À l’aube d’une ère post-COP30, marquée par l’engagement mondial de tripler les financements pour l’adaptation climatique d’ici 2035, l’Afrique centrale esquisse une stratégie audacieuse. Lors du forum organisé par la FAO, les intervenants ont dressé un bilan alarmant des impacts climatiques tout en proposant des pistes pour une « économie bleue » intégrée. L’objectif est clair : faire rimer résilience environnementale avec croissance inclusive et attractivité pour les investisseurs.
Réunissant maires, cadres ministériels et experts de sept pays (Gabon, Cameroun, Congo, Sao Tomé-et-Principe, Guinée Équatoriale, RDC et Burundi), l’événement s’est tenu dans un contexte d’urgence. Les côtes africaines subissent un recul pouvant atteindre 50 mètres par an à certains endroits, menaçant directement les infrastructures vitales et les ressources naturelles.
Oumar Ndiaye, représentant de la FAO pour l’Afrique centrale, a rappelé l’immense potentiel de cet espace : avec près de 3 600 kilomètres de littoral et plus de 1,2 million de km² de zones économiques exclusives, cet écosystème riche en mangroves et récifs coralliens est le pilier de la sécurité alimentaire, de l’emploi et de secteurs clés comme le transport maritime, la pêche, le tourisme et l’énergie.
L’alerte des experts : un impact direct sur le PIB
Selon les données de climatepromise.undp.org, l’inaction face aux inondations et à l’érosion pourrait entraîner une perte de PIB allant jusqu’à 3,6 % par an d’ici 2050. Joseph Armathé Amougou, Directeur Général de l’ONACC au Cameroun, a illustré cette vulnérabilité en soulignant que plus de 85 % de l’industrie camerounaise est concentrée sur le littoral. La montée des eaux devient ainsi une menace directe pour l’économie nationale.
Le Dr Paul Tchawa, Secrétaire général au ministère de l’Environnement du Cameroun, a complété cette analyse en décrivant des milieux « très sensibles, convoités et fragiles ». Il a notamment évoqué les défis concrets tels que le déplacement des infrastructures routières vers l’intérieur des terres et les tensions croissantes entre la pêche artisanale et le tourisme.
Face au déficit de ressources locales, le Dr Tchawa préconise une offensive vers les guichets internationaux tels que le Fonds Vert, le Fonds d’adaptation ou le Global Environment Facility (FEM). Selon l’universitaire, la clé réside dans la qualité des projets : « Il y a beaucoup d’argent à prendre, mais ça ne se donne pas. Plus les projets sont montés de façon transfrontalière, plus les payeurs sont intéressés ».
En intégrant la pêche durable, l’écotourisme et les énergies vertes dans des projets communs, l’Afrique centrale pourrait non seulement limiter des pertes chiffrées en milliards, mais aussi capter une part des 1 300 milliards de dollars de financements climatiques visés à l’horizon 2035.


