre la criminalité économique.
Dans sa démarche décisive, Nathalie Moudiki démontre qu’elle est prête à aller jusqu’au bout pour mettre les coupables devant leurs responsabilités. L’objectif ici étant rectifier les torts causés dans le secteur pétrolier, restaurer la confiance du public, et maintenir l’intégrité et la transparence dans ses opérations.
En substance, les actions de la Société Nationale des Hydrocarbures, via sa direction juridique dans l’affaire Glencore représentent un pas en avant dans la lutte contre la corruption au Cameroun. Elles témoignent de l’engagement de la SNH à garantir la transparence et l’intégrité dans le secteur pétrolier, des éléments capitaux pour le développement économique du pays.
Au commencement
Tout commence en mai 2022, lors que le trader anglo-suisse avait admis devant la justice américaine et britannique avoir versé des pots-de-vin aux responsables des principales entreprises pétrolières du Cameroun pour obtenir des contrats. A cette date, Adolphe Moudiki, annonçait avoir saisi les autorités américaines et anglaises, en vue de fournir les éléments qui permettraient d’établir la véracité de ces « allégations ».
En juillet 2023, l’ADG de la SNH demandait au chef de l’Etat Paul Biya l’ouverture d’une enquête judiciaire. Sauf que depuis le déclenchement de ce scandale de corruption de Glencore, qualifié comme l’un des plus importants du siècle, le Conseil d’administration de la SNH ne s’est officiellement pas encore penché dessus.
Selon Me Akere Muna, avocat au barreau du Cameroun, la SNH devrait suspendre toutes les transactions avec Glencore en raison « de leur corruption avouée et les contraindre à révéler leurs complices camerounais ». « Les coupables se trouvent au Cameroun, les transactions à l’origine de la corruption ont eu lieu au Cameroun et pourtant ils s’attendent à ce que nous croyions que la solution viendra de Londres. Il est clair qu’une action doit être entreprise localement. Si les poissons ne peuvent se briser, le peuple le fera », écrit-il en réaction au communiqué d’Adolphe Moudiki.
Pour finir, le vice-Président de Transparency International soutient que la SNH doit « expliquer pourquoi notre pétrole brut a été vendu avec une remise de 30 % en dessous du prix du marché ».